«Le retour de Ziani et Boudebouz est une bonne chose pour l'EN» «Feghouli est un joueur pétri de qualités et je suis certain qu'il apportera beaucoup à la sélection» En pleine bourre actuellement avec sa formation grecque de l'Olympiacos, le baroudeur algérien, Rafik Djebbour, n'en finit pas de s'illustrer que ce soit en championnat ou bien en Ligue des champions. Buteur encore une fois avant-hier lors de la huitième journée du championnat face à l'OFI Crète, l'ancien pensionnaire de l'AEK Athènes dit «vivre ses meilleurs moments en tant que joueur professionnel» et il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, lui qui ambitionne cette saison de tout rafler, que ce soit sur le plan collectif qu'un individuel. Bien que très accaparé par ses nombreuses occupations, notamment ces jours-ci, avec les nombreuses sollicitations dont il fait l'objet de la part de plusieurs médias locaux et internationaux, qui veulent tous l'interviewer, Djebbour a accepté de nous recevoir sans problème au salon de presse du stade Karaiskakis et de nous accorder ce long entretien. Vous affichez la grande forme avec votre club, l'Olympiacos, depuis quelques semaines. A quoi est due cette montée en puissance ? Je dois reconnaître que depuis ma venue à l'Olympiacos, mon intégration s'est bien faite et je ne manque de rien. J'évolue dans un schéma tactique qui me correspond, et avec des coéquipiers qui arrivent à avoir une bonne fusion avec moi sur le terrain. Tout ça fait que ça se passe bien pour moi, El Hamdoulilah. On vous sent très à l'aise dans cette équipe de l'Olympiacos. Cela veut-il dire que Djebbour a retrouvé toute sa confiance en ce début de saison ? Je ne pense pas avoir perdu la confiance. On fait souvent le parallèle entre mes performances en club et celles en sélection, et pas la peine de rappeler la différence entre les deux à chaque fois. Je le dis, j'ai toujours eu confiance en moi et en mes qualités. Maintenant, ça reste une question de réussite. Des fois, on l'a et, des fois, non. C'est ça le football. Peut-on dire que le discours de votre entraîneur en club vous pousse à chercher encore plus la perfection et à marquer davantage ? Pas que ça uniquement. Il y a des détails qui font la différence et qui te permettent d'être performant. Le fait d'évoluer dans un grand club, qui est poussé par un large public, le fait aussi de jouer toujours vers l'avant et ne chercher que la victoire, cela met en valeur l'attaquant et lui offre plus d'opportunités de marquer. Ici à l'Olympiacos, plus qu'ailleurs, on voit plus mes qualités d'attaquant qu'autre chose. Quels sont vos objectifs pour cette saison. Tout d'abord, sur le plan collectif ? On connaît les enjeux. On est l'Olympiacos, donc, on se doit de rafler tous les trophées sur la scène nationale. Au niveau international (NDLR : Ligue des champions européenne), on doit essayer de représenter le plus dignement possible les couleurs du club et en donner une belle image. Et sur le plan personnel, le titre de meilleur buteur du championnat demeure-t-il un objectif pour vous ? Bien sûr que j'ai toujours cette envie de marquer à chaque fois, de prouver que je suis un buteur et d'occuper le devant de la scène. Cela dit, que ce soit en club ou bien même en sélection, je donne toujours la priorité à l'équipe. C'est cette dernière qui passe avant moi et non le contraire. Peut-être est-ce un défaut pour l'attaquant que je suis de penser ainsi, car on dit souvent qu'un buteur doit être un peu égoïste, s'il veut marquer les esprits, mais n'empêche, c'est ma philosophie. Quelle est la nature de vos rapports avec votre entraîneur, Ernesto Valverde ? L'entraîneur me fait confiance et me respecte beaucoup. Je pense que c'est un entraîneur juste, il me traite de la meilleure manière et, quelque part, je dirais que tous les efforts et l'envie que je donne sur le terrain, c'est une façon de le remercier de cette totale confiance qu'il place en moi. Les supporters du club ne sont pas en reste eux aussi, puisqu'ils ne cessent de vous acclamer à chaque rencontre. On imagine que cela doit vous faire plaisir, non ? Evidemment, c'est une fierté pour moi, d'autant que tout le monde sait qu'ici les supporters sont durs. Je pense qu'aujourd'hui les fans ont jugé mon niveau, ils m'ont vu évoluer dans le club depuis presque un an maintenant et ont compris l'homme