Le scandale des transferts de devises (en espèces et à travers des opérations bancaires délictueuses) des ports et aéroports algériens vers les banques espagnoles, françaises et maintenant allemandes connaîtra-t-il son épilogue en 2010 ? En tout cas, les banques algériennes et les Douanes se montrent déterminées à y mettre fin en fixant en synergie leurs efforts. En effet, un plan de lutte commun qui se veut exhaustif sera mis à jour dès le début de l'année prochaine. Hérités de l'ouverture «maladroite» de l'économie vers le libéralisme, ces tares seront combattues avec force à l'avenir. En effet, le système bancaire algérien et les assises juridiques pour démasquer et lutter contre les fraudeurs ont été sous dimensionnés. Désormais, l'Algérie a acquis une expérience dans le domaine : la Banque d'Algérie et les Douanes procèderont prochainement à la mise d'un système de contrôle des mouvements de capitaux de et vers l'étranger, a indiqué ce jeudi le Délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa. Intervenant sur les ondes de la radio nationale, ce responsable a précisé que cette coopération entre les banques et les services douaniers en matière de contrôle de flux des capitaux de et vers l'Algérie sera opérationnelle dès l'année 2011. «Sur orientation de la Banque d'Algérie, un système de contrôle «on-line» sécurisé est mis en place entre les banques et la base de données des services de douanes pour contrôler l'ensemble des opérations d'importations», a-t-il expliqué. «Le flux de capitaux vers l'étranger notamment pour l'importation de biens et services nous fait obligation de veiller à ce que les opérations soient accompagnées également de flux de biens vers l'Algérie», a-t-il encore souligné. L'objectif étant essentiellement de sécuriser ces opérations par le biais d'une synchronisation des actions des banques et de l'administration fiscale. Sociologie d'un massacre économique Depuis plus des décennies, des fonds quittaient le pays dans des valises, sans passer par le canal bancaire, comme l'oblige la réglementation du contrôle de change. Ils seraient des centaines de millions de dollars à être acheminés vers l'Espagne et le sud de la France. Plus de 600 millions d'euros ont été transférés en deux ans (2006/07), selon les chiffres avancés par les services espagnols. Sur la liste des Espagnols, cinq viennent en tête avec des montants qui dépassent largement un demi-million d'euros pour chaque voyage. Ainsi, l'Algérie est classée troisième en Afrique en matière de flux financiers illicites, dont le montant a atteint 25,7 milliards de dollars entre 1970 et 2008, selon un rapport de l'organisation non gouvernementale, Global Financial Integrity (GFI) sur ce fléau en Afrique. L'Algérie devance le Maroc et l'Afrique du Sud, qui cumulent respectivement 25 milliards et 24 milliards de dollars de flux financiers illicites. Le montant global en Afrique de ces transferts illégaux dépasse 854 milliards de dollars, dont la moitié a été effectuée entre 2000 et 2008. La filiale Dubaï a été également très active en transférant des sommes égales à celles acheminées vers l'Europe. L'Allemagne, la nouvelle plaque tournante Après l'Espagne, la France et Dubaï, l'Allemagne est devenue la plaque tournante des dépôts de fonds transférés illégalement à partir du Maghreb, selon des informations concordantes. Certains Algériens qui avaient amassé des fortunes durant la décennie noire, n'avaient pas trouvé de difficultés à faire fuir ces capitaux en Allemagne qui semblait emboîter le pas à la Suisse. L'Allemagne qui a ouvert ses portes à tous ceux qui avaient fuit leurs pays, notamment des Algériens, continuent de fermer les yeux sur l'argent sale qui atterrit sur son sol. Selon des indiscrétions, cet argent est transféré par des passeurs spécialisés, qui traversent la Méditerranée en toute quiétude. Certains capitaux retournent au pays à travers l'importation de véhicules qui sont revendus en Algérie après l'accomplissement de la procédure du dédouanement.