«Mon amitié avec Raouraoua a 40 ans d'âge.» «Un de mes détracteurs a dîné chez moi pour ensuite me descendre en flammes dans les journaux, le lendemain.» Il se dit que vous passez un mois de Ramadhan bien difficile... Ce qui rend le jeûne difficile cette année est la grande chaleur qui règne et je ne suis pas le seul à le constater. L'âge aussi a sa part de responsabilité, n'est-ce pas ? Très certainement. Je suis âgé de 72 ans et cela, ajouté à la chaleur qui règne ces derniers jours fait que les journées sont très difficiles. Etes-vous arrivé à prendre le dessus sur le jeûne ? Oui, même si c'est assez difficile. Vous dites cela car le cigare vous manque c'est cela ? C'est vrai, c'est le cigare qui me manque le plus. J'attends avec impatience le moment d'en allumer un. Vous êtes donc quelqu'un de très calme. Je peux le dire. Je m'énerve très rarement. Actif ou fainéant ? Hyperactif même. Depuis le début du Ramadhan, je rentre rarement à la maison dans la journée. Mes journées sont bien chargées. Il faut faire signer tel joueur, recevoir un autre pour des négociations, etc. Tout mon temps est consacré à l'USMH. Vous avez de la chance puisque vous avez jeûné dans trois endroits différents, la Tunisie, Oran et Alger. Un commentaire. C'est vrai et tous ces déplacements pour l'USMH. J'ai dû me déplacer à Tunis pour le transfert de Bounedjah et à Oran pour Belkaroui. J'avais prévu de passer la totalité du mois de Ramadhan en famille. Cela n'a manifestement pas été le cas. Vous arrive-t-il de perdre votre sang froid en ce mois de Ramadhan? Je ne me dispute avec personne même quand on me provoque. Et du temps de votre jeunesse ? Il y avait rarement des accrochages. En 1962, j'avais 22 ans. Nous respections tout le monde, jeunes et vieux. Les liens d'amitié étaient solides. Ceci n'est pas du tout le cas actuellement. Pour un oui, pour un non, vous voyez les jeunes s'étriper à coup d'armes blanches. Je me demande où on va comme cela ! C'est connu, vous êtes un ami intime du regretté El Hadj El Hachemi Guerouabi. Comment passiez-vous les soirées de Ramadhan ? El Hachemi, que Dieu ait son âme, était un de mes amis intimes, bien avant qu'il ne soit connu du grand public. Il était encore amateur. Il y avait aussi Mourad que Dieu ait son âme qui était un spécialiste des sketches. Nous étions inséparables et on se rencontrait un peu partout, à la plage, à la maison, dans les quartiers, etc. Moi, je suis d'El Harrach, El Hachemi d'El Madania et Mourad et Hamid de Bab El Oued. Nous étions comme des frères. Ami Hamid, que Dieu ait son âme, avait une petite barque et elle nous permettait de faire des virées inoubliables. Ses enfants ne manquent pas une occasion de prendre de mes nouvelles. Qu'est-ce qui vous manque le plus durant le mois de Ramadhan ? Sans aucune hésitation, le cigare. Et l'argent ? C'est certain, il nous faut une certaine somme d'argent pour que l'USMH réalise une bonne entame de championnat. Chaque début de saison est un véritable calvaire. Heureusement qu'à El Harrach, les joueurs ont une confiance aveugle en leurs dirigeants. Ils savent qu'avant la fin de la saison ils seront payés jusqu'au dernier centime. A quel âge avez-vous commencé à jeûner ? A l'âge de 8 ans. Y a-t-il chez vous un rituel à suivre pour la première journée de jeûne d'un enfant ? Absolument et il est respecté jusqu'à l'heure actuelle. Il se transmet de génération en génération. L'enfant est installé dans l'endroit le plus haut de la maison. Je me rappelle qu'on m'avait emmené au jardin familial, dans notre maison à El Harrach. Le soir, la table, qui m'était destinée, était superbement garnie et décorée. Cherbet maison, gâteaux traditionnels et tout ce qui s'en suit et le tout sous les youyous. Avez-vous rompu le jeune avant El Adhan ? Pour être honnête avec vous, à une seule reprise. A quelle occasion ? Il n'était pas question de passer des examens à jeun car j'avais horreur de l'échec. Dieu me pardonnera, mais je voulais mettre toutes les chances de mon côté. Les journées en dette ont été bien sur rattrapées. Vous arrive-t-il de faire le marché ? Régulièrement. Depuis mon plus jeune âge, c'est moi qui fait les courses. Je fais le marché une fois par semaine. Quel est votre marché favori ? Celui de mon quartier à El Harrach pour ce qui est des fruits et légumes. J'y ai mes habitudes. En ce qui concerne la viande, je me rends à la place du 1er -Mai chez mon ami Haïmoudi qui adore l'USMH. Quel est votre plat favori ? J'aime les plats assez légers, comme une bonne chtitha kebda, chtitha mokh et toutes les sortes de salades et d'hors d'œuvre. Ces plats sont-ils préparés par vos filles ou par leur maman ? Mes enfants reconnaissent que la cuisine de leur mère est incomparable. Chorba