que je suis et ce que je pouvais apporter au club. Le fait qu'ils scandent avec autant de ferveur mon nom lors des matchs prouve qu'ils sont contents de moi et de mes performances. En vous engageant à l'Olympiacos en janvier dernier, on ne sait si vous avez signé un contrat de six mois ou bien de deux ans et demi. Qu'en est-il au juste, quand on sait que beaucoup de médias ont tergiversé sur la question ? A vrai dire, j'ai signé un contrat de deux ans et demi. Toutefois, on avait convenu, le président et moi, au moment de la signature, que si au bout des premiers six mois, les deux parties n'étaient pas contentes, on pouvait s'arranger pour résilier le contrat. Dieu merci, les choses se sont bien passées et maintenant, il me reste un an et demi de contrat avec le club, que je compte bien honorer et à fond. Ces derniers jours, la presse grecque a évoqué des contacts que vous auriez eus récemment avec certains clubs français. On a parlé même de quelques pistes en Allemagne. Est-ce vrai tout ça ? Ecoutez, ça fait toujours plaisir d'être pisté par des clubs évoluant dans de grands championnats européens. Maintenant, mon objectif a toujours été le même, qui est de tout donner pour mon équipe et d'être performant sur le terrain. De toute façon, il y aura une justice tôt ou tard et je serai récompensé à ma juste valeur. Quand vous dites que «tôt ou tard, je serai récompensé à ma juste valeur», devrait-on comprendre que le fait de jouer à l'Olympiacos ne vous suffit pas et que votre ambition demeure toujours de rejoindre un championnat plus relevé et un club encore plus prestigieux ? Vous savez, un être humain qui vit sans ambition, il est mort… C'est quelqu'un de fini. Jusqu'à ce que je termine ma carrière, j'aurais toujours de l'ambition. Aujourd'hui, à 27 ans, je peux aspirer à beaucoup de choses. Maintenant, il faut que le projet sportif soit à la hauteur. Si un jour, il y a un départ, il faut que ce soit un challenge intéressant, pour ainsi continuer dans le positif. Quel est le championnat qui vous fait rêver ? Pas un en particulier. Moi, je vis au jour le jour, et je ne me projette pas trop vers l'avenir. On verra ce que le destin nous réservera. On a pu entendre dernièrement que la direction de l'Olympiacos vous a proposé un renouvellement de contrat. Vous confirmez ? Je ne pense pas qu'il faille parler d'un prolongement de contrat à l'heure actuelle, du moment qu'il me reste encore un an et demi de contrat. Toutefois, ce sujet demeure personnel. On a su que la direction de l'Olympiacos vous a sanctionné financièrement lundi dernier, et cela d'une manière assez ingénieuse, en vous sommant de payer un déjeuner à tous vos coéquipiers. Cela fait suite à votre arrivée en retard à l'entraînement au lendemain de la victoire face au Borussia Dortmund en Ligue des champions… (Il sourit). Effectivement. Je pense que c'est humain comme sanction, contrairement à ce que beaucoup d'entraîneurs font. C'est une manière aussi pour moi d'être ponctuel à l'avenir, même si j'avoue qu'avec le trafic routier qu'il y a à Athènes, c'est dur d'arriver toujours à temps à l'entraînement. Cette sanction, je l'ai bien acceptée, et je la trouve assez ingénieuse, comme vous dites, puisqu'elle permet de lier encore plus le groupe, toute en s'acquittant de l'amende. Cela dit, je n'ai pas envie de payer des repas tous les jours. La prochaine fois, je ferai plus attention (il rigole franchement…). On passe à présent à l'actualité de l'Equipe nationale. La semaine dernière, le sélectionneur, Vahid Halilhodzic, a communiqué sa liste des joueurs retenus pour les deux rencontres amicales face à la Tunisie et le Cameroun. Quel commentaire en faite-vous ? Je pense que c'est une liste homogène, avec beaucoup de bons joueurs. Le sélectionneur a fait ses choix, et nous, en tant que joueur, on doit les respecter, c'est tout. Boudebouz et Ziani de retour. Vous pensez que c'est un plus supplémentaire pour l'EN ? Je crois que c'est toujours une bonne chose que de bons joueurs réintègrent la sélection. Lors de ce prochain stage, il y aura un nouvel arrivant, en la personne de Feghouli. Estimez-vous que ce jeune joueur puisse s'acclimater au groupe et apporter sa touche offensive à l'équipe ? C'est très bien qu'il ait choisi de représenter sa patrie d'origine et celle du cœur aussi. Il faut féliciter ces jeunes joueurs