La sécheresses et les incendies ont sérieusement impacté la production de blé en Russie à telle enseigne que celle-ci a décrété un embargo sur les exportations. La réaction des marchés ne s'est pas fait attendre, les cours du blé ont flambé et ont atteint des records. Mais au-delà de la flambée des prix c'est les risques de pénurie de blé qui relancent les débats. Aussi, les pays du Maghreb risquent d'être fortement impactés par cette situation. En effet, la production de céréales au Maghreb est en baisse. Selon l'agence Reuters, les récoltes de céréales au Maroc et en Algérie, les deux principaux producteurs de céréales en Afrique du Nord, seront globalement conformes aux prévisions de baisse, tandis que la récolte de la Tunisie est plus faible que prévu. En Algérie, le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, a annoncé, le mois dernier, des prévisions tablant sur 4,5 millions tonnes, en précisant que la récolte du blé dur sera meilleure que celles de blé tendre et d'orge. Une source du ministère algérien de l'Agriculture avait déclaré à Reuters, peu de temps auparavant, que la récolte devrait être comprise entre 5 millions et 5,5 millions de tonnes. Des opérateurs du secteur agricole estiment que les pluies irrégulières au début de l'année et les inondations de juin ont affecté le niveau de la récolte. Le Maroc, qui a prévu de produire 8 millions de tonnes de céréales, a vu sa récolte baisser par rapport l'an dernier (10,2 millions). La récolte de l'Algérie sera d'environ 4,5 millions de tonnes, contre un record de 6,1 millions de tonnes l'an dernier, selon des estimations locales. La récolte au Maroc, premier producteur de la région, sera conforme aux prévisions faites en avril par le ministère de l'Agriculture, a déclaré le chef de la principale organisation d'agriculteurs dans le pays. "La récolte est bonne, parce qu'elle est plus élevée que la moyenne des cinq dernières années", précise cependant Bouchta Bousouf, président de la Fédération marocaine des chambres d'agriculture, cité par Reuters. "La qualité de la récolte est également bonne. Mais nous ne pouvons pas dire très bonne, parce que la récolte précédente a été vraiment excellente en termes de qualité", ajoute-t-il. Selon les chiffres publiés par l'Office national interprofessionnel de céréales et des légumineuses (Onicl), les prévisions tablaient sur une récolte de 3,8 millions de tonnes de blé tendre, 1,7 million de tonnes de blé dur et de 2,5 millions de tonnes d'orge. L'office ne précise pas cependant si ces chiffres sont basés sur de nouvelles données ou sur une ancienne prévision. Pour sa part, la Tunisie tablait sur une récolte de céréales de 1,6 million de tonnes, en baisse par rapport à l'année précédente (2,5 millions), mais un responsable de l'Union nationale des agriculteurs tunisiens (Unat), le syndicat des agriculteurs, Mongi Cherif, cité aussi par Reuters, revoit cette prévision à la baisse. La récolte se situera, selon lui, entre 1,1 million et 1,2 million de tonnes. Les faibles pluies enregistrées cette année ont affecté la récolte. Le ministre tunisien de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdessalem Mansour, qui annonçait, le 22 juillet dernier, une récolte de céréales plutôt "moyenne", a indiqué que son département présentera prochainement au gouvernement un dossier sur les moyens d'aider les agriculteurs et les éleveurs à surmonter les obstacles dus à cette année "difficile" et garantir un bon démarrage pour la prochaine saison. La Libye, qui a la population la moins nombreuse de la région, a annoncé, en juin, une récolte estimée à 300.000 tonnes. Ce pays fait des récoltes plus tôt que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie parce que ses terres agricoles se trouvent un peu plus au sud. "Aucun des quatre pays n'a jusqu'à présent donné une indication sur la façon dont il va modifier ses plans d'importation, après que la sécheresse de Russie ait monté les prix et que ce pays ait décidé d'arrêter ses exportations", souligne Reuters en conclusion. L'impact sur les cultures des conditions météorologiques défavorables de ces dernières semaines a conduit la FAO à réviser à la baisse ses prévisions de production mondiale de blé pour 2010. En quelques semaines, la FAO a dû revoir à la baisse ses prévisions de production mondiale de blé pour 2010 : 651 millions tonnes, contre 676 millions annoncées en juin. En cause, des conditions météo extrêmes dans plusieurs grands pays exportateurs comme la Russie, le Kazakhstan et l'Ukraine. Une diminution de la production prévue au Canada, un autre grand producteur et exportateur de blé, a renforcé les inquiétudes du marché. Conséquence : les prix internationaux du blé ont bondi de plus de 50 % en quelques semaines. Une augmentation rapide qui suscite les craintes d'une répétition de la crise de 2007/08. Notons par ailleurs que la France devrait engranger une récolte céréalière plus faible en volume, comparé à celle de l'an dernier, mais de "belle qualité", ont indiqué l'Office public FranceAgriMer et l'Institut du végétal Arvalis, mercredi dans un communiqué. La récolte d'orge est terminée tandis que celles du blé tendre, blé dur et colza se poursuivent dans le Nord, dans l'Est et sur la bordure maritime de la Manche. Dans l'ensemble, la récolte 2010 est caractérisée par une "grande hétérogénéité des rendements" dans les régions en raison des conditions climatiques disparates au cours de la campagne.