Or dans les pays du Sud de la Méditerranée, l'investissement intérieur reste faible. L'explication est à chercher du côté de la qualité institutionnelle. Des chercheurs de l'Université Paris XII, du Centre d'économie de Paris-Nord (CEPN), du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), du Centre de recherche en économie appliquée au développement d'Alger (CREAD) et de la Faculté des sciences économiques et de gestion El Manar à Tunis, se sont penchés sur l'articulation des IDE avec l'investissement intérieur privé, dans une étude réalisée sous l'égide du Forum Euroméditerranéen des Instituts des Sciences Economiques (Femise). L'étude cite l'exemple de l'Algérie qui, malgré sa rente pétrolière, reste pénalisée dans sa croissance par le retard pris par les réformes des Institutions et son «climat des affaires». M. Y. BENABDALLAH, directeur de Recherche au CREAD et Professeur à l'INPS, N. HAMIDOUCHE, chargée de Recherche au CREAD et T. RAHMOUN de Université Paris XII ont étudié l'effet des ressources naturelles sur l'économie algérienne. Les chercheurs indiquent qu'en Algérie «le choc positif des termes de l'échange qui dure depuis quelques années est couplé à une croissance fragile et volatile». par ailleurs, estiment-ils, les politiques publiques ne parviennent pas encore à créer un relais pour la croissance dans le secteur privé ni à attirer de manière substantielle les Investissements Directs Etrangers. Les chercheurs notent que le secteur des Hydrocarbures a pris progressivement de l'importance dans l'économie et la société algérienne. Il participe, actuellement, à 98% des exportations, à plus de 70% aux recettes budgétaires et à 47% au PIB. Avec un tel poids, il est évident que ce secteur influence fortement la croissance globale. En 2004 et 2005, il contribuait à la croissance à plus de 45%. En 2006 et 2007, la croissance négative du secteur (-2% en moyenne) a entraîné vers le bas le taux de croissance qui est passé de 5,6% en 2005 à 1,7% en 2006 et à 2% en 2007. Hors Hydrocarbures, elle reste, cependant assez élevée (5,2% en 2006 et 2007). Elle dépend en partie du secteur des Hydrocarbures via le budget de l'Etat dans la mesure où les secteurs qui croissent le plus, tels que le BTP et la construction (11,5%), sont ceux qui profitent de la demande publique. L'industrie et l'agriculture qui constituent le secteur des biens échangeables contribuent marginalement à la croissance économique (12% en 2005). Il s'agit donc d'une croissance qui n'a rien d'exceptionnel sachant que son taux atteint à peine la moyenne des pays africains. Par ailleurs, elle est exogène et impulsée essentiellement par le secteur des Hydrocarbures qui se développe à la manière d'une enclave. Les chercheurs ont conclu que suite à l'augmentation du prix du pétrole, l'Algérie connaît ces dernières années une aisance financière toute particulière. Cette situation, couplée à des politiques monétaires et budgétaires prudentes, a permis d'enregistrer de bons indicateurs macroéconomiques. «La croissance n'est, cependant, pas encore soutenue», soulignent-ils, arguant que les résultats médiocres de 2006 et 2007 montrent une fois de plus son caractère volatile et sa dépendance à l'égard des Hydrocarbures. «La croissance hors Hydrocarbures, qui reste appréciable, ne signifie nullement que les secteurs qui la génèrent se soient autonomisés des Hydrocarbures. Ils croissent grâce à la demande publique qui dans le long terme subit fatalement la volatilité des termes de l'échange» expliquent-ils. L'objectif, pour eux, serait de combattre voire d'atténuer les effets néfastes d'une telle volatilité par le biais de politiques d'accompagnement et de gestion de la rente qui permettraient de préparer un environnement économique et institutionnel favorable à l'entreprenariat, à l'investissement local, aux IDE et à leur partenariat de façon à favoriser une croissance économique soutenable, diversifiée et indépendante de la volatilité des termes d'échanges.