Les autorités voulaient reporter l'opération, avant de se raviser Cela avait été annoncé en long et en large depuis plusieurs jours dans tous les médias égyptiens : la vente des 65 000 billets destinés aux supporters de l'Egypte devait commencer hier à 09h00 locale. Comme il fallait s'y attendre en pareilles circonstances, des milliers de jeunes et de moins jeunes s'étaient agglutinés aux portes des points de vente, hier, à l'heure prévue. A leur grand désappointement, il n'y eut pas de billets puisque les autorités ont décidé de reporter leur vente à aujourd'hui, avant de se raviser. Une foule au point de vente d'Al Mouhandissine dès 06h00 Comme à Alger, où il existe des points de vente traditionnels des billets pour les matches de la sélection (stade du 5-Juillet, piscine du 1er-Mai, salle Harcha), il y a également des points de vente fixes au Caire pour les matches internationaux. Le point le plus proche du centre-ville est le siège du club Zamalek, situé au quartier Al Mouhandissine, sur la rive gauche du Nil. Hier matin, Sphinx Street, la rue qui donne sur l'entrée principale du club, était noire de monde. C'était simple : il y avait plus de personnes que de véhicules sur la chaussée de cette rue qui connaît pourtant du matin au soir un trafic automobile monstre. Deux queues de plusieurs centaines de mètres se sont formées sur le trottoir, alors qu'à l'entrée principale, des supporters étaient carrément juchés sur le mur d'enceinte. Tout cela sous le regard vigilant d'un important cordon de sécurité, supervisé par des officiers de police et des éléments des services de renseignements. Un officier a annoncé le report de la vente au lendemain L'heure annoncée, 09h00, était largement dépassée et le portail n'était pas encore ouvert. Les jeunes commençaient à s'impatienter. A 09h35, un responsable du Zamalek informe les supporters présents devant le portail que la Fédération égyptienne de football avait décidé, la veille au soir, de reporter la vente des billets à aujourd'hui, jeudi. Croyant à un mensonge destiné à faire diversion, les supporters refusent de quitter les lieux, rappelant que tous les médias avaient mentionné que la vente commencerait le mercredi. C'est alors qu'un officier de police, à l'aide d'un haut-parleur, a circulé sur le trottoir et annoncé que la vente a été reportée au lendemain. Des supporters crient au piston La colère était grande parmi les supporters. Pour eux, il n'y avait aucun doute : il y a eu du piston et les billets avaient déjà été vendus sous le manteau aux nababs et aux connaissances. Certains protestent : «Ce sont nous les vrais enfants du peuple ! Nous devrions être prioritaires sur les ringards qui viendront au stade comme s'ils allaient au théâtre. Ce n'est pas normal que nous ayons attendu toutes ces heures pour rien !» Dès lors, des supporters se sont mis à s'informer autour d'eux pour savoir s'il y en a qui ont des billets pour les leur acheter au marché noir, mais personne ne semblait en avoir. «C'est sûr qu'ils ont été vendus et les spéculateurs attendent le jour du match pour les revendre très cher», fera remarquer l'un d'eux. Un responsable du Zamalek acculé par la foule Alors que des jeunes commençaient à s'exciter, un responsable du Zamalek est sorti dehors. Reconnu par des supporters, il est vite entouré et interpellé : «Où sont les billets ? Pourquoi ne pas les vendre comme prévu ?» «On a reçu des instructions de ne rien vendre jusqu'à demain. Déjà, nous n'avons pas reçu les billets», a-t-il répondu. «Savez-vous qu'il y en a qui sont ici depuis 06h00 ? Savez-vous qu'il y en a qui sont venus de très loin ?», l'a-t-on apostrophé. «Oui, mais je ne peux rien pour vous. Revenez demain», s'est-il contenté de répondre, embarrassé et désarmé. Ses arguments n'ont semblé convaincre personne. Mêmes scènes de colère aux points de Heliopolis Alors qu'ils voyaient que rien n'arrivait, des dizaines de supporters ont pris le taxi et se sont dirigés vers les autres points de vente, plus particulièrement au centre d'entraînement d'Al Ahly à Heliopolis (Masr Al Guedida) et à la Foire des expositions, pas loin du stade. Non seulement ils ont trouvé la même foule, mais également le même son de cloche : la vente est reportée au lendemain. La colère grondait et il y a eu quelques tensions, voire même quelques accrochages avec le service d'ordre, mais sans grande gravité. Les autorités demandent à ce que les billets soient vendus dans l'après-midi Ayant constaté que la colère des supporters pourraient devenir incontrôlable et provoquer des dépassements, les services de sécurité ont pris attache avec la Fédération égyptienne de football pour lui demander de faire en sorte que les billets soient vendus dans l'après-midi, surtout que des supporters sont venus de très loin. Les autorités du football égyptien ont alors concédé que la vente se fasse à partir de 13h00. L'information a circulé comme une traînée de poudre et les supporters sont revenus en masse devant les points de vente. Des privilégiés ont eu droit à 10 billets chacun La vente a effectivement démarré dans l'après-midi en présence d'une foule très nombreuse. Dans certains points, c'est à 16h00 que les billets ont été vendus. Organisés et disciplinés au début, les supporters se sont montrés nerveux, à mesure que les billets s'envolaient. C'était l'anarchie partout, tant la demande était importante. La crainte de se voir privés du fameux sésame, après une si longue attente, a fait mal réagir certains d'entre eux qui se sont mis à protester contre le fait que des privilégiés ont eu droit à cinq, voire dix billets à eux tout seuls. La fermeté des services de sécurité a contribué à calmer les esprits. C'était chaud et cela augure de l'ambiance qui règnera au Cairo Stadium samedi soir. F. A-S.
