Le Canada se tire mieux d'affaires que ses partenaires du groupe des sept (G7) en ce qui a trait à son produit intérieur brut. L'emploi se porte mieux. Et l'équilibre est dans quatre années. Le Canada disposait de nombreux avantages qui ont atténué l'impact de la crise sur les Canadiens. On annonce que depuis juillet dernier, pas moins de 423 000 emplois ont été créés en plus de la récupération des emplois perdus durant la récession. Après avoir laissé planer la nouvelle au cours des dernières semaines, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a confirmé ce mardi que le déficit du pays serait plus élevé que prévu cette année. Si le dernier budget, déposé en mars 2010, annonçait un déficit de 53,8 milliards, le ministre Flaherty a corrigé le tir, au moment de présenter sa mise à jour économique mardi, en indiquant que le déficit atteindrait plutôt 55,6 milliards en 2009-2010. M. Flaherty prévoit néanmoins un retour à l'équilibre budgétaire d'ici cinq ans, soit d'ici 2015-2016 alors que le Canada devrait compter un surplus de 2,6 milliards, selon les prévisions du ministère des Finances. Le déficit a gonflé de 1,8 milliard par rapport aux prévisions budgétaires de mars 2010, une hausse que le ministre a justifiée par le fait que «le Plan d'action tire à sa fin, alors que l'économie prend du mieux». Des quelque 55 milliards, près de la moitié - 21 milliards - sont attribuables aux dépenses engendrées par le plan de relance d'Ottawa. Près de 8 milliards de cette somme correspondent aux baisses d'impôt accordées en vertu du Plan d'action économique, tandis que 13,3 milliards sont attribuables aux mesures de dépenses. Si l'économie mondiale va mieux qu'au plus fort de la récession qui a secoué la planète, l'activité économique demeure plus faible en 2009 qu'en 2008 et la reprise demeure fragile, a réitéré le ministre Flaherty, à l'instar des mises en garde émises depuis quelques semaines. Le ministre demeure confiant que le ralentissement économique se résorbera. Malgré l'incertitude qui plane toujours, le ministre Flaherty a soutenu, en point de presse suite à son discours prononcé à Mississauga en Ontario, qu'Ottawa ne prévoyait pas de nouveau plan de relance. Mais le gouvernement continue de surveiller la situation, et si l'économie en venait à se détériorer davantage et qu'il fallait en faire plus, la porte pourrait être ouverte, a-t-il précisé, alors qu'il refuse de parler de nouvelles mesures de stimulus depuis des mois. Même s'il a fait valoir que «le Canada disposait de nombreux avantages qui ont atténué l'impact de la crise sur les Canadiens», le ministre a néanmoins fait valoir les réussites du plan de relance de son gouvernement. L'emploi, baromètre «Je suis heureux de pouvoir dire que les projections financières décrites dans la présente mise à jour montrent que le plan du gouvernement est sur la bonne voix», a-t-il souligné, devant la Mississauga Chinese Business Association, mardi midi. Selon la plus récente mise à jour économique du ministre conservateur, les revenus du pays ont diminué de 14,5 milliards, par rapport à l'exercice précédent, notamment en raison de la baisse des rentrées d'impôt sur le revenu des particuliers, compte tenu de la faible progression du revenu personnel et des allègements fiscaux accordées dans le cadre du plan de relance (notamment le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire). Ottawa a également dû encaisser une hausse des charges, qui ont augmenté de 35,4 milliards cette année. La mise en oeuvre du Plan d'action économique y est, là encore, pour quelque chose, de même qu'une hausse prévue des transferts aux provinces en matière de santé, de programmes sociaux et de péréquation. Cette enveloppe compte également le versement de 5,9 milliards à l'Ontario et la Colombie-Britannique en guise de compensation à l'harmonisation de la taxe de vente. Québec tente d'obtenir un tel dédommagement depuis des années, mais Ottawa réplique que la taxe de vente québécoise n'est pas entièrement harmonisée à celle du fédéral. Compte tenu du déficit record enregistré cette année, la dette fédérale a augmenté de 55,4 milliards, pour s'établir à 519,1 milliards. En matière d'emploi, le Canada a réussi à récupérer tous les emplois perdus pendant la récession et près de 423 000 emplois ont été créés depuis juillet. Et le taux de chômage au pays est redescendu à 8,1%, après avoir atteint un sommet de 8,7%, ce qui le place aujourd'hui à 1,5 point de pourcentage en-deçà du taux affiché aux Etats-Unis. Après avoir ajusté en 2009 les prévisions budgétaires des économistes du secteur privé qu'il a consultés en vue de concevoir ses budgets, le ministre Flaherty n'avait pas cru bon de faire de même dans son budget de mars dernier. Mais cette précaution a été réinstaurée, dans sa mise à jour économique rendue publique mardi, afin d'ajuster l'estimation du produit intérieur brut nominal. «Les défis planétaires actuels, et plus particulièrement l'incertitude qui entoure la vigueur de la reprise aux Etats-Unis, représentent un risque pour les perspectives économiques et financières du Canada», a expliqué M. Flaherty. Le Canada est donc sur la bonne voie pour sortir de la récession sans grands bouleversements. Même que la lumière au bout du tunnel paraît de plus en plus forte. Mais la partie n'est pas encore gagnée…