Avec des réserves de changes qui culminent à 155 milliards de dollars et un fonds de régulation des recettes de l'ordre de 4.800 milliards de DA, les indicateurs fondamentaux de l'économie algérienne sont au vert. C'est ce qu'a expliqué M. Zoubeidi Abdelmalek, directeur général de la prévision et des politiques au ministère des Finances, invité hier sur les ondes de la radio chaîne 3. «Cette assise financière permet de conduire le programme 2011 dans des conditions soutenables », a-t-il indiqué au micro de la radio. Porté par des recettes pétrolières en hausse (25% de plus par rapport à 2009), le contexte macro-économique dans lequel évolue l'Algérie actuellement est plus qu'aisé. Au moment où la loi des finances 2011 est mise en vigueur, ces indicateurs présagent, en effet, d'une assise financière solide qui permet largement au pays de conduire sereinement sa politique à venir. Pour autant, l'Algérie en 2011, comme dans les années précédentes, risque un déficit du trésor. En effet, si les recettes sont en hausse, la dépense publique l'est aussi. Les programmes de réalisation structurants ne se comptent plus et la dépense publique s'en ressent. Selon M. Zoubeidi le budget de l'Algérie, en termes d'équipement et de fonctionnement, dépassera les 6.000 milliards de DA en 2011. «Le déficit du trésor existe, car nous sommes dans un contexte d'expansion de la dépense d'équipement» a ajouté M. Zoubeidi. Fonds de régulation des recettes : le joker des pouvoirs publics Cette situation de déficit n'a, toutefois, pas l'air d'inquiéter outre mesure les responsables algériens, et pour cause ! L'Etat dispose d'un instrument des plus efficaces pour combler le trou dans le trésor public. En effet, la loi des finances 2011 est basée sur un prix du baril de pétrole à 37 dollars. Or, son prix réel est bien au dessus, et le prix d'exportation du brut se situait à 77,19 dollars durant les huit premiers mois de 2010. Une prudence de la part des pouvoirs publics qui leur confère une marge de sécurité plus que considérable, notamment lorsqu'ils recourent à la dépense publique. Le déficit est, lui, compensé par le fonds de régulation des recettes, alimenté par le différentiel entre le prix réel du baril et le prix inscrit dans la loi des finances de 2011. Celui-ci dispose en ce moment de 4.800 milliards de DA. Contrôle de la dépense: les entreprises privées en ligne de mire Pour contrôler l'argent public, dorénavant tous les moyens sont bons. Taxés de gaspilleurs, ou laxistes par l'opposition quant à leur utilisation de l'argent public, les autorités semblent vouloir prendre les taureaux par les cornes. Après les nombreuses mesures énoncées dans le code des marchés publics, la mise au point de code de bonne gouvernance dans les entreprises publiques et la promulgation de lois anticorruption, l'Etat s'attaque aux opérateurs privés indélicats. Les entités ayant bénéficié de subventions de l'Etat, de prêts et autres garanties seront désormais soumis au contrôle. L'IGF, qui se cantonnait jusque là au contrôle de la dépense uniquement au niveau des ordonnateurs classiques, est maintenant habilitée à le faire. Cette nouvelle donne, en plus du contrôle de la dépense et des dérapages qui en découlent, pourrait également influer positivement sur la lutte contre la corruption. Pour finir, M. Zoubeidi a abordé hier, le sujet des réévaluations des coûts des projets qui soulèvent la polémique, notamment pour les grands projets tels que l'autoroute Est-Ouest. «Il faudrait veiller à ce que les projets inscrits à un certain montant ne soient pas alourdis avec des réévaluations additionnelles» selon lui, bien que celle-ci peuvent survenir. D'après le responsable, certaines réévaluations peuvent provenir réellement soit d'une maturation insuffisante du projet, soit d'une évolution imprévisible des prix des matériaux. Celles-ci doivent être, le cas échéant, prises en charge par les pouvoirs publics.