comme Feghouli, qui ont pris l'initiative de porter les couleurs du pays, sans s'éterniser dans la réflexion. C'est un bon joueur, pétri de qualités et je suis sûr qu'il apportera un plus à l'équipe. En tout cas, je lui souhaite la bienvenue parmi nous, et on tâchera tous ensemble dans le groupe de lui faciliter l'intégration, comme on a pu le faire auparavant avec d'autres joueurs. Une fois de plus, la nouvelle liste ne comporte pas le nom de votre coéquipier en club, Djamel Abdoun. Tout le monde s'interroge sur les raisons exactes de sa mise à l'écart qui ne fait que perdurer. Quel jugement portez-vous sur cette affaire ? Ecoutez, je préfère éviter la polémique et ne pas trop rentrer dans les détails. Ce n'est pas à moi de dire si Djamel doit revenir ou sélection ou pas. Il y a un sélectionneur en place et c'est lui qui fait ses choix. Toutefois, je dirais que j'ai mon idée concernant cette affaire, mais je la garde pour moi. Ça reste personnel et cela par respect aux joueurs qui ont été sélectionnés et aussi aux choix du coach. Dernièrement, Halilhodzic avait pourtant affirmé qu'il convoquerait à nouveau Abdoun, lorsque ce dernier aura enchaîné les matchs avec l'Olympiacos et retrouvé sa forme. Vous qui le côtoyez tous les jours à l'entraînement, pensez-vous qu'il est réellement en forme pour intégrer l'EN ? Etant donné que j'évolue avec Djamel dans le même club, je peux vous attester que c'est un joueur qui a beaucoup de qualités et quelqu'un d'intelligent. C'est un bon footballeur que j'aimerais bien évidemment avoir avec moi en Equipe nationale. Voilà. C'est tout ce que j'avais à dire. Comment vit-il cette mise à l'écart ? Ça, c'est à lui d'y répondre. Je ne peux pas parler à sa place. Dans un peu moins de 15 jours, vous allez affronter deux belles sélections, en l'occurrence la Tunisie et le Cameroun, respectivement. Deux bons tests pour l'EN, n'est-ce pas ? C'est évident que ce sera deux tests intéressants pour nous. Ça permettra surtout au sélectionneur de donner du temps de jeu à certains joueurs et de les voir à l'œuvre. On aura le temps de parler plus longuement de ces deux matchs le moment venu. Le fait de savoir que les Algériens vous suivent avec attention et ferveur lors des matchs de Ligue des champions, ça vous fait quoi ? Le pays, il faut toujours bien le représenter et ça me fait vraiment plaisir de voir les Algériens suivre les matchs de l'Olympiacos, que ce soit en championnat ou en Ligue des champions, uniquement pour me voir à l'œuvre. La Ligue des champions est une ouverture extraordinaire qui permet au joueur algérien de se distinguer et de côtoyer le très haut niveau. Quand je marque, je pense directement au pays et aux supporters algériens. J'espère vraiment que je continuerai à les rendre heureux, que ce soit avec mon club ou bien avec la sélection. Pourvu que ça dure. Racontez-nous la sensation qui vous anime au moment de rentrer sur le terrain pour disputer une rencontre de Ligue des champions, surtout quand la musique de cette prestigieuse compétition retentit ? (Il sourit.. .) Waou, c'est quelque chose de vibrant. Ça me rappelle un peu la Coupe du monde. Tu es dans un décor exceptionnel et magique. Tu sens que tu as atteint le top du football mondial. Un décor fait pour que les joueurs brillent et se sentent à l'aise. C'est une sensation très agréable et unique. Ça fait vraiment plaisir. Comment évaluez-vous le parcours réalisé jusque-là par l'Olympiacos dans cette compétition européenne ? Je pense qu'on n'a pas été ridicules, comme certains pouvaient le penser. Face à Marseille, lors du premier match, on a un montré un beau visage malgré la défaite, et il ne faut pas oublier que c'était notre tout premier match de la saison. On manquait terriblement de rythme. Face à Arsenal, lors du deuxième match, on a montré aux gens que l'Olympiacos méritait plus de respect et qu'il ne fallait pas nous sous-estimer. Pour ce qui est du match face au Borussia Dortmund, je dirais que ç'a été la consécration pour nous. On a confirmé qu'on avait bel et bien notre place dans ce groupe et surtout dans cette compétition. Votre objectif demeure toujours de passer aux huitièmes de finale ? On garde les pieds sur terre et on reste sereins. On a joué les trois équipes et on a pu les jauger. Je dirais qu'on a notre chance et qu'avec de la modestie et du talent, je