par S. Slama Depuis sa prise de fonction, le wali d'Oran n'a pas cessé d'évoquer la feuille de route à laquelle il devrait se conformer dans l'exécution de sa lourde mission oranaise. Il a bien souvent fait référence à la modernisation de la ville. Une modernité qu'il est bien difficile à cerner tant ce terme a été trop galvaudé, selon lui. Au point où le nouveau maire d'Oran a lâché en pleine réunion : « kafana min ettourat ! » (On en a assez avec le patrimoine !) en réponse à un élu local qui avait osé parler de préservation du patrimoine immobilier de la ville d'Oran. A croire que le patrimoine n'a jamais n'a jamais été en odeur de sainteté auprès de nos élus et de l'administration par le passé et apparemment même au présent. L'occasion est donc trop belle pour tordre le cou au patrimoine, et se tourner vers la tendance du jour qui est la « modernité ». Il a été déjà question de raser ce qui reste de la Calére et du quartier Derb. Des décisions logiques, eu égard à l'état de délabrement avancé de ces vieux quartiers. Mais ne serait-il pas plus logique de mettre de restaurer ces quartiers emblématiques qui constituent l'âme du vieil Oran regroupé ? Préserver le quartier de Sidi Houari et le paysage culturel de la ville. C'est en tous les cas ce qu'avait laissé entendre le wali, à l'occasion d'une intervention devant les commerçants réunis dans l'hémicycle de la wilaya. « Raser des quartiers et dresser à leur place des tours, tape à l'œil en verre et en acier, ne suffira certainement pas pour de faire d'Oran une ville moderne ». Estime un urbaniste pour qui « il faut surtout changer de logique ». Dans son intervention à Oued Tlelat, le wali d'Oran a laissé entrevoir sa vision de la modernisation de la métropole oranaise. La première rupture n'est pas d'ordre patrimonial n'ont, déplaise au tenant de la terra nilus, mais d'ordre structurel pour ne pas dire de logique. Depuis toujours, décideurs politiques et urbanistes n'ont jamais osé rompre avec le vieux schéma concentrique qui consiste à bâtir d'est en ouest autour de la ville. C'est construire en cercle face à la mer, pour ne pas donner le dos à «l'une des plus belle baie au monde » avait dit M Boudiaf. Le développement concentrique, qui n'a pas les faveurs du wali, du moins c'est ce qu'il dira à l'assistance d'Oued Tlélat, a aujourd'hui atteint ces limites. Partant de la porte de Kristel, à l'est, et s'étalant jusqu' à la porte de M'sila à l'ouest, Oran est donc une ville finie. Sa modernité consistera donc à construire une nouvelle ville, ailleurs qu'autour de la baie. Au départ, trois sites étaient à l'étude : le premier site a été localisé à Arzew, le deuxième à Oued Tlélat et le troisième dans la commune d'El Kerma. C'est, semble-t-il chose faite. Le futur pôle urbain se situera quelque part au niveau de la commune d'El-Kerma, dans le territoire des «Zmalas et Douaïrs», tribus autochtones fondatrices de la ville. Le nouveau site, 1.500 ha, aura pour noyau fondateur du futur Oran, est une petite bourgade d'« El-Hamoul », située sur la boucle orientale de la grande Sebka, au sud-est à la limite de la grande plaine de M'lata, et constituera probablement l'embryon d'une ville résolument moderne. Au regard de la nouvelle définition de la modernité, il s'agira d'une ville intelligente, c'est-à-dire qui s'inscrit dans le développement durable. « Le projet sera programmé à moyen terme », dira le wali. Faudrait-il comprendre qu'il faudrait attendre la fin 2014 ? Il faut, effectivement du temps pour mûrir un projet de cette importance. D'abord trouver une solution pour faire disparaître la grande décharge qui occupe la plus grande partie du site. Une chose est sûre, à partir du Hamoul le paysage est grandiose au sud, face à la grande chaîne du Tessala, taciturne et mystérieuse ; l'immense Sebka au nord qui scintille de mille feux au couché du soleil et au loin, le fier Murdjadjo qui surplombe El Bahia, l'altière.