Le président de la République qui recevait dimanche soir le ministre des Transports Amar Tou pour les traditionnelles auditions des membres de l'exécutif n'a pas raté cette occasion pour passer à la moulinette le détenteur du portefeuille. Si le ministre en question s'est bien tiré d'affaire lors de cette soirée dans le dossier relatif aux projets du secteur ferroviaire où plusieurs réalisations sont à inscrire à son actif, cela n'a pas été le cas avec les chantiers de transports urbains, notamment le métro et le tramway qui accusent d'importants retards. D'ailleurs au terme de la présentation faite par le ministre des Transports la situation de son secteur, le chef de l'Etat ne s'est pas privé d'« instruire » -évidemment les mots sont bien choisis pour la dépêche- le gouvernement « d'accélérer l'achèvement des grands chantiers concernant les transports publics dans la capitale et les autres grandes agglomérations du pays ». Sans les nommer, le président Bouteflika fait allusion surtout aux projets du métro et du tramway d'Alger, et des tramways en cours de réalisation à Oran et Constantine. Le président a d'ailleurs réclamé que le vaste plan d'agrandissement du réseau ferroviaire « soit réalisé dans les délais afin d'accélérer le développement économique du pays ». La capacité du secteur des transports « à générer le développement économique et industriel dans les zones qu'il dessert (...) impose au gouvernement et à l'ensemble des opérateurs impliqués dans la réalisation des projets de mener à terme et dans les délais l'ambitieux programme ferroviaire retenu pour le pays », a affirmé le chef de l'Etat. Bien que le communiqué de la présidence ne rende pas compte réellement du climat dans lequel s'est déroulée l'audition, le dernier paragraphe cache mal la colère du chef de l'Etat devant l'énorme retard qu'accusent les chantiers du métro et du tramway dans la capitale. Amar Tou a certes essayé de se défendre en assurant au président que pour le Métro d'Alger, toutes les stations sont achevées et l'ensemble des équipements opérationnels et la totalité des rames de voitures réceptionnées et que les essais dynamiques sont en cours. Croyant que cela pourrait lui être d'un grand apport, il ajoute même que l'opérateur titulaire de la concession d'exploitation du Métro, s'implique progressivement dans les essais, après avoir formé les formateurs à la conduite des rames et engagé des ingénieurs algériens en prévision de la création d'environ 500 postes d'emploi. Il évoque ensuite la situation du tramway pour expliquer que les travaux sont engagés sur l'ensemble du tracé allant du boulevard des Fusillés à Dergana, promettant qu'une partie de la 1ère ligne sera livrée début 2011, au plus tard, sans préciser que quelle tronçon il s'agit. Les remontrances du chef de l'Etat à l'adresse du ministre des Transports ne se sont pas arrêtées au dossier du métro et du tramway puisque ce dernier aurait entendu pas mal d'«amabilités» lorsque le président a fait référence à la situation qui règne que les transports urbains. Bouteflika a évoqué l'anarchie qui caractérise ce segment du transport et appelé le gouvernement « à mettre un terme aux abus constatés, notamment, en matière de sécurité des passagers ». C'est dire que le ministre des Transports a passé une soirée pas tranquille en face du chef de l'Etat.