«Je lui ai proposé l'asile politique après notre victoire cinglante par 3 à 1» * Comment voyez-vous le match du 14 novembre ? Ce sera très dur pour les deux équipes, mais ce sera un match entre vingt-deux joueurs et il y aura des arbitres pour les diriger. Mon rôle n'a rien à voir avec le terrain. Je me contenterai d'organiser l'équipe et de la soutenir de toutes mes forces. Le reste sera l'affaire des joueurs sur le terrain. Je souhaiterais juste que le fair-play prime quel que soit le résultat final. * Est-il vrai que vous avez demandé 15 000 places pour vos supporters ? C'est totalement faux. J'ai demandé 5 000 places, mais on ne m'en a accordé que 2 000 pour l'instant, selon le principe de la réciprocité. J'espère qu'on va arriver à en avoir 3 000 de plus pour répondre à la forte demande de nos supporters. * Les Egyptiens n'ont pas accepté qu'on leur impose de gagner par 3-0 pour se qualifier… Vous savez, je ne veux pas entrer dans ce genre de considération. Je laisse le soin à la FIFA de faire parler les règlements. Tout ce que je sais, c'est que l'article 17 des lois de la FIFA évoque pour ce point précis qu'en cas d'égalité parfaite entre les deux équipes, ce sera un match d'appui qui tranchera définitivement. Ceci a été confirmé par M. Blatter en personne lors de son passage au Caire et il a même fixé au 18 novembre la date de ce match éventuel. * Vous préférez le match d'appui ou le tirage au sort ? Incontestablement, je choisis le match d'appui. C'est comme ça qu'on saura qui a le plus de mérite entre les deux pour aller en Coupe du monde. * Quel est votre pronostic pour le match du 14 ? Je ne suis pas divin pour jouer à ce jeu. Personne ne peut prédire la fin du match, pas même les joueurs qui seront sur le terrain. Tout ce que je peux vous dire, c'est que celui qui ira en Afrique du Sud aura l'honneur et la responsabilité de représenter tout le peuple arabe qui sera derrière lui. C'est tout ce qui nous intéresse en tant qu'Arabes. Mais sachez que ce sera le plus méritant qui se qualifiera. * Pourquoi gardez-vous au secret le lieu du stage de l'EN ? Le lieu du stage concerne l'équipe d'Algérie et personne d'autre. Je ne vois aucune raison de dévoiler notre intimité aux gens. Que ce soit en France ou dans un autre pays, ce sera l'équipe algérienne qui y sera et pas une autre à sa place. Alors pourquoi tant de curiosité ? * Pourquoi tant de tension entre l'Algérie et l'Egypte avant ce match ? Vous savez, avant de venir ici en Egypte (entretien réalisé au Caire, NDLR), j'ai accordé des interviews à la télé, la radio et à la presse algérienne afin d'appeler à la retenue et à l'apaisement. Je ne voudrais pas que cette rencontre sorte de son cadre amical et fraternel. J'espère que les esprits vont se calmer et que la raison finira par l'emporter. * Certains se demandent pourquoi vous étiez sur la main courante face au Rwanda ? Vous me donnez une bonne occasion pour expliquer cela. J'étais tranquillement à ma place dans les tribunes, avant de voir Saâdane piquer une colère noire et se diriger vers Tukac qui avait retenu un joueur (Matmour, NDLR) par le bras. Je ne l'ai jamais vu dans cet état depuis la première fois qu'on a travaillé ensemble en 1986. Je me suis donc empressé de descendre pour calmer les esprits. Aussitôt le calme revenu, je suis retourné à ma place. Voilà pourquoi je suis descendu sur le terrain ce jour-là. * Et pourquoi avoir demandé un arbitre européen pour diriger ce match ? Ceci est archifaux ! Je n'ai jamais demandé un arbitre européen pour ce match. Comment voulez-vous que je fasse une telle demande en étant moi-même membre de la CAF. C'est insensé ! Ceci est une pure machination émanant de certains cercles. Je ne demande absolument rien des arbitres. * Vous avez aussi critiqué sévèrement les arbitres contre le Rwanda. Pourquoi ? Cela aussi est un autre mensonge. Je n'ai fait aucune déclaration dans ce sens ni avant ni après le match, même si ces arbitres nous ont refusé un premier but (de Yahia, NDLR) qui a franchi largement la ligne de but, puis un second de Madjid Bougherra qui était tout aussi valable. Mais on a laissé les instances internationales s'occuper de ces erreurs. * Pensez-vous que les journalistes des deux pays sont derrière cette tension ? C'est sûr qu'ils y sont pour quelque chose. Mais il ne faut pas généraliser. Car il y a heureusement beaucoup de journalistes consciencieux qui font leur travail avec du recul et la maturité qu'il faut. Il y en a en effet qui veulent calmer les esprits et qui