Alors que la Tunisie voisine a désormais opté pour la parité de la représentation politique lors des prochaines élections du 24 juillet prochain, l'Algérie reste perplexe même dans l'application d'un sous-dimensionné système de quotas. Le chemin de la parité reste donc plein d'embûches et il reste aux femmes de s'investir politiquement pour acquérir ce droit… citoyen. En d'autres termes, le destin des femmes doit être fait par des femmes. Ces derniers temps, en vue de promouvoir et d'élargir le champ de la représentation politique de la femme, comme l'a instamment recommandé le président de la République dans son dernier discours à la Nation. Au moment où certains appuient l'application, même à titre «provisoire», de ce système afin de surmonter les obstacles entravant la participation de la femme à la vie politique par le biais des assemblées élues (commune, wilaya et parlement), d'autres voient en cela une réduction du rôle de ce partenaire principal dans le processus politique. Ces derniers estiment que la femme doit avoir accès aux listes électorales et remporter des suffrages mais il faut, pour cela, vaincre les mentalités archaïques qui la confinent dans un statut de «mineure à vie». Le juriste Chamli Yahia, professeur à l'université de Soumaa (Blida) pense que l'application du système des quotas pour les partis «est une condition sine qua non» pour élargir le champ de la représentation politique de la femme, car elle lui permet d'accéder aux assemblées élues. L'application de l'article 31 bis de la Constitution exige l'affectation d'un «quota déterminé» à la femme au sein des assemblées élues, a-t-il rappelé. Pour sa part, la juriste Nadia Ait Zay met en exergue l'importance de l'application de l'article 31 bis, par la promulgation d'une loi organique, afin d'»augmenter les chances d'accès de la femme aux assemblées élues». La juriste a aussi rappelé l'importance de recourir au système des quotas car, a-t-elle dit, ceci constitue «une étape» impérative pour réaliser l'égalité des chances pour les deux sexes, notamment au plan politique. Elle a également souligné la nécessité de renforcer le système des quotas par des «mesures provisoires» conformément à la convention internationale de lutte contre les discriminations contre la femme, rappelant que ce système est appelé à disparaître avec le temps et ce, par la consécration du principe d'égalité entre l'homme et la femme. Cependant, pour certains députés, il est inconcevable d'imposer un quota pour les partis politiques sur les listes électorales pour participer aux différentes échéances, ce qui pourrait les amener à ouvrir leurs listes à la gent féminine pour atteindre le quota exigé, sans pour autant tenir compte de leurs compétences, de leur savoir ou de leur maturité politique. A ce propos, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune avait souligné, dans un commentaire sur la loi organique dont la promulgation est prévue avant les prochaines échéances électorales, en application des mesures annoncées dans le dernier discours à la Nation du chef de l'Etat, que son parti rejetait le système des quotas, car il «ne permet pas à la femme de disposer de son avenir». Dans le même contexte, Mme Bousmaha Houaria, député PT, a indiqué que son parti «ne rejette pas seulement le système des quotas mais va plus loin en proposant que les listes des partis incluent le même nombre d'hommes et de femmes». Compétence, seul critère La compétence reste le principal critère pour le choix des meilleurs représentants du peuple au sein des assemblées élues, a-t-elle souligné, précisant que le taux de représentation féminine au sein du Parti des travailleurs est de 45%. Kamal Rezki, député FLN, a indiqué que l'application du système des quotas afin d'élargir le champ de la représentation féminine «n'était pas le seul moyen» de promouvoir la place de la femme dans le paysage politique. Il a ajouté que le taux de représentation politique féminine dans les régions rurales restait «très faible», soulignant qu'en cas d'application de ce système, il sera difficile pour les partis politiques d'atteindre le quota exigé dans les communes situées en milieu rural. Le même député a indiqué que la participation de la femme dans les différents domaines de la vie publique était un «indice» du développement du pays et de la bonne gouvernance. Le professeur Chamli estime que le contexte actuel «n'est pas favorable à la participation de la femme à la vie politique», ajoutant que l'opinion publique nationale considère que «la participation à la vie politique est un domaine réservé à l'homme». Il a souligné la nécessité d'encourager la femme algérienne à adhérer aux associations civiles afin de pouvoir, par l'exercice et l'expérience, occuper la place qui lui revient et devenir un «élément actif « au sein des partis politiques. L'Exécutif doit donner l'exemple concernant la participation féminine active, a-t-il indiqué. Le président de la République avait souligné, dans son dernier discours à la Nation, la nécessité d'élargir le champ de la représentation politique de la femme au sein des assembles élues. Le chef de l'Etat avait désigné en 2009 une commission pour l'élaboration du projet de loi organique définissant l'application de l'article 31 bis de la Constitution qui prévoit la promotion des droits politiques de la femme et l'augmentation de ses chances de représentation au sein des assembles élues. Selon les dernières statistiques, le taux de parlementaires dans le monde a atteint 18%, alors qu'au sein du parlement algérien, ce taux est de seulement 7,7 % pour l'APN et 4% pour le Conseil de la Nation.