Le monde du football est suspendu au match de Khartoum, et plus après le but illégal et dans le temps additionnel des Egyptiens. On ne parle que très peu du football africain de l'autre côté de la Méditerranée. Beaucoup de gens ne seraient pas capables de vous donner le nom d'un club de football du continent et celui d'un joueur qui n'a pas encore fait le grand saut vers l'Europe. Depuis samedi dernier, les gens me demande : « Et, as-tu vu ce qui s'est passé lors du match Egypte-Algérie ?» Les images de Rafik Halliche en sang et le bus de l'équipe détruit ont fait le tour des rédactions européennes. D'autres images de chaos et de violence au lendemain du match au Caire et à Alger s'y sont collées. Non, messieurs, le football n'a pas besoin de ça. Encourager son équipe de toutes ses forces, jouer à fond. Et lorsque le billet de qualification en Coupe du monde aura été arraché par l'une des deux équipes, il faudra la féliciter. Le monde du football est suspendu au match de Khartoum, et plus après le but illégal et dans le temps additionnel des Egyptiens. Algérie-Egypte à Khartoum : celui qui gagne sera en Afrique du Sud et celui qui perd restera dans l'histoire pour avoir joué un match qui restera dans l'histoire. Le choc sera sans doute brutal. Ce soir, il n'y aura pas un match plus important que celui-là même si le Brésil de Pelé ressuscite et affronte l'Argentine de Maradona. De l'extérieur, la sensation que j'ai en ce moment c'est de laisser la violence sur la touche et m'amuser. Encourager l'Algérie une équipe et un pays que j'ai appris à aimer et profiter d'un moment unique auquel on assistera pas de sitôt à l'avenir. Si l'Algérie gagne, la fête va durer plusieurs jours là-bas et chez moi. Et si par malheur c'est l'Egypte qui passe, je demanderai aux Algériens d'être dignes comme ils l'ont toujours été en pensant que dans le monde il y a d'autres drames plus cruels qu'une défaite sportive. Gonçal Pérez, journaliste