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Histoires vraies
La vie au bout du fil (1re partie)
Publié dans Info Soir le 28 - 11 - 2004

Jeanne a vingt-quatre ans, elle est seule et tout va maI. Ce n'est pas une affaire d'argent ni une affaire de c?ur ni une affaire de travail. C'est une affaire de dégoût, un vaste, un immense dégoût. Un dégoût de tout et de rien.
L'argent, Jeanne en a suffisamment pour vivre ni plus ni moins. Le c?ur est vacant, juste ce qu'il faut pour ne pas en souffrir. Le travail est monotone sans être épuisant. Autrement dit, rien ne va très très maI. Mais tout ne va pas très très bien. La vie est en creux.
Alors, la déprime s'y est installée, insidieusement, sournoisement depuis des mois.
Cette nuit, il est minuit, heure de Paris, et la déprime a gagné suffisamment de terrain pour faire de Jeanne une sorte de fantôme insomniaque, à qui l'idée de mourir est apparue comme l'aboutissement de ce dégoût universel. Et Jeanne, à vingt-quatre ans, s'apprête à faire «la» grande bêtise : sur la table, elle dispose un verre d'eau et des comprimés qu'elle avale l'un après l'autre. Il y en a cinq. Elle ne mourra pas de cette dose, elle le sait, mais elle espère de ce petit poison un courage qui lui manque pour mourir plus proprement.
Ensuite, elle attend sur son lit patiemment que les idées se brouillent et s'ouvre la veine du poignet gauche avec une lame de rasoir. C'est épouvantablement stupide et il est minuit dix.
Sur la table de chevet, le téléphone noir est la seule chose qui la relie au monde. Mais Jeanne sait bien qu'il ne sonnera pas. Nul ne connaît sa nouvelle adresse. Elle a voulu changer d'appartement comme on change de peau, et ça non plus n'a pas marché.
Jeanne se sent faible à présent. D'une fatigue bienfaisante qui, pour la première fois depuis des mois, lui donne envie de parler à quelqu'un. Il est minuit quinze ; elle regarde le téléphone. Elle a envie de parler dans ce téléphone, mais à qui ?
Ce serait bien de dire à quelqu'un : «Ecoute-moi, je vais mourir et j'ai besoin de dire pourquoi... mais ne bouge pas, ne fais rien, écoute-moi seulement.»
Mais à Paris tout le monde dort et on s'agiterait, car à Paris personne n'a compris ce qui lui arrivait ; alors Jeanne, de sa main valide, feuillette un carnet et cherche un numéro à l'autre bout du monde. Celui de Claude, un ami qu'elle n'a pas vu depuis des années. Il est à New York. Et à New York, il est l8h 15. A New York, Claude vit, travaille ; à Paris, Jeanne veut mourir et c'est la nuit.
Elle entend d'abord le grésillement de l'international, puis la sonnerie qui résonne comme dans une caverne lointaine. Tout ce chemin par-dessus le monde pour une sonnerie dans un bureau de New York.
Jeanne entend parfaitement bien la voix de la standardiste et doit lui répéter le nom de Claude à trois reprises avant de reconnaître sa voix. Il a dit «allô» avec l'accent américain, Jeanne trouve cela drôle. Elle se rend compte à présent comme c'est loin, le 57e étage d'un building de verre et d'acier à New York, même si c'est bien Claude qui est là et qui répond. Il ne s'attendait pas à l'avoir au téléphone, il est surpris et s'apprête à formuler tous les préambules de circonstance : «Comment ça va ?», «qu'est-ce que tu deviens ?», etc. Mais il n'en a pas le temps. Jeanne a simplement dit son nom d'une petite voix ensommeillée et elle enchaîne sur des choses affreuses.
Jeanne, la petite Jeanne est à Paris, elle téléphone de Paris pour dire qu'elle s'est ouvert les veines, qu'elle attend de mourir et qu'elle veut lui expliquer à lui, Claude, pourquoi elle a fait ça. Elle a besoin de le dire à quelqu'un, et elle a pensé à lui, parce que chez lui, en Amérique, tout le monde vit et qu'il ne pourra faire qu'une chose pour elle : l'écouter. Ici, à Paris, c'est la nuit, tout le monde dort bêtement. La ville entière dort bêtement... (à suivre...)


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