Après plusieurs mois d'accalmie nourrie par des prévisions de récolte importante, le marché céréalier risque de flamber de nouveau en raison des évènements enregistrés depuis le mois de juillet et qui commencent à pousser les cours à la hausse. C'est que les perspectives de la prochaine récolte de céréales, notamment de blé, ont été sensiblement affectées par les conditions défavorables du mois écoulé en certains points de la région Mer Noire, de l'UE et du Canada. Selon le dernier rapport publié par le Conseil international des céréales, le total de la production de blé et de céréales secondaires est désormais placé à 23 millions de tonnes de moins qu'avant, à 1.753 millions, en retrait par rapport au quasi-record de 1.782 millions enregistré l'an dernier. Les surcoûts de la sécheresse russe Une recrudescence des craintes liées au résultat des moissons de cette année chez certains fournisseurs clés de l'hémisphère Nord, notamment pour le blé et l'orge dans la région Mer Noire, a propulsé les prix des céréales et les oléagineux à la hausse en juillet. Les cotations à l'exportation pour le blé de meunerie dans l'UE et la région Mer Noire ont grimpé de plus de 70 dollars la tonne environ, en réponse à des rapports faisant état de pertes de rendement provoquées par la sécheresse dans certaines régions, avec des marchés qui spéculaient aussi sur d'éventuelles restrictions à l'exportation en Russie et en Ukraine. Toutefois, de nouvelles ventes substantielles de blé ont d'ores et déjà été enregistrées dans ces pays. Les cours à terme du blé aux Etats-Unis ont atteint leur plus haut niveau en plus d'un an avec une activité spéculative considérable, mais les valeurs à l'exportation sont néanmoins devenues de plus en plus compétitives par rapport aux autres origines, de sorte que l'ampleur des disponibilités de cette année va probablement susciter un net redressement des ventes à l'étranger. D'après le CIC, l'impact des conditions météo s'est surtout fait sentir sur les cultures de blé et d'orge de l'hémisphère Nord, abaissées respectivement de 13 et 7 millions de tonnes, avec peu de changement dans le chiffre du maïs. La détérioration des perspectives de récolte a provoqué une révision à la baisse des prévisions d'utilisation dans l'alimentation animale, avec une consommation mondiale qui devrait désormais ne grimper que de 0,8 %, à 1.774 millions de tonnes ; la hausse des usages industriels et de l'utilisation dans l'alimentation humaine compensera une réduction de l'utilisation dans l'alimentation animale. Les prévisions de production mondiale reculant davantage que la consommation, les stocks mondiaux de report de céréales en 2010/11 sont placés à 18 millions de tonnes de moins qu'avant, à 369 millions. Cela fait 21 millions de tonnes de moins que les stocks de report estimatifs 2009/10 mais un chiffre plus ou moins analogue à l'année précédente. Les échanges mondiaux de céréales en 2010/11 (juillet juin) sont estimés à 234 millions de tonnes, niveau presque inchangé par rapport au mois de juin, le problème de production de ces derniers mois touchant davantage les exportateurs que les pays importateurs. Les prévisions ne sont qu'à peine en dessous du volume de 235 millions de tonnes de l'année précédente et très inférieures au record de 249 millions établi en 2008/09. Les échanges de blé devraient régresser de 4 millions de tonnes environ, mais ceux de maïs devraient se redresser d'un volume presque identique. Pour compenser les réductions attendues des exportations par la Russie et l'Ukraine, on note des hausses significatives des prévisions d'expéditions pour les Etats-Unis et l'Argentine, avec des disponibilités mondiales qui restent abondantes. Des perspectives peu prometteuses Concernant les perspectives pour le blé, le CIC relève qu'une période prolongée de sécheresse et des températures élevées ont sensiblement réduit les perspectives de rendement en Russie, au Kazakhstan, en certains points de l'Ukraine et dans les régions du nord-ouest de l'UE, alors que le temps humide et les inondations ont nui aux cultures au Canada et dans le sud-est de l'Europe. Les prévisions de production mondiale de blé en 2010 sont rognées de 13 millions et placées à 651 millions de tonnes (677 millions), bien que ce chiffre soit tout de même le troisième plus haut niveau jamais enregistré. Une forte réduction de l'utilisation dans l'alimentation animale rogne de 5 millions les prévisions de consommation mondiale de blé en 2010/11, à 655 millions de tonnes (648 millions). La détérioration des perspectives de production abaisse de 9 millions les prévisions de stocks de report à la fin de 2010/11, pour les placer à 192 millions, mais ce chiffre n'affiche qu'un modeste repli par rapport au plus haut en huit ans de la campagne précédente. Les échanges mondiaux de blé en 2010/11 sont estimés à 120,4 millions de tonnes, une modeste hausse par rapport au mois dernier mais un repli de 4,0 millions sur les estimations de la campagne 2009/10, principalement pour traduire l'amélioration de l'offre de blé de meunerie au Proche-Orient asiatique. La forte baisse des prévisions de récolte formulée ce mois-ci pour le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine se reflète dans la détérioration des prévisions d'exportations, mais elle est compensée par une hausse sensible des exportations, en particulier par les Etats-Unis.