Le patrimoine bâti «représente ce que la société a choisi de mettre hors du temps, s'agissant d'une ressource symbolique, d'une expression irremplaçable de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel», a indiqué l'universitaire, Karima Messaoudi, à l'ouverture du colloque sur la réhabilitation et la revalorisation du patrimoine bâti, «RehaBati». Ainsi donc, le patrimoine bâti, sa diversité, sa réhabilitation par des techniques spécifiques, par le savoir-faire dans sa mise en valeur et sa sauvegarde ont fait l'objet de débats lors d'un colloque international ayant réuni, lundi à Skikda, des universitaires, des chercheurs et des conférenciers nationaux et étrangers. «Si le patrimoine n'était pas pris en charge pour faire face à sa dégradation par les ans, par l'activité et l'oubli des hommes, cela peut être annonciateur du risque d'une perte irrémédiable d'une partie de l'héritage culturel et mémoriel», a-t-elle affirmé. Cette universitaire, coordinatrice scientifique de «RehaBati» a fait savoir que la wilaya de Skikda et l'université ont «allié leurs compétences et leurs volontés et œuvrent ensemble pour soutenir le défi de revigorer le vieux bâti de la ville de Skikda». Elle a rappelé le lancement, en début d'année, d'une expertise du vieux bâti de Skikda, utilisant le système d'information géographique, confiée à la direction du contrôle technique de la construction (CTC), en collaboration avec les laboratoires de l'université. M. Abdelaziz Badjadja, architecte restaurateur à Constantine, a estimé pour sa part, dans une communication sur «la mosquée Sidi-Ali El Kébir de Collo, histoire d'une restauration et d'une restauration de l'histoire», que «l'on ne peut dissocier l'action de restauration de l'histoire du lieu». Il a expliqué que la mosquée de Collo devient, au-delà de sa fonction de lieu de prière et de recueillement, «est un véritable patrimoine culturel, dont toute l'histoire est inscrite sur ses murs et dans son sous-sol». Sa réhabilitation et sa mise en valeur doivent, selon lui, tenir compte de toutes les modifications et stratifications qui ont suivi son histoire. De son côté, M. Xavier Casanova, expert en patrimoine à Barcelone (Espagne), a considéré que la régénération urbaine des villes historiques et modernes «doit s'exprimer par une façon judicieuse d'organiser et d'améliorer les cités pour répondre aux défis économiques, sociaux, environnementaux et culturels». Pour M. Casanova, les centres des villes perdent, de plus en plus, leur caractère social et culturel et se voient menacés par la fracture du monde traditionnel ainsi qu'une «tendance à l'homogénéisation culturelle mondiale qui contribue à la perte d'identité et de diversité». Cette rencontre de deux jours, organisée au palais de la Culture et des arts de Skikda par l'université du 20-Août 1955, en partenariat avec la wilaya, avec la participation d'une soixantaine de chercheurs algériens, français