«Oui, au Club Africain je perçois un salaire élevé, mais si l'opportunité d'aller jouer en Europe se présente, je ne dirai pas non» «C'est désolant ce qui arrive à Belaïli» Après un long silence, Abdelmoumen Djabou a choisi Le Buteur pour se livrer et revenir sur son excellent match fourni face à la Slovénie. L'ancien sétifien a donné les raisons qui lui ont permis d'évoluer enfin à sa vraie valeur en sélection nationale, n'omettant pas au passage de s'expliquer sur cette histoire de tests physiques qu'il a échoués. Entretien : Votre excellente prestation face à la Slovénie a beaucoup fait parler. On imagine que vous êtes satisfait ? Evidemment. Après, vous savez, je n'ai fait que mon travail, même si je reste persuadé que je n'ai pas tout donné sur le terrain. J'ai joué libéré certes, mais je n'ai pas évolué à 100% de mes moyens. Qu'est-ce qui a changé et a fait qu'on a vu enfin les véritables qualités de Djabou en sélection ? J'ai surtout gagné en confiance. J'ai aussi senti que le coach voulait que je fasse quelque chose durant ce match. Je me suis débarrassé de la peur qui m'envahissait par le passé, car j'appréhendais souvent les réactions du public, si je venais à louper un dribble ou quelque chose du genre. Vahid vous a mis en confiance, c'est bien ça ? Oui, en effet. Il m'a beaucoup parlé pendant les entraînements et m'a dit que ce match de la Slovénie était une occasion pour moi que je devais saisir pour espérer jouer titulaire en sélection et surtout être parmi les 23 au Brésil. Je voulais donc vraiment montrer mes qualités lors de ce match et prouver au coach que j'ai bien ma place dans cette équipe nationale. Vous parlez de la confiance du coach, mais celui-ci a dit en conférence de presse que vous n'avez pas réussi le test physique avant cette partie... Oui, j'avoue que je n'ai pas tout à fait réussi ce test physique, mais le coach sait pourquoi. Je me suis tapé tout un long trajet Tunis-Alger par route pour rejoindre le stage. J'étais un peu fatigué et je n'avais pas totalement récupéré lorsque j'ai passé ces tests physiques. Il est clair que si je les repasse à présent, je serai davantage meilleur. En tout cas, je remercie le sélectionneur pour sa confiance. Il m'a fait quand même jouer et je crois que je ne l'ai pas déçu. Qu'est-ce qu'il vous a dit après le match ? Il m'a surtout remercié pour mes efforts. Il m'a aussi dit qu'il connaissait mes qualités techniques, mais qu'il fallait que je travaille encore sur le plan physique. A ce titre, j'ai décidé d'engager un préparateur physique avec qui je vais travailler personnellement durant les prochaines semaines afin que je puisse être d'ici à deux mois dans une excellente forme physique. Je ne veux surtout pas rater le Mondial à cause de ça. Vous ne travaillez pas assez au Club Africain. Le volet physique bien sûr ? Si, on travaille beaucoup, mais comme la plupart de mes coéquipiers ne vont pas jouer le Mondial en fin de saison, j'ai alors décidé de solliciter un préparateur physique, de le payer de ma poche pour ne pas accuser de retard. Qui vous a donné cette idée ? Après le discours que m'a tenu le coach national, j'ai compris ce qu'il me restait à faire. C'est moi qui ai eu l'idée et je ne veux plus perdre de temps. Revenons à ce match face à la Slovénie. Beaucoup ont affirmé que l'adversaire n'était pas un gros calibre pour les Verts. Un commentaire ? La Slovénie est une équipe faible ? C'est insensé de dire ça. Il n'y a qu'à voir où évoluent leurs joueurs pour constater que c'est une véritable bonne équipe. C'est juste qu'on a été meilleurs qu'eux lors de ce match. On les a idéalement pressés et pas laisser jouer. Vous étiez à l'origine des deux buts. Vous avez d'abord obtenu le coup franc sur le premier et fait une passe décisive sur le second... Une nouvelle, je dirais que je n'ai fait que mon devoir. Tu peux réaliser un grand match, mais sans pour autant marquer et donner des passes décisives et quelques fois, c'est l'inverse. Néanmoins, j'étais