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Voici l'histoire de Daniel Belkacem Brükner-Ouldgoreïne !
Publié dans Le Buteur le 14 - 10 - 2011

«Je rêve de voir le 00213 s'afficher en appel pour qu'on me donne ma chance de porter le maillot vert».
La vie de Daniel Brükner Ouldgoreine ressemble un peu à celle de tous les enfants binationaux, mais avec des variantes notoires qui retracent de manière émouvante celle de l'émigration des Algériens dans les années 1970. Ce n'est certes pas lui, le natif de Rostock en ex-Allemagne de l'Est, qui est visé dans l'histoire, mais son père, Harrag Ouldgoreïne. Car, à lire le nom de Daniel Brükner, l'on ne peut empêcher le réflexe «protectionniste» de notre identité algérienne de réagir en portant un jugement hâtif et bien évidemment négatif sur cet émigré qui n'a pas été capable de transmettre son patronyme à son rejeton. La fibre nationaliste de chacun de nous se met alors à frétiller comme les ailes d'un bourdon excité, sans doute pour rejeter la défaite de cet émigré qui, de visu, s'est totalement désintégré…
«Mon ex-femme et mes enfants ont vécu un an en Algérie, puis… »
Mais détrompez-vous ! Les apparences sont parfois trompeuses et c'est peu dire, lorsqu'on aura réuni toutes les pièces du «puzzle» Brükner. L'histoire familiale, c'est Harrag Ouldgoreïne qui sait le mieux la raconter, car il s'agit tout simplement de sa vie. Ecoutons-le. «Tout est parti du jour où l'Etat algérien nous a choisis avec quelques autres compatriotes pour aller en formation en ex-RDA. C'était l'époque du rêve du socialisme et la jeunesse faisant, je n'ai pas hésité à faire ma valise pour l'aventure. Une fois la formation terminée, j'ai décidé de rester en Allemagne, comme bon nombre d'Algériens. C'est là que j'ai rencontré mon ex-femme, une Allemande répondant au nom de Brükner. Nous avons eu deux enfants, Daniel et sa sœur. Lorsque les enfants ont commencé à grandir (Daniel avait alors 5 ans), nous avons décidé d'aller vivre en Algérie. Nous y sommes restés une année. Ma femme et mes enfants étaient très heureux de vivre là-bas. Mais avec le temps, on a vu que ça devenait de plus en plus dur. On a donc pris la décision de retourner en Allemagne. Mais aujourd'hui, je me dis que j'aurais dû rester en Algérie et affronter les difficultés du bled comme je le fais avec mes autres enfants issus de mon second mariage avec une Algérienne. Ils sont nés en Allemagne et je les ai tous rapatriés à Mostaganem, plus précisément à Mezagrane, pour ne pas vivre la même histoire», regrette encore Harrag, l'air désolé, entre deux bouffées de cigarette.
«Voilà pourquoi mon fils s'appelle Brükner»
Il faut dire que la suite de l'histoire n'est pas facile à raconter. Malgré cela, Harrag tente de laisser échapper ce qui est décryptable. «Quelque temps plus tard, alors que les enfants étaient encore tous jeunes, le destin a voulu qu'on se sépare ma femme et moi. Ce divorce a bouleversé la vie des petits. Ils ont très mal vécu cela, surtout qu'en Allemagne, l'étranger n'a aucune chance vis-à-vis de la loi. J'ai donc cédé la garde de mes enfants, la mort dans l'âme. C'est comme ça qu'ils ont perdu leur patronyme algérien Ouldgoreïne que j'ai vu relégué au second plan administrativement. J'avais vécu cela très, très mal, mais la loi était contre l'étranger que je suis. Comme ils vivaient avec leur maman, il n'était donc plus question pour l'administration de leur maintenir le nom algérien. C'est comme ça que Belkacem Ouldgoreine est devenu Daniel Brükner», nous confie-t-il en fixant tristement le sol.
