Avant lui, personne ne pensait à la Coupe du monde Il y a trois ans de cela, alors que personne ne croyait plus en cette équipe nationale, lorsqu'il n'y avait qu'une poignée de supporteurs à vouloir assister aux matches des Verts, Karim Ziani était le seul joueur qui maintenait l'espoir. Le seul à ne pas irriter les téléspectateurs que nous étions devenus alors, à force de ne plus aller au stade. Même les journaux ne couvraient plus les matches de cette EN qui n'intéressait plus personne. Jamais l'image de l'EN n'avait été aussi insignifiante. «Je veux jouer la Coupe du monde, pas seulement la CAN», avait dit Ziani en mai 2008 Dans ce décor glauque, Karim Ziani tenait le rôle de la bougie qui éclairait les coins les plus sombres, histoire de ne pas laisser l'EN tomber dans le gouffre. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, le lutin vert semblait décidé à remonter la pente avec l'équipe sur le dos. Et chacune de ses déclarations était offensive et portée vers le changement. A tel point que les plus sceptiques le prenaient pour un illuminé qui avait plutôt besoin de purger l'excédent d'ambition qu'il affichait. «Je voudrais aller en Coupe du monde. Je ne veux pas me contenter de la CAN», claironnait-il déjà en mai 2008 à qui voulait bien l'entendre, même après la défaite au match aller contre le Sénégal, à Dakar. Saâdane lui-même n'y croyait pas trop Rabah Saâdane en personne ne croyait pas aussi fort en nos chances. «Les joueurs ont le droit de dire ce qu'ils veulent. Ils sont libres de penser à la Coupe du monde, mais moi je reste sur notre premier objectif, celui de qualifier l'Algérie à la phase finale de la CAN, après deux absences successives (en 2006 et en 2008)», lui avait répondu prudemment le coach pour ne pas le laisser s'enflammer. Ce n'est que bien plus tard que les autres ont pris en marche le «train nommé désir» conduit magistralement par Karim Ziani qui faisait des siennes en joignant sur le terrain l'action au verbe. A deux stations du terminus Aujourd'hui, les Verts ont bien mûri et le fruit est à portée de main. L'équipe a pris du volume avec les derniers arrivés que sont les Meghni, Yebda et Abdoun qui se disent tous honorés de jouer aux côtés de Karim Ziani qui les a devancés en notoriété depuis longtemps, tant en France qu'en Algérie. A leur arrivée, Karim les a tous mis en confiance en les mettant à l'aise. Il est même pour beaucoup dans les décisions de certains retardataires, tellement il rêvait de renforcer l'équipe. Mais cette abondance de talents a vite fait croire à certains ingrats (oublieux) que cela pouvait lui coûter sa place de titulaire à Karim Ziani ne serait-ce qu'en cours de jeu, surtout après la réduction de son temps de jeu en club. Mais c'est faire injure à la pugnacité de notre little big man national que de penser que Ziani va lâcher prise à deux stations du terminus. Ziani, le noyau central des galactiques algériens Car Karim n'est jamais plus fort que dans l'adversité. Que de grands a-t-il envoyés sur le banc des remplaçants depuis ses débuts professionnels en 2001 à Troyes. Le stratège des Verts sera, à n'en point douter, l'un des éléments clés du match de dimanche comme il l'a été depuis le début de ces éliminatoires. Le seul match que l'Algérie n'a pas gagné est celui de Kigali (0-0) et ce jour-là, Ziani était absent (suspension). C'est dire qu'il est important dans l'équipe. Ziani se retrouve aujourd'hui face à un autre défi, celui de la redjla ! A savoir montrer que dans cette nouvelle galaxie spirale où les étoiles brillent de partout, Karim Ziani demeure bien le noyau central qui rayonne d'une distance aussi lointaine que celle qui sépare l'Algérie de l'Afrique du Sud. Vas-y champion, transmets aux nouveaux cette ferveur que te caractérise lorsque tu joues sous les couleurs de l'Algérie et fais-nous gagner encore ! Nacym Djender