Mercredi 11 novembre, jour fixé par les responsables de la Fédération égyptienne pour le début de la vente des billets pour le match de samedi entre l'Egypte et l'Algérie. Le siège du club du Zamalek, situé dans le quartier chic d'“El-Mouhandissine”, grouille inhabituellement de monde. Tôt le matin, des centaines de supporters égyptiens ont envahi le grand boulevard du Zamalek en quête du fameux sésame d'entrée samedi au Cairo Stadium. La vente est réservée exclusivement aux Egyptiens, sachant que, comme rapporté dans notre édition d'hier, la quote-part des Algériens (2 000 sur les 67 000 billets mis en vente à cette occasion par la Fédération égyptienne) a été rapatriée à Alger pour être vendue. Du coup, il est impossible donc à un Algérien de se faufiler au milieu de la foule pour tenter d'acheter le billet. D'ailleurs, dans un souci évident de démasquer les éventuels fraudeurs algériens, les responsables égyptiens ont pris la précaution de différencier la couleur des billets des deux protagonistes, à savoir un billet vert pour les Algériens et rouge pour l'Egypte. Autrement dit, même si un Algérien peut avoir le billet au prix d'une témérité certaine, il sera obligé le jour J de se fondre au milieu de la marée humaine égyptienne pour voir le match au Cairo Stadium. Une gageure que certains supporters algériens présents au Caire depuis quelques jours ont laissé de côté comme solution extrême. “Je serai peut-être obligé finalement de faire ça, je ne suis tout de même pas venu de Relizane par route pour voir le match à l'hôtel”, nous confiera un fan des Verts, visiblement désabusé par la tournure des événements. Voilà comment nous avons acheté un billet “J'espère que les autorités algériennes vont trouver une solution à notre problème. Nous ne sommes pas responsables de cette cacophonie. Notre seul tort, c'est d'avoir quitté le sol algérien, munis de nos visas, pour pouvoir soutenir notre équipe nationale en Egypte le 14 novembre”, renchérit-il. Avant de conclure : “Samedi, je vous donne rendez-vous au stade, je serai de la fête, quel qu'en soit le prix.” Il faut savoir que même munis du billet égyptien, la Fédération égyptienne a déjà averti les Algériens qu'ils ne pourront pas rejoindre les tribunes verdâtres pour grossir les rangs des leurs. Mais un supporter algérien peut-il en fait acheter un billet dans l'un des huit points de vente réservés à cette opération ? Visiblement, oui ! Lors de notre passage hier au point de vente du Zamalek, certains revendeurs égyptiens ont accouru vers nous pour nous proposer des billets, bien avant que la vente ne débute du reste. “J'ai un ami bien placé qui a ses entrées ici, il va me ramener tout à l'heure des billets. Si vous voulez, je peux vous en revendre sans problème”, nous proposera-t-il après avoir vérifié pourtant que nous sommes des Algériens. “C'est normal, dit-il, à chaque fois qu'il y a un événement d'une telle importance, qui suscite un engouement populaire grandiose comme vous voyez là, le marché noir des billets fait fureur. Business is business mon frère”, renchérit-il sur un ton plutôt amusé. D'ailleurs, pour lui, beaucoup d'Egyptiens ont recouru au marché noir pour avoir le billet d'accès “sans se fatiguer”. Notre discussion est interrompue par l'intrusion d'un policier en civil qui voulait en savoir plus, mais notre démarcheur nous fit un signe de la main pour nous signifier “rendez-vous tout à l'heure”. Bien que nous ne soyons pas spécialement intéressés par l'achat d'un billet, il était important de savoir si l'opération allait aboutir. Et bien oui, le fameux billet nous aura coûté un peu plus cher que les 750 DA, prix officiel, mais nous sommes parvenus à l'avoir. Pour la petite histoire, nous l'avons offert à un supporter algérien.