«Quand il a perdu sa mère, Daniel a failli sombrer, n'était l'aide d'Allah»
Son «erreur», Harrag a tenté de la réparer comme il a pu par la suite. Mais avant cela, il fallait faire face au destin, de plus en plus cruel pour lui et surtout ses deux enfants. «Car, quelques années plus tard, la mère de Daniel souffrira d'une maladie grave (schizophrénie), qui ne tardera pas à la terrasser. Les enfants ont très mal vécu cela. Daniel était comme égaré. Le divorce de ses parents, puis la perte de sa chère maman… Il fallait être vraiment balèze pour reprendre goût à la vie», poursuit Harrag. «Daniel, qui jouait déjà bien au football, avait décidé de tout arrêter. Il était comme assommé. J'avais craint le pire pour lui et même pour sa sœur. Mais Dieu merci, quand Allah décide de sauver quelqu'un, nul ne peut l'en empêcher. Au lieu de sombrer comme l'auraient fait des adolescents de son âge en pareilles circonstances, Daniel s'est ressaisi à temps, en reprenant ce qu'il sait faire le mieux, son métier de footballeur. On sentait qu'il en voulait un peu plus lorsqu'il a repris le chemin des entraînements. Il était buteur et il marquait un à deux buts à chaque match, à mon grand bonheur», se souvient encore avec fierté Harrag.
«Daniel a l'Algérie dans le sang»
Revoilà donc le petit Daniel sur ses deux pieds, allant de mieux en mieux, et faisant parler sa technique et sa vitesse sur les terrains d'Allemagne. A tel point que le grand club du Werder de Brême le prit dans l'équipe réserve. «Avec tous les grands noms qu'il y avait dans l'équipe première, il lui était très difficile de faire son trou. Voyant que ça allait durer quelque temps encore, Daniel a décidé d'aller exercer son talent ailleurs. Et, depuis qu'il avait signé son premier contrat pro, mon fils ne rêve que de l'Equipe nationale. Il a l'Algérie dans le sang. Il ne pouvait pas en être autrement avec un papa aussi chauvin que moi. J'ai d'ailleurs joué au football en Algérie. On regardait tous les matchs de l'EN à la télé et à chaque fois, Daniel me disait qu'un jour, inch'Allah, il fera honneur au maillot vert», nous dit Ouldgoreïne avec une voix presque effacée.
Titulaire indiscutable depuis 3 saisons en Bundesliga 2
Mais pourquoi ne l'a-t-on pas présenté à la FAF lorsqu'il avait 20 ans ? Pourquoi avoir attendu qu'il atteigne la trentaine pour le révéler ? «Je pense que ce n'est pas à nous d'aller montrer le fiston à la FAF. C'est vraiment gênant. L'Algérien fonctionne avec sa fierté, bien que cela devrait être naturel pour celui qui veut servir son pays. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Au début, on se disait qu'il devait être un peu plus costaud, un peu plus expérimenté pour mériter un tel honneur. Après, ça devenait un peu délicat d'aller solliciter l'entraîneur national ou le président de la Fédération pour le sélectionner. C'est quelque chose qui ne se fait pas chez nous. Et puis, ils pouvaient facilement dire qu'il n'avait pas besoin de joueur à son poste, surtout que Nadir Belhadj occupait merveilleusement bien le couloir gauche. C'était donc très délicat, vous comprenez ?», s'excuse-t-il presque.
«Je rêve de voir le 00213 s'afficher en appel pour qu'on me donne ma chance de porter le maillot vert»
Mais aujourd'hui que ce pur gaucher est connu et que son rendement en club est des plus satisfaisants, que va faire Vahid Halilhodžić de son cas ? Va-t-il se permettre en ces temps de vaches maigres, de refuser de donner sa chance à Daniel Brükner qui, il faut le dire, a cloué sa place de titulaire avec Paderborn depuis trois saisons d'affilée ? Même s'il n'est plus tout jeune, Brükner-Ouldgoreïne reste un élément très actif en Bundesliga 2. Un championnat nettement plus costaud que la Ligue 2 française dont puise Halilhodžić sans complexe. Ce serait donc très logique de voir si cet attaquant vif et puissant, qui marque des buts de loin et sur coups francs, pourra apporter un plus aux Verts. Pour sa part, Daniel ne sait quelle position prendre devant tout cela. «Moi, je travaille comme toujours en rêvant qu'un jour, mon téléphone sonnera avec l'indicatif 00213 comme début du numéro, pour me dire que ma chance est enfin arrivée ! En bon musulman, je ne peux pas désespérer de vivre un tel honneur. Je sais que ce sera magnifique de porter le maillot des Verts pour moi et pour toute ma famille», conclut Daniel au nom de tous les siens.


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