pense que les choses peuvent tourner en notre faveur. C'est une coupe, donc tout reste possible. Dans quelques jours sera lancé le vote pour le Ballon d'Or Le Buteur-El Heddaf saison 2010/2011. Vous êtes l'un des rares joueurs professionnels algériens à évoluer dans un si prestigieux club européen et surtout à avoir remporté un titre de champion la saison dernière. Avec l'excellente forme que vous affichez en ce début d'exercice, ambitionnez-vous de rafler cette distinction ? Ambitionner, oui, c'est clair. Toutefois, ce ne sera pas à moi de décider. C'est aux votants de faire leur choix. En tout, cas, moi, comme je vous l'ai dit, je suis quelqu'un d'ambitieux, et j'essaye de faire mon boulot du mieux possible. Si à la fin, je reçois des récompenses, ça me ferait plaisir. ------------ «Je sais parler le grec !» Depuis quand évoluez-vous en Grèce ? Six ans. On vous voit toujours après les matchs avoir recours à une traductrice. Quand allez-vous enfin apprendre le grec ? (Il rigole) Je parle bien le grec, qu'est-ce que vous croyez ! Certes, lors des interviews à la télé, je préfère parler en anglais, car mon vocabulaire est plus riche, tout simplement. La grave crise financière que traverse la Grèce depuis quelques années vous touche ou pas du tout ? Vous savez, on peut être millionnaire dans un pays pauvre, on ne vivra pas réellement dans le bonheur. C'est clair que la crise que traverse la Grèce m'affecte, je ne peux le nier. Maintenant, je ne pourrais pas dire que j'en suis une victime. Cette situation, on la connaît. On sait ce que signifie la pauvreté. On vient tous de quartiers défavorisés. En tout cas, j'espère que la Grèce saura relever la tête et repartir du bon pied. Pensez-vous que votre cote de popularité ici en Grèce a grimpé après avoir opté pour l'Olympiacos, qui demeure le plus grand club du pays ? Je ne sais pas exactement. Vous savez, les Grecs m'ont toujours montré du respect. Ce sont des gens passionnés par le football et ils savent faire la part des choses et surtout reconnaître le bon du mauvais. Plusieurs médias grecs s'amusent dans leurs articles à vous dénommer «Le terroriste». Est-ce que cette appellation vous contrarie ou pas du tout ? Dès lors que ça reste lié au football et dans un sens purement positif, il n'y a pas de souci, je le prends bien. Maintenant, si on fait allusion à l'aspect négatif de l'appellation et que des personnes le pensent, cela demeure du racisme et ça, je ne l'accepterai pas. Je préfère ne pas y penser en tout cas. Votre joueur préféré au niveau local (championnat algérien) et international ? International, je dirais Messi. C'est un joueur classe. Au niveau local, je n'ai pas un en particulier. Toutefois, j'aime la fantaisie qu'apportent les joueurs locaux au sein de la sélection. Le club de vos rêves ? Je suis passionné par le FC Barcelone. Cette équipe donne du rêve. C'est incroyable ! Votre voiture préférée ? Je ne suis pas trop branché voiture, mais je dirais la BMW XxM. On sait que vous êtes célibataire. Alors, le mariage c'est pour quand ? (Il rit) Et qui vous a dit que j'étais célibataire ? Nos investigations ont révélé que vous étiez encore célibataire, donc… Ah, d'accord (il rigole franchement). A vrai dire, je n'aime pas trop déballer ma vie privée dans les médias. Donc, ça reste personnel. Du moins, pour le moment. --------- Rien de grave pour lui Rafik Djebbour, qui a ressenti une petite gêne au niveau du genou avant-hier lors de la rencontre de championnat face à l'OFI Crète, n'a finalement rien de grave, nous a précisé une source autorisée du club grec. L'Algérien a d'ailleurs pris part à la séance d'entraînement d'hier matin sans trop de souci et sans ressentir la moindre douleur. Cette séance de décrassage a profité néanmoins au joueur, pour effectuer quelques soins histoire de bien cicatriser ce bobo. Il sera présent face à Dortmund Cette petite gêne contractée par Djebbour a laissé planer quelques inquiétudes du côté des médias grecs quant à la capacité du joueur à tenir sa place de titulaire demain soir pour le match de Ligue des champions face au Borussia Dortmund. Toutefois, Djebbour n'a rien de grave et devrait (sauf énorme surprise) être titulaire au Westfalenstadion. Il faut dire que les espoirs des supporters reposent essentiellement sur l'Algérien, lui qui est en train de marquer match après match.