frick ou vermicelles ? Vermicelles car le frick me cause des ballonnements gastriques. J'apprécie aussi une bonne h'rira. Hamoud ou Coca ? Hamoud, incontestablement la meilleure boisson en Algérie. Bourek ou brick ? Bourek. Zlabia ou Kalbellouz ? Kalbellouz, bien sûr. Café ou thé ? Café. L'ben ou raïb ? Juste après l'Adhan, je romps le jeûne avec deux dattes et un peu de l'ben. Matloû ou kessra ? Sans aucune hésitation, matloû. Viande d'agneau ou de veau ? La viande d'agneau est bien plus goûteuse que celle du veau et je ne comprends pas qu'il y ait des gens qui font des repas de fête avec de la viande de veau. Où se trouve ami Mohamed à l'heure de l'Adhan ? A table en écoutant des versets du Saint Coran. Vous arrive-t-il de rôder en cuisine avant l'appel à la prière ? Je fais certaines tentatives, mais je me fais aussitôt expulsé par ma femme et mes filles qui me recommandent d'aller me reposer, en précisant que ce qui se trouvera sur la table sera succulent. Rancunier ou tolérant ? Tolérant à un point que vous n'oserez imaginer. Au point de tout pardonner ? Je me dirige vers la personne avec qui je suis censé être en désaccord et je l'embrasse comme si rien ne s'était passé. Le mois de Ramadhan est celui du pardon. D'aucuns disent que tout ne va pas pour le mieux entre vous et Raouraoua. Qui est allé raconter qu'il y a le moindre nuage entre moi et El Hadj Raouraoua pour que nous ayons à nous réconcilier ? Notre amitié a 40 ans d'âge. Bien sûr qu'il y a des divergences entre nous pour ce qui est des affaires du football, mais cela n'altère en rien notre amitié qui est des plus solides. Pour exemple, ce n'est pas la faute de Raouraoua si un certain Benouza nous a massacrés en Coupe d'Algérie à Sétif. Cela veut dire qu'il n'y a aucun nuage entre vous et Raouraoua... Au risque de me répéter, il n'y a aucun problème entre nous. Les relations s'étendent même à nos deux familles. Comment cela ? Moi, ma femme, ma fille, hadj Raouraoua et son épouse nous avons accompli ensemble une Omra, il y a de cela quelques années. Justement, à quand une Omra au mois de Ramadhan ? Je veux vous préciser que la Omra que j'ai accomplie avec Raouraoua l'a été en plein mois de Ramadhan. Et pour ce qui est du pèlerinage ? Ce sera après la retraite. Pour le moment, je manque de temps. Quand je n'aurais plus de responsabilité au sein de l'USMH, j'accomplirai le Hadj, Inch'Allah. Quelles sont les bonnes actions que vous effectuez au cours de ce mois de Ramadhan ? J'essaie de contenter toutes les personnes qui me sollicitent pour une aide. Je contribue régulièrement à des œuvres de charité. Vers qui vont vos prédications ? Je jure qu'il m'arrive de prier Dieu de montrer le droit chemin à ceux qui nous mettent des bâtons dans les roues. Ils nous causent un tort énorme à nous, les présidents de club. Croyez-moi, un de mes détracteurs a dîné chez moi un jour pour ensuite me descendre en flammes dans les journaux le lendemain. Que reprochez-vous aux Algériens ? Leur très grande nervosité. Ils doivent garder leur sang-froid. De quoi souffrez-vous le plus en cette période de jeûne ? La chaleur de ces derniers jours qui est insupportable. Vous préférez que les entraînements se déroulent la nuit ou le jour ? La nuit, bien sûr. Nous passons de belles soirées au stade de Mohammedia. Après les entraînements ou les matchs amicaux, nous prenons des grillades lors du s'hor et tout cela dans une excellente ambiance. Avec qui aimez-vous vous retrouver autour d'une table ? J'aurais aimé être assis auprès de mes parents que Dieu leur accorde Sa Miséricorde. En ce moment, c'est du bonheur de prendre mes repas avec ma femme, mes filles et mes petits-enfants. Votre programme télé préféré ? Je ne regarde pas du tout la télévision. Juste après la rupture du jeûne, je prends la direction d'El Harrach. Etes-vous assidu en ce qui concerne l'accomplissement de vos prières ? Très assidu même. Je ne rate aucune prière et il m'arrive de lire des versets du Saint Coran. Jeux de cartes ou dominos ? La coinche bien sûr. Que pensez-vous des personnes qui balancent des sachets poubelles à travers leurs fenêtres ? Il n'y a pas de mots pour les qualifier. C'est un manque d'éducation inqualifiable. Il n'y a pas que cela, notre quotidien est plein de comportements anti sociaux. Et celles qui font de la vitesse ? De l'inconscience totale ! Ce genre délit doit être très durement réprimé car il s'agit de sauvegarder des vies humaines. Saha f'tourek et merci d'avoir répondu à nos questions. Saha ftourkoum et bon Ramadhan à tous les Algériens et en particulier aux Harrachis. Mon souhait est de voir l'USMH décrocher un titre cette saison. Je veux saluer, si vous le permettez, les gens d'Oran, de Mascara et de Aïn Témouchent.