surtout content de la victoire acquise. Il faut souligner le mérite de tous les joueurs. Quelles sont les chances des Verts au Brésil selon vous ? On a une très bonne équipe, composée de joueurs de haut niveau qui évoluent dans les grands championnats européens. On doit être ambitieux et il ne faudra pas qu'on parte au Brésil pour profiter du soleil. On jouera sans pression et on se donnera à fond pour passer au second tour. Vous concernant, vous n'avez pas encore pris part aux grands matchs. Cela ne vous agace pas ? Non pas du tout. Je me mets à la disposition du coach et au service de la sélection. Je ne suis pas un joueur à problème. Vous avez l'ambition de jouer le Mondial en tant que titulaire, non ? Ma préoccupation est d'être prêt pour ce tournoi et cela sur tous les plans. Après, ça sera au coach de faire ses choix. On n'est pas dans un club, mais dans une sélection. Il faut penser au pays avant son intérêt personnel. Vahid ne vous a-t-il pas conseillé de tenter une expérience en Europe ? Il me parle toujours de ça. Il me dit que ma place est dans un club européen, afin que je puisse progresser davantage. Moi aussi, j'aimerai jouer en Europe, mais ça ne tient pas qu'à moi. Il n'y a pas de concret là-dessus. Vous avez eu pourtant plusieurs sollicitations de l'Europe, vous ne pouvez pas le nier... Oui, j'avoue, mais il n'y a pas eu une bonne offre qui m'intéressait. J'attends mieux. Certains disent que vous avez choisi le championnat tunisien, car ce que vous percevez au Club Africain est supérieur à ce que touchent nos professionnels en Europe. C'est vrai ? C'est vrai que le salaire que je perçois est intéressant. Mais j'ai une question à vous posez. Qui refuserait un salaire élevé ? Tout le monde cherche à bien gagner sa vie et El Hamdoulilah, la direction du Club Africain, m'a bien gâté et m'a proposé une offre, difficile à refuser. N'oubliez pas que je suis issu d'un quartier populaire à Sétif, que j'ai perdu très jeune mon père et que je m'occupe de toute ma famille. Cela-dit, ce n'est pas uniquement à cause de l'argent que j'ai opté au Club Africain. Le projet sportif est tout aussi intéressant. Dites-nous, quand est-ce qu'on vous verra en Europe ? Peut-être la saison prochaine si Dieu le veut. Je travaille dur pour attirer l'attention des clubs européens. Je veux progresser et s'il le faut je jouerai gratuitement en Europe. L'argent ne fait pas tout. Youssef Belaïli vit des moments difficiles en ce moment avec l'EST. Qu'avez-vous pensé de cette affaire ? Youssef, c'est mon ami et c'est désolant ce qui lui arrive. A lui de savoir gérer cette situation. J'espère vraiment que ce bras de fer prendra fin rapidement. Un autre algérien fait sensation dans le championnat tunisien, il s'agit de Baghdad Bounedjah, auteur de 11 réalisations jusque-là. Un mot sur lui ? Je suis très content pour lui. Même s'il joue pour un concurrent direct à nous, il n'empêche que ça me fait toujours plaisir de le voir marquer avec l'EST. Même les supporters se sont attachés à lui. Je lui souhaite beaucoup de bonheur et de réussite. Les joueurs algériens semblent bien réussir en Tunisie. Pourquoi selon vous ? Le peuple tunisien est très proche de nous et l'Algérien ne trouve pas de mal à s'adapter ici. Ajouté à cela, le joueur algérien est talentueux et ne triche jamais. Ici, même si tu n'es pas en excellente forme, les supporters te soutiennent quand ils voient que tu te donnes à fond sur le terrain. Il parait que le Mouloudia d'Alger voudrait vous recruter pour la saison prochaine. Qu'en dites-vous ? J'ai entendu ça comme vous, mais pour le moment, je n'ai rien à dire là-dessus, vu que je n'ai reçu aucune offre, ni directe ni indirecte. Le week-end prochain va se tenir le grand derby de la Tunisie entre le Club Africain et l'ES Tunis. Allez-vous refaire le coup de l'an dernier et marquer ? Je vais tout faire pour aider mon club à gagner ce match très important, comme je l'ai toujours fait jusque-là lors des autres matchs.