Les travailleurs du secteur des textiles sont à la croisée des chemins. Ils ne savent plus à quelle porte frapper. Les entreprises qui les emploient sont menacées de fermeture. C'est ce que énonce la Fédération nationale du textile, affiliée à l'UGTA. Par la voix de son président M. Amar Takdjout qui a animé hier un point de presse, la fédération a pointé un doigt accusateur sur la SGP-industrie manufacturière qui a prononcé la dissolution de deux entreprises, Districh et Enaditex en l'occurrence, « pourtant considérées comme pièces maîtresses dans la chaîne intégrée des industries textiles et cuirs ». En cessation d'activité depuis mars 2008, ces deux entreprises devaient bénéficier d'un plan de restructuration. « Alors que les travailleurs espèrent regagner leurs postes de travail, le SGP décide, après deux ans, la fermeture des deux entreprises », déplore le syndicaliste tout en tirant la sonnette d'alarme indiquant que d'autres entreprises risquent de connaître le même sort. La nouvelle est tombée tel un couperet lors des négociations des conventions de branches, dira M. Takdjout. La SGP-IM aurait, selon M. Takdjout, exigé le licenciement des travailleurs. « C'est inconcevable », dit-il en rappelant que des protocoles d'accord ont été signés par le partenaire en vue de relancer les entreprises de production du secteur. « Pour accorder une augmentation salariale, il faut sacrifier des travailleurs », fera remarquer le syndicaliste tout en dressant un tableau noir de la situation qui prévaut dans le secteur. Les entreprises sont « soit fermées ou complètement déstructurées et sans perspectives ». La faute incombe, selon le syndicaliste, « à nos managers qui sont irresponsables. Leurs directives irrationnelles ont mené un secteur censé constituer une issue pour l'économie nationale par la relance des industries hors hydrocarbures vers l'impasse. L'exemple de l'Enaditex est un cas d'école en matière de non-respect des lois régissant le fonctionnement des entreprises ». Et d'ajouter : « la SGP-M est spécialisée non pas dans la relance du secteur mais dans la fermeture des entreprises. Le secteur, pour sa redynamisation, a besoin de véritables managers». Il est également question de sauvegarder les emplois, soulignant que le groupe Text-Maco, le plus important du secteur, compte 9000 travailleurs. Les deux entreprises Enaditex et Districh, qui s'étalent sur une superficie de 200.000 m2, réalisant un chiffre d'affaires annuel de 10 milliards de dinars, employaient entre 5000 et 6000 salariés. M. Takdjout ajoute que depuis l'installation de la SGP-IM en 2006, 10.000 travailleurs ont été licenciés, dont 8000 ont été indemnisés. La fédération, dira M. Takdjout, compte aller vers un bras de fer. « Nous sommes partisans du dialogue, nous avons respecté nos engagements pris dans le cadre du pacte économique et social», note-t-il sans écarter des mouvements de protestation au niveau du ministère de l'Industrie. Pour conclure, M. Takdjout feraremarquer que « la SGP a préféré verser 7 milliards de dinars pour indemniser les travailleurs licenciés au lieu de régler la dette fiscale et parafiscale du secteur de l'ordre de 6 milliards de dinars ».