La période estivale qui a tourné, cette année, autour de deux évènements majeurs, à savoir la Coupe du Monde et Ramadhan, a connu une importante désorganisation. A quelques jours du Ramadhan, les rues de la corniche oranaise sont presque vides. En fait, les élus municipaux et les promoteurs touristiques ont tous programmé la saison estivale durant le mois de juillet. Aucune stratégie n'a été mise à jour pour tenter de concilier les impératifs sociaux dictés par la tradition religieuse et les envies de liberté par grande chaleur. Chez les promoteurs touristiques et les responsables locaux, il est impossible d'allier l'inconciliable. Pourtant, nos voisins marocains et tunisiens se sont préparés à coïncider les loisirs estivaux avec les mœurs du Ramadhan. En l'absence d'initiatives, août qui constitue d'habitude le mois où le Tourisme engrange le plus des rentrées d'argent, sera considéré comme le début de la saison morte ! Il faut aussi souligner que cette saison estivale, et pour au moins les six années à venir, le Ramadhan coïncide avec les mois d'été. Le manque à gagner serait important, selon les promoteurs qu'on a approchés. En effet, le mois de juillet était moyen par rapport aux attentes et aux autres années. Selon les derniers chiffres fournis par les services de la Protection civile de la wilaya d'Oran, les plages d'Oran ont accueilli plus d'un million et demi d'estivants durant la période allant du 1er au 24 juillet de cette année. Alors que durant les autres saisons, l'affluence des estivants dépassait de loin les deux millions en moyenne par mois d'été. L'année dernière, les 28 plages ouvertes ont accueilli 453.700 estivants pour le mois de juin et 2.200.000 au cours du mois d'août. Cette saison 2010, tout le monde tablait sur une affluence record pendant le mois de juillet. En effet, dès le début du mois de juillet, les commerçants saisonniers se sont rués vers la corniche oranaise, espérant comme à l'accoutumée que leur investissement leur rapportera gros. Que nenni ! L'exemple tunisien En Tunisie, un programme d'animation nocturne pour les soirées du Ramadhan a été finalisé. Les piliers indicateurs de ce programme a été pris en considération par le programme présidentiel, qui porte une constante sollicitude à la marche du secteur du Tourisme, à travers les objectifs ambitieux du programme présidentiel (2009-2014), notamment, ceux concernant l'accueil de dix millions de touristes au cours des prochaines années et l'amélioration de la rentabilité économique du secteur. Plusieurs recommandations ont été destinées à tous les secteurs d'activité. Première recommandation: les services hôteliers sont appelés à s'adapter aux besoins spécifiques des touristes musulmans pendant le Ramadhan. Le transport public et privé sera également assuré dans les zones touristiques jusqu'à l'aube, dans le but de faciliter les déplacements vers les monuments historiques et les festivals, mais aussi vers les mosquées. Des espaces ouverts décorés à l'orientale seront installées au sein des établissements hôteliers pour accueillir «El Iftar» (rupture du jeûne). Pour les touristes maghrébins, les hôteliers tunisiens ont aussi prévu d'autres prestations adaptées au mois sacré. Des spectacles et des manifestations artistiques nocturnes seront animés par des troupes traditionnelles et même des pastiches des animations algériennes du Ramadhan, telles les «bouqalate» sont au programme. Contourner … est la solution Le Tourisme est connoté négativement dans la mentalité des Algériens. D'après un sociologue de la faculté d'Oran, «on a beau être moderniste, laïcisant, on berce facilement dans la religiosité. Et le poids du collectif est tellement puissant, que même des personnes habitant seules, cherchent pendant le Ramadhan à se fondre dans la masse». D'ailleurs on l'a bien vu au moment où le Ramadhan tombait autour des fêtes de fin d'année: très peu d'alcool (et en secret), point de sapins de Noël, ni célébrations publiques, et à peine quelques affiches et décorations de circonstances. Si les Algériens préfèrent contourner ce qui s'oppose au jeûne. La stratégie touristique devrait s'adapter à cela. Cette saison était celle des vaches maigres. Ce sera idem pour les prochaines saisons, où le mois sacré coïncidera avec les périodes de vacances. Devant cette situation, les pouvoirs publics sont appelés à concevoir et élaborer un plan, afin de ne pas être pris de court et de tenter de trouver les meilleurs moyens qui permettront de pallier ce manque à gagner.