Les spécialistes de l'eau sont sur le qui-vive et suivent de très près la nouvelle stratégie du ministre des ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, à Alger, Oran, Constantine et Annaba. Les spécialistes de l'eau sont sur le qui-vive et suivent de très près la nouvelle stratégie du ministre des ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, à Alger, Oran, Constantine et Annaba. La réunion des protagonistes du secteur de demain est attendue avec impatience. Les firmes de l'eau, comme Veolia, sont en embuscade. Tout le monde est aux aguets des résolutions de la réunion qui regroupera les responsables du ministère de l'eau et les quatre entreprises chargées de la gestion de la distribution de l'eau dans les wilayas d'Alger, Oran, Constantine et Annaba est prévue demain mardi. La concurrence bat également son plein dans les autres projets du secteur de l'eau. Dans le Plan quinquennal 2010-2014, l'Etat a alloué 27 milliards de dollars pour optimiser la gestion de ressources d'eau qui restent limitées et de faible qualité. Ce montant comprend pour partie la poursuite des projets du précédent plan encore en cours de réalisation: barrages, transferts, stations de potabilisation et d'épuration, de dessalement, réhabilitation réseaux d'eau potable… 19 nouveaux barrages à Béni Slimane (Médéa), Draa Eddiss (Sétif), Kef Eddir (Tipasa), Djedda (Souk Ahras), Sekfala (Laghouat, etc.) 25 systèmes de transferts d'eau vers Tizi-Ouzou, Médéa, M'sila et Bouira à partir de Koudiat Acerdoun ; Djelfa, Laghouat et Tiaret à partir de la nappe albienne ; Tamanrasset à partir d'In Salah (700 km de longueur). En cours de réalisation : 34 grandes stations d'épuration, 13 stations de dessalement d'une capacité de production de 100.000 à 500.000 m3/j chacune. Une concurrence importante est distinguée entre le Canada, la France, la Chine, la Turquie, l'Egypte et l'Espagne pour la réalisation des barrages et transferts, ainsi que d'entreprises algériennes publiques et privées pour la partie génie civil. On enregistre une forte présence française dans les secteurs de l'ingénierie, des services, sur les grosses stations de potabilisation et de traitement des eaux usées et grands barrages. La gestion déléguée des eaux des grands centres urbains Les quatre plus grands centres urbains du pays ont délégué la gestion de leurs services d'eau à des groupes de premier plan, mais aussi à des entreprises de taille plus modeste. A Oran, « l'entreprise espagnole Agbar a été correcte, selon le ministre. » En revanche, Gelsenwasser qui s'occupe des eaux de Annaba et les Eaux de Marseille qui gère les réseaux de Constantine, sont dans le collimateur et risquent de voir leur contrat respectif annulé par le ministre. Quant à l'avenir de la française Suez, qui gère les eaux du Grand Alger, il reste suspendu aux évaluations du ministère de l'eau. En somme, Suez est loin d'honorer ses engagements initiaux. Dans son intervention sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, pour le groupe français Suez, chargé de la gestion de la distribution de l'eau dans la capitale, M. Abdelmalek Sellal a déclaré «nous allons faire l'évaluation, et quelle que soit la situation nous devons absolument consolider les acquis obtenus à ce jour. Il y a eu de bons résultats qu'il faut aussi consolider». Et de poursuivre : «il y a eu de bons résultats au niveau d'Alger, il y a une tendance à avoir de bons résultats sur Oran, il y a une stagnation au niveau de Constantine et il y a une insuffisance à Annaba». Le ministre s'est montré mécontent des résultats, particulièrement concernant les villes d'Annaba et de Constantine, en précisant que si les tentatives d'améliorer la situation n'aboutissent pas, «on prendra les mesures nécessaires», en d'autres termes, la résiliation des contrats. Alors que des sources bien informées avançaient que le contrat de Suez ne sera plus prolongé, le ministre Sellal a montré une certaine indécision sur la question. Il est à noter que presque cinq années après sa mise en œuvre, Suez a enregistré un sérieux retard dans l'application du contrat de gestion déléguée de l'eau et de l'assainissement à Alger. Dès la première année, Suez n'avait pas honoré ses engagements initiaux, mais les responsables de la firme française, qui admettent eux-mêmes ce retard, avaient à maintes reprises affirmé qu'il sera rattrapé avant la date butoir, la fin de la période couverte par le contrat. Ce qui n'a pas été réalisé. La plupart des spécialistes du domaine estiment que désormais Suez, quelque soit sa performance, ne pourra pas honorer ses engagements en fin de contrat. Le ministre a toutefois promis de prendre des «mesures conséquentes» à l'encontre des entreprises qui n'ont pas atteint leurs objectifs en matière de la disponibilité de l'eau. «Nous sommes en train de booster ces entreprises, si ça ne donne pas de résultats nous allons prendre les mesures conséquentes », a-t-il affirmé. Gelsenwasser patauge à Annaba La gestion de l'entreprise allemande Gelsenwasser, qui s'occupe de la distribution de l'eau à Annaba, a été soumise à un audit. L'auditeur a fait une évaluation de la gestion des eaux à Annaba, qui déterminera la nature des mesures à engager. Si c'est bon, on continue. Dans le cas contraire, chacun prendra sa route », avait déclaré naguère Abdelmalek Sellal. Il est notamment reproché à Gelsenwasser et à La Marseillaise des eaux, qui ont signé les contrats en 2007, le non règlement du problème des fuites d'eau, la distribution non continue et le non respect des programmes de formation des personnels. Revenant sur ses déclarations faites à Washington, le ministre a précisé que l'Algérie a toujours cherché à rendre son marché concurrentiel. « Nous cherchons les meilleurs au prix le moins cher. Aux Etats-Unis, des opérateurs pensent que l'Algérie donne la préférence aux entreprises européennes du fait qu'elle soit liée par un accord d'association à l'Union européenne. Aussi ai-je tenu à dire que marché algérien est ouvert à tous les pays amis de l'Algérie, l'essentiel étant que nos partenaires nous offrent les meilleures prestations », avait-t-il expliqué. les Eaux de Marseille en déroute Quant à la firme française, les Eaux de Marseille, elle a fait l'objet également de vives critiques. En avril dernier, une commission ministérielle avait été dépêchée par le département des Ressources en eau à Constantine pour évaluer le travail effectué par la Société des eaux de Marseille (SEM). La société française avait fait l'objet, en février, d'une première mise en demeure adressée par la Société de l'eau et de l'assainissement de Constantine (SEACO) pour des «défaillances constatées», en lui accordant deux mois pour honorer ses engagements. Après avoir décroché, en juin 2008, un contrat d'un montant de 27,8 millions d'euros, la SEM «risque de voir son marché s'évaporer» au regard des nombreux manquements aux dispositions du contrat, a souligné le directeur de l'hydraulique de la wilaya, précisant que la tournée des représentants du ministère constitue «un ultimatum» pour la partie française qui accuse «un retard considérable» dans la réalisations des objectifs tracés dans le plan de développement de la wilaya de Constantine en matière de sectorisation du réseau de distribution, de comptage, de recherche et d'élimination des fuites, notamment dans les systèmes d'adduction. Un «bilan négatif» de la part de cette commission ministérielle provoquerait «inévitablement» la résiliation pure et simple du contrat. Le DHW a souligné qu'en dépit des efforts consentis par l'Etat et «les moyens colossaux mis à la disposition de la SEM, des quantités industrielles d'eau traitées continuent à être gaspillées et déversées dans les oueds». Les clauses des quatre contrats 1. Contrat ADE/ONA- Suez Environnement (Alger) : Ce contrat de gré à gré d'un montant de 117,731 millions d'Euros a été signé en Novembre 2005 et a donné lieu à la création à partir du 1er Avril 2006 de SEAAL (Société des Eaux et de l'Assainissement d'Alger). Au titre de ce contrat, Suez Environnement doit : - Rétablir le service de distribution H24. - Remettre en état de fonctionnement les ouvrages relatifs à l'eau potable et à l'assainissement. - Mettre en place et étalonner un système d'indicateurs de performance et de qualité des services de l'eau potable et de l'assainissement. - Assurer le management de SEAAL selon les conditions du contrat. 2. Contrat ADE/ONA- AGBAR (Oran) : A la différence du contrat pour Alger, le contrat de management pour Oran a été signé le 20 Novembre 2007 par le président du Conseil d'administration de SEOR (Société des Eaux et de l'Assainissement d'Oran). A la différence également de celui d'Alger, Agbar a été retenu suite à un appel d'offres national et international et l'attributaire est soumis à une rémunération comportant un fixe et une variable liée à la performance. Ce contrat d'un montant de 30.500.000 € TTC, a une durée de 5,5 ans. Il comporte une phase transitoire de 6 mois que le co-contractant mettra à profit pour élaborer le plan de développement. Le contrat a été mis en vigueur en Avril 2008. Le directeur général et les expatriés sont opérationnels depuis cette date. 3. Contrat ADE/ONA-Gelsenwasser (Annaba): Le contrat de gestion pour la société de l'eau et de l'assainissement des Wilayas Tarf et Annaba a été attribué à une société allemande à la suite d'un appel d'offres National et international. Le cahier des charges est identique à celui d'Oran en matière d'élaboration du plan de développement durant la phase transitoire de 6 mois et de rémunération qui comporte une partie variable liée à des indicateurs de performance. Le contrat a été signé le 17 Décembre 2007 par le Président du Conseil d'Administration de SEATA pour une durée de 5,5 ans et pour un montant en hors TVA de 23 315 305 €. L'ordre de service a été notifié le 1er Juin 2008 et une première équipe d'expatriés constituée du directeur général, du directeur commercial et d'un expert en informatique, en plus du directeur financier (Algérien) est opérationnelle. 4. Contrat ADE/ONA-Société des Eaux de Marseille Constantine): Le contrat entre la société de l'eau et de l'assainissement (SEACO : filiale ADE-ONA) et la société des eaux de Marseille a été signé le 24 Juin 2008 pour un montant de 36,578 020 millions € en TTC. Le 1er appel d'offres national et international a été déclaré infructueux. Pour le 2éme appel d'offres national et international, un seul soumissionnaire a été enregistré, en l'occurrence la SEM. Ce contrat contient les mêmes dispositions que celles retenues avec Gelsenwasser (Annaba et Tarf) et Agbar (Oran). Sa validité est de 5,5 ans et le système de rémunération et de déroulement des obligations est identique. Ce contrat est entré en vigueur en Septembre 2008.