appellent au fair-play dans les deux pays, au moment où d'autres ne font que colporter des mensonges comme ceux qui veulent faire croire que j'ai tenté d'influencer le TAS pour ne pas permettre à Al Hadary de jouer le match du 14 novembre. Je dis à celui qui a véhiculé cette info que cela est dénué de tout fondement. C'est un pur mensonge, irresponsable et calomniateur. Je vous dirai même que je suis un admirateur d'Al Hadary que j'estime être un bon représentant du footballeur arabe. Je lui souhaite de tout cœur d'éviter cette sanction pour dépasser cette épreuve. * On dit aussi que vous avez accusé les Zambiens d'avoir été de mèche avec les Egyptiens pour leur donner le match. Vrai ou faux ? C'est encore faux ! Nous n'avons jamais parlé de ce qui ne nous regarde pas. Nous sommes responsables et nous savons respecter les responsabilités des autres. Pour nous, la victoire des Egyptiens contre la Zambie nous donne encore plus de motivation pour faire un gros match le 14 novembre. Ce sera un match plein et agréable. Ceux qui colportent ce genre de mensonge ne veulent que vendre leurs torchons. * Pensiez-vous que l'Algérie allait jouer une place pour le Mondial au tout début ? Ceux qui nous ont suivis savent très bien que ça a été notre discours depuis le premier jour. La preuve est que l'Algérie occupe le 29e rang mondial. Lorsque je suis arrivé, nous étions 72es. Nous avons tout fait pour arriver à ce stade de la compétition. A vrai dire, le travail avait commencé en 2004 lorsqu'on avait incorporé des jeunes de 20 ans contre l'Egypte qu'on avait battue par 2 à 1 à Sousse et avec une équipe réduite à dix de surcroît. C'est cette même génération qui a continué à jouer à ce jour et qui se retrouve avec une moyenne d'âge de 24 ans. Elle va encore faire parler d'elle jusqu'en 2012 ou 2014. * Mais Rabah Saâdane avait fixé pour objectif la CAN 2010, sans plus… Cela était vrai avant mon retour à la FAF. Dès mon élection, j'ai revu les prétentions de l'EN à la hausse et j'ai demandé qu'on joue pour la Coupe du monde. Cet objectif est du ressort exclusif de la FAF, pas celui du sélectionneur qui doit s'y soumettre. * Pourquoi avoir imposé à Saâdane certains joueurs contre le Rwanda ? Encore un autre mensonge ! Je n'ai jamais interféré dans les décisions du sélectionneur ni de près ni de loin. * Certaines agences internationales ont évoqué ce match comme étant celui de la haine… Celui qui raconte cela est irresponsable et devrait être traduit devant la justice. Cela n'a rien à voir avec nos pratiques et notre culture musulmanes. Pourquoi ne parlerait-on pas d'un nouveau jour pour l'amour et la fraternité ? Vous savez, cette rencontre n'a rien à voir avec la haine. L'histoire entre nos deux peuples est profondément ancrée dans la mémoire des deux pays. Personne n'oublie le rôle joué par l'Egypte pendant la guerre de libération et personne n'oublie non plus les Martyrs algériens de la guerre d'Octobre. * Et qu'en est-il de l'empoisonnement de Shehata et certains membres à Blida ? Il n'y a jamais eu d'empoisonnement de la délégation, je veux dire au sein de l'hôtel. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'empoisonnement des autres membres de la délégation égyptienne ? L'intoxication de Shehata est un cas isolé qui a concerné deux à trois personnes, sans plus. Et si notre intention était d'intoxiquer les Egyptiens, il aurait été plus malin de le faire avec des joueurs comme Aboutrika, Zidan, Ouaïl Gomaâ et Amr Zaki. On aurait gagné le match avec un écart plus important. * Quel est l'endroit que vous préféreriez choisir pour éventuellement faire jouer le match de barrage du 18 novembre ? Je choisirai volontiers qu'il se joue à Oum Dorman, au Soudan. * Samir Zaher a affirmé que l'Egypte va gagner par 3 buts d'écart le 14. Qu'en pensez-vous ? Je respecte ce que dit Sami Zaher. Il est libre de dire ce qu'il veut. Au match aller à Blida, il m'avait dit : je vais t'égorger, je vais te pendre. Mais après notre victoire par 3 à 1, je lui ai proposé l'asile politique en Algérie, s'il avait peur de rentrer chez lui. (Rires.) * Qu'allez-vous dire à vos joueurs avant ce match du 14 ? Je leur ai déjà dit que s'ils n'étaient pas capables de battre l'Egypte, c'est qu'ils ne méritent pas d'aller en Coupe du monde. Car en Afrque du Sud, le niveau sera encore plus élevé que lors des éliminatoires africaines. A mon avis, l'Algérie, l'Egypte, la Côte d'Ivoire et le Ghana sont les meilleures équipes du continent. * Entretien accordé au journal Al Arab (Qatar)
