New York s'endormait paisiblement. La ville ne dort plus. Ne veille plus. Elle se gratte toute la nuit. New York est envahie par les punaises de lit. Et alors commence le combat des new-yorkais contre les invisibles qui occupent tout l'espace de ce qui était des lits confortables. New York bouge et ses habitants se grattent encore. Les nuits deviennent des moments de calvaire au lieu d'un moment de détente et de récupération. Les new-yorkais se font de plus en plus discret quand on parle punaises de lit. C'est honteux, parce que c'est sale. Empoisonnant. Cela fait penser au film « quand la marabounta gronde ». On préfère se gratter discrètement pour ne pas éveiller les soupçons du voisin, contraint lui aussi au même jeu. Prière de ne pas en parler aux New-Yorkais, contraints de veiller pour traquer des punaises de lit qui ont pris d'assaut les bâtiments de la ville, allant jusqu'à s'immiscer au milieu des petites tenues d'une célèbre boutique de lingerie... Mais où s'arrêtera l'invasion? Appartements, bureaux, boutiques: plus rien ne semble stopper les minuscules suceurs de sang. Ils sont partout. Dans les moindres coins et recoins. La chasse aux invisibles occupe les nuits new-yorkaises. Alors se développe la vente des housses protectrices des matelas. À condition, bien sûr, de jeter l'ancien stock de literie, de faire le grand lavage de tout ce qui être passé à l'eau. Face à la prolifération et à l'infestation, les autorités ont promis des moyens (un demi-million de dollars) et des menaces: «Nous voulons envoyer un message aux punaises», a lancé la présidente du Conseil municipal. «Prenez garde! Vos jours sont comptés». Mais le message a du mal à convaincre tous les New-Yorkais. Les punaises de lit «commencent à se répandre un peu partout (...) la situation dans les bureaux est dramatique», observe un expert en «bedbug». Les services concernés par la lutte contre les punaises ont enregistré 31 719 plaintes au cours des douze derniers mois aux services d'urgence de la ville, soit 26 000 de plus que l'an passé. D'habitude, la discrétion est de mise face à ce problème qui peut conduire à la révocation d'un bail ou des factures salées en cas de recours à des exterminateurs. L'invasion a pris une dimension peu commune. Plusieurs boutiques branchées, comme «Hollister» et «Abercrombie and Fitch», ont même dû fermer temporairement. Les punaises ont même élu leur domicile dans un haut lieu de la lingerie américaine: une boutique Victoria's Secret. Même cause, même effet: la boutique a fermé le temps d'éradiquer les fautives. Mais le mal est fait et le magasin en a pris pour son grade. La menace plane désormais sur New York où découvrir qu'un bâtiment est infesté semble presque aussi grave que de recevoir un mauvais diagnostic médical... Evidemment, toute une activité vient de prendre de l'ampleur. Des exterminateurs sont nés comme des champignons. Le traitement d'un logement peut coûter jusqu'à 350 dollars. Parfois plus. En fonction de la taille de le demeure. Ce qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. Punaises ou pas, ici c'est New York après tout. Quand vous vivez à New York, il faut être capable d'accepter les bons et les mauvais côtés. Les bons et les moins bons aspects.