On ne fait pas de révolution avec des restes. Et plus aucun Tunisien ne veut d'une République tunisienne avec les « quarante voleurs » issus de l'ancien régime ». Les Tunisiens ont bravé le pire ennemi. Ben Ali est parti mais pas « les quarante voleurs ». Et à juste titre, la justice tunisienne a lancé un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Ben Ali et son épouse Leïla Trabelsi. L'ancien président et son épouse sont poursuivis pour «acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers» et «transferts illicites de devises à l'étranger», a annoncé le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi. Une tonne et demie d'or ont pris l'air à bord de jet privé. Dans les banques étrangères, on parle de cinq milliards de dollars comme propriété des Ben Ali. Son épouse Leïla, honnie par la population pour avoir mis le pays en coupe réglée en faisant main basse sur des pans entiers de l'économie, a également quitté le pays, à une date et pour une destination inconnues. Benhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, lui-aussi en fuite, est également visé par cette enquête ainsi que huit autres membres de la famille Trabelsi détenus en Tunisie. Il est depuis un e semaine dans la banlieue de Montréal, au Château de Vaudreuil avec toute sa suite, dénoncé par des Tunisiens qui ont manifesté leur contentement. Le gouvernement canadien vient aussi de se prononcer. La famille Trabelsi n'est pas la bienvenue au Canada. On parle même de recherche, d'étude de dossier même s'ils sont, pour le moment, qualifiés de « résidents permanents, dernière étape avant l'acquisition de la Citoyenneté canadienne. Qu'ils soient donc au Canada ou en Arabie Saoudite, les « Ben Ali and Co » sont donc recherchés. Ils font aussi l'objet d'un mandat d'arrêt international dans presque 200 pays pour dilapidation des deniers tunisiens. L'annonce dans la journée de jeudi d'un remaniement du gouvernement de transition, très décrié en raison de la mainmise de caciques de l'ancien régime aux postes-clés (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères), l'ambiance était tendue aux abords des bureaux du premier ministre, bien que les « anciens » soient pour l'instant écartés. «Nous avons une seule demande: que le gouvernement tombe, ils doivent tous partir, Ghannouchi le premier». Cela revient comme un leitmotiv sur les lèvres des Tunisiens décidés plus que jamais à aller jusqu'au bout pour que Justice leur soit rendue et pour que leur Révolution ne soit altérée. Pour que leur combat soit le combat de la Tunisie contre le chômage, le faible pouvoir d'achat, la crise du logement, la hogra et les voleurs. La révolution tunisienne fait des émules en Egypte où des manifestations anti-régime d'une ampleur sans précédent en trente ans de pouvoir du président Hosni Moubarak, ont fait au total quatre morts. Leurs organisateurs ont appelé à de nouveaux rassemblements en fin de semaine malgré l'interdiction des autorités. Le ministre tunisien de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, a annoncé que 698 personnes avaient été arrêtées pour implication dans les troubles qui ont précédé et suivi la chute de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier. Ces personnes sont soupçonnées de «sabotage, agressions et pillages», a précisé le ministre lors d'une conférence de presse.