Véritable coup de massue pour l'opérateur égyptien propriétaire de la licence Djezzy en Algérie, l'accord signé avec VimpelCom, le géant russe des télécoms, devrait être tout simplement annulé. Et c'est un acteur de poids qui met son veto à la transaction. En effet, après avoir émis des doutes en octobre dernier sur la possibilité de concrétisation de l'accord passé VimpelCom et Weather Investments, propriété de l'opérateur égyptien Orascom Telecom Holding (OTH), le groupe norvégien Telenor, un des principaux actionnaires de la société russe (il détient 36% des actions du groupe), a déclaré cette fois-ci s'opposer de manière publique à la transaction. L'opérateur norvégien a bien choisi le timing pour rendre public sa position sur le dossier, puisque c'est aujourd'hui que le Conseil d'administration de VimpelCom doit décider à Amsterdam du sort à réserver au projet de rachat de Weather Investments par l'opérateur. L'attitude du groupe norvégien constitue-t-elle un avant goût de la décision qui sera prise aujourd'hui par les actionnaires du géant russe ? Très probable, si l'on se fie aux déclarations sans ambiguïtés du porte-parole de l'opérateur norvégien. « En notre qualité d'actionnaire dans VimpelCom, nous ne croyons pas que cette transaction aura un impact stratégique ou financier pour les actionnaires de VimpelCom », a-t-il déclaré hier, cité par des agences d'informations financières reprise par le journal électronique TSA. Selon le quotidien britannique le Financial Times, plusieurs raisons ont poussé l'opérateur norvégien à refuser de s'embourber dans le dossier Orascom, en conflit larvé avec l'Etat algérien. Outre l'ambiguïté et les incertitudes qui entourent l'avenir de Djezzy– filiale algérienne d'OTH – le prix relativement élevé de la transaction constitue l'un des plus importants arguments avancés par Telenor pour rejeter l'opération, d'après le journal. 1,8 milliard de dollars est le montant que VimpelCom doit avancer à Weather Investments, qui obtiendrait également l'équivalent de 4,8 milliards de dollars d'actions de l'opérateur russe. VimpelCom reprendrait également 15 milliards de dollars des dettes d'Orascom et de la filiale italienne du groupe de Sawiris Wind. L'autre point sur lequel bute cette transaction est la détention par Weather Investments de trois sièges au conseil d'administration du groupe, ce à quoi Telenor s'oppose. Mais il n y'a pas que cela qui bloque la transaction. Telenor ne veut pas d'une prise de contrôle de la filiale algérienne d'Orascom, Djezzy, par Vimpelcom ; car il s'agit de l'actif le plus lucratif de l'opérateur égyptien mais sa nationalisation est envisagée par le gouvernement algérien. Et c'est là qu'entre en ligne de compte la position de l'Etat algérien sur le dossier. L'opérateur norvégien semble avoir compris que les autorités algériennes ne lâcheront rien et sont décidées à « algérianiser » Djezzy. Ce tableau indique que, sauf retournement de situation, l'accord signé entre le groupe dirigé par le milliardaire russe Maikael Fridman et les Sawiris devait tomber à l'eau au grand dam de ce dernier qui pensait avoir réalisé la transaction qui l'aurait extrait du « piège algérien ». Tel est pris celui qui croyait prendre, serait-on tenté de dire après à cette évolution enregistrée dans le dossier. Sawiris doit se ronger les ongles suite à ces derniers rebondissements. Il l'aura en tout cas cherché.