Rien ne va plus à Port-au-Prince, en Haiti où la présence des casques bleus de l'Onu est sérieusement remise en cause. Et à l'ONU de menacer à son tour. «La communauté internationale va se retirer d'Haïti et le pays ne va pas bénéficier de l'appui et des ressources internationales, si la volonté populaire n'est pas respectée», a prévenu jeudi le chef de la Mission de l'ONU en Haïti. C'est la débandade ! «Si la volonté du peuple est respectée et reconnue par le Conseil électoral haïtien, il n'y aura aucun problème, la communauté internationale va s'engager et aider le nouveau gouvernement à faire face à des défis énormes», a promis le diplomate onusien, interrogé alors que le pays attend la publication des résultats du premier tour des élections contestées du 28 novembre. Un groupe de douze candidats à la présidence continue d'exiger l'annulation des élections présidentielle et législatives, marquées par des incidents meurtriers et, selon eux, des fraudes en faveur du candidat du pouvoir en place, Jude Célestin. La publication des résultats du premier tour des élections est annoncée pour le 7 décembre. Un climat de tension règne en Haïti où les manifestations publiques pour réclamer le départ du président René Préval sont désormais interdites. À Port-au-Prince, entre 2000 et 3000 personnes ont défilé dans le calme à l'appel d'une dizaine de candidats à la présidentielle qui demandent l'annulation du scrutin électoral, se disant victimes de fraudes au profit du candidat proche du président sortant René Préval. «Arrêtez Préval» ou «Annulez les élections» ont scandé les manifestants qui se sont rendus devant un bureau du Conseil électoral provisoire (CEP) pour réclamer son renvoi. D'un autre côté, Haïti, pays le plus pauvre des Amériques, dévasté par un séisme en janvier dernier et aux prises avec une épidémie de choléra qui a fait plus de 1800 morts, a connu coups d'Etat, régime dictatoriaux et élections truquées au cours de son histoire récente. Plusieurs dirigeants ont été contraints à l'exil, parmi lesquels le premier président élu démocratiquement, Jean-Bertrand Aristide. Au moins 12 personnes ont été lynchées au cours des derniers jours dans le sud-ouest d'Haïti en lien avec l'épidémie de choléra, tandis que plusieurs centaines de personnes défilaient dans la capitale Port-au-Prince pour réclamer l'annulation des élections de dimanche. «Une douzaine de personnes accusées d'avoir importé le choléra dans la région jusque-là épargnées ont été tuées à coups de machette, de pierres et les corps ont été brûlés dans la rue», selon la police locale. «Ces personnes sont accusées de sorcellerie liée au choléra. Selon la foule, elles auraient semé une substance qui propage la maladie dans la région». On semble retourner à l'âge de la pierre taillée. Selon les autorités sanitaires haïtiennes, la région de Grand'Anse, située à quelque 300 km de Port-au-Prince, est la moins touchée par l'épidémie qui a fait depuis la mi-octobre 1 817 morts dans le pays. Depuis le début de l'épidémie de choléra dans le pays, le plus pauvre des Amériques, dévasté en janvier dernier par un séisme qui a fait 250.000 morts, plus de 80 000 personnes ont été reçues dans les hôpitaux et les centres de traitement du choléra.