Une baisse tout à fait modique des prix de l'huile et du sucre est enregistrée depuis avant-hier chez les grossistes et détaillants d'Oran et d'Alger, sans descendre au plafonnement limité par le Gouvernement. Mais qui décide vraiment des prix ? La puissance publique ou les magnats de l'alimentaire ? Les prix ont baissé un petit chouia mais ils n'ont pas atteint les seuils fixés samedi dernier par les mesures exceptionnelles décidées par le gouvernement, a-t-on constaté. Chez certains épiciers de plusieurs quartiers, les mêmes prix affichés il y a une semaine sont de mises. Pour rappel, Mustapha Benbada, ministre du Commerce, a annoncé que les prix du sucre et de l'huile devront baisser à la fin de cette semaine pour atteindre les 90 DA pour le kg de sucre et 600 DA pour le bidon d'huile de 5 litres. Que nenni ! Selon Aboubakr, un commerçant de proximité dans un quartier oranais, les prix du sucre et d'huile restent les mêmes chez les grossistes, de Sidi El Hasni, un quartier oranais qui regroupe les commerces en gros de l'alimentaire. «En plus, je n'ai pas encore écoulé la marchandise de l'huile et du sucre achetée à prix fort avant les émeutes. J'attends toujours que les nouveaux prix fixés par le ministre entrent en vigueur pour m'approvisionner car, jusqu'à aujourd'hui, les prix sont restés les mêmes chez mes fournisseurs », a-t-il déclaré. Chez les grossistes de Sidi El Hasni, comme chez les vendeurs en gros ambulants, la bonbonne d'huile de 5 litres est proposée entre 630 et 650 da, le prix de gros. Chez les épiciers, les prix ne sont pas les mêmes. Les baisses les plus significatives sont enregistrées chez les commerces des quartiers populaires, à l'instar d'El Hamri, Ibn Sina, haï Daya, , Medioni, etc.,où la bouteille d'un litre d'huile est proposée entre 140 dinars alors qu'elle vaut 170 dinars, au centre ville d'Oran et à la Corniche oranaise. Le prix de la bonbonne de 5 litres est fixé entre 650 dans les mêmes quartiers et 700 da ailleurs. Même constat pour le sucre dont le kilogramme qui est cédé entre 100 et 120 da alors qu'il devait tourner autour de 90 da. Plusieurs commerçants justifient le statu quo des prix par le fait qu'ils n'ont pas encore écoulé tout leur stock. «Il faut encore attendre quelques jours avant que des réductions significatives, celles promises par le gouvernement soient effectives. A Sidi El Hasni, les commerçants engagent des sentinelles pour les alerter sur d'éventuelles descentes des contrôleurs des prix de la direction du commerce. Plusieurs boutiques sont restées fermées hier matin, ce qui a encore sanctionné un approvisionnement régulier des commerces de proximité et a maintenu des prix forts. La majorité des grossistes de Sidi El Hasni ont affirmé que la bonbonne d'huile sera cédée à 560 dinars au prix de gros, ce qui suppose qu'au détail elle avoisinera les 600 dinars. Les plus optimistes indiquent que le prix de la bonbonne devait être fixé à 520 da et celui du sucre à 50 da le kilo. Toutefois, il faut attendre la semaine prochaine, précisent-ils. A Alger, les prix baissent… un petit peu Au Gué de Constantine, banlieue Est d'Alger, un quartier où sont regroupés une cinquantaine de grossistes de produits alimentaires, la bonbonne d'huile de cinq litres est cédé à 560 DA alors que la bouteille de 2 litre est vendue à 235 DA, et celle d'un litre à 120 DA, rapporte l'APS. Chez ces mêmes grossistes et leurs concurrents du quartier de Jolie Vue (Kouba), le kilo de sucre conditionné est cédé à 87 DA alors que la même quantité en vrac est cédée à 86 DA. «Nous avons commencé aujourd'hui à appliquer les nouveaux prix comme convenu. Pour ce qui est de l'huile, les fournisseurs nous ont promis de nous rembourser la différence entre le prix avec lequel nous avons acheté nos stocks et celui avec lequel nous vendons actuellement », a indiqué un grossiste installé au Gué de Constantine, à l'APS. «Mais ce n'est pas encore clair pour le sucre. Car nous n'avons pas été contactés par les fournisseurs», a-t-il précisé, tout en avouant que «cela n'est pas un problème, puisque le sucre est un produit qui s'écoule rapidement et que les stocks des grossistes et demi-grossistes sont presque épuisés». Il a signalé, toutefois, que les grands dépôts de marchands de gros qui, d'habitude grouillent de clients, connaissent depuis quelques jours une très faible affluence. Chez les détaillants, on commence à juguler l'envolée des prix de l'huile et du sucre, a constaté l'APS auprès de plusieurs commerçants à Alger. Certaines supérettes d'El Madania, sur les hauteurs d'Alger, proposaient l'huile de moyenne qualité (Afia et Elio) au prix de 600 DA le bidon de 5 litres comme fixé à l'issue de la réunion ayant regroupé dimanche le ministre du Commerce avec les producteurs et transformateurs de sucre et d'huile. «Nous nous sommes approvisionnés dans l'après-midi d'hier auprès des grossistes de Gué de Constantine, et c'est à partir d'aujourd'hui que nous avons commencé à appliquer le nouveau prix de l'huile», a précisé le gérant d'une supérette de ce quartier populaire, selon lequel les prix du sucre, fixés à 90 DA le kilo, vont suivre cette tendance à la baisse dans un ou deux jours. Au niveau de la grande surface, appartenant au groupe Cevital, installée à Garidi I (Kouba), les prix du sucre et de l'huile s'affichaient «en nette baisse», selon un client rencontré sur place. Le litre d'huile de qualité moyenne «Elio» est vendu à 115 DA, contre 180 DA depuis le début de l'année. Quant à l'huile de qualité supérieure «Fleurial» de 2 litres, qui était cédée à 380 DA au détail, elle est passée à 269 DA, a-t-on constaté au niveau de cette grande surface. L'huile de table «Fridor» de qualité moyenne de 4 litres est, quant à elle, affichée actuellement à 580 DA.