Il n'est pas sûr que la manne financière soit suffisante pour redonner vie aux sociétés locales. Six universités et centres de recherche des deux rives de la Méditerranéenne se sont penchés sur l'étude de l'économie maghrébine. Celui-ci cite l'exemple de l'Algérie qui, malgré sa rente pétrolière, reste pénalisée dans sa croissance par le retard pris par les réformes des institutions et son climat des affaires. Le pays est mis en opposition avec la Tunisie enregistrant des performances économiques et une amélioration de l'environnement des affaires. C'est pour ces raisons que les IDE y représentent 10% des investissements productifs et génèrent le tiers des exportations et engendrent plus de 15% des emplois. Ce qui est loin d'être le cas pour l'Algérie. Ces comparaisons font dire aux auteurs de l'étude qu'un pays ayant une meilleure gouvernance publique et plus ouvert à l'international et ayant des institutions financières développées, sera mieux placé pour atteindre un investissement national élevé. Le plan quinquennal tente de corriger certains aspects de ces dysfonctionnements. C'est le cas lorsque le programme inscrit l'objectif de mise à niveau de 20.000 entreprises. Parmi les institutions en charge d'accompagner ces investisseurs figure l'Agence nationale de la PME. Mais le financement du programme est-il un gage suffisant pour garantir sa réussite? Ce n'est pas l'avis d'Ali Harbi, consultant en mise à niveau des entreprises. Il pense que les capacités de l'Andpme ne lui permettent pas d'atteindre l'objectif de mise à niveau de 20.000 entreprises entre 2010 et 2014. L'enveloppe allouée au projet sera de 1000 milliards de dinars dont 380 milliards en concours direct, le reste étant acquis en bonification des intérêts des crédits bancaires. L'un des écueils pour la réalisation du programme réside dans les capacités de l'agence. En cinq ans, seulement 350 entreprises ont été touchées par l'Andpme. Comment pourrait-elle traiter 20.000 sociétés dans le même laps de temps sachant qu'il y a presque un demi-million de PME? Nous avons tenté de poser cette question aux responsables de l'Agence mais ils étaient occupés à organiser des réunions avec des cadres. Même lorsqu'elle fait appel à des consultants externes, ils ne sont payés qu'avec du retard, ce qui ne les encourage pas à investir ce créneau. Ce constat soulève la question sur la qualité des institutions. Elle est déterminante du niveau des investissements domestiques et étrangers. L'étude des centres universitaires fait ressortir que les investisseurs internationaux ont tendance à privilégier les territoires dans lesquels l'investissement local est déjà élevé. Or, dans les pays du Sud de la Méditerranée, comme l'Algérie, l'investissement intérieur reste faible. L'explication est à chercher du côté de la qualité institutionnelle, selon l'étude. S'appuyant sur des modèles économiques portant sur 68 pays émergents et en développement, ils constatent que la dynamique de l'investissement intérieur exerce un effet d'entraînement significatif et particulièrement robuste sur les IDE, au même titre que le risque pays et le stock d'IDE existant. Les investisseurs étrangers recherchent en effet le même environnement que celui qui a entraîné les investissements locaux, celui qui offre des perspectives de croissance et de profit suffisantes. La qualité institutionnelle accroît donc l'investissement domestique. D'où l'idée de privilégier les politiques de stimulation de l'investissement intérieur, qui reste relativement faible dans les pays du Sud de la Méditerranée. Les chercheurs expliquent cette situation par l'influence des facteurs institutionnels. Selon eux, une meilleure qualité institutionnelle engendre plus d'investissement domestique, de croissance et de stabilité économiques. Dans les pays du sud de la Méditerranée, les investissements directs étrangers restent faibles. Pour l'expliquer, des chercheurs de l'université Paris-XII, du Centre d'économie de Paris-Nord, du Conservatoire national des arts et métiers, du Centre de recherche en économie appliquée au développement à Alger et de la Faculté de sciences économiques et de gestion El Manar à Tunis se sont ligués. L'étude réalisée sous l'égide du Forum méditerranéen des instituts des sciences économiques révélera d'autres vérités lorsqu'elle va paraître dans son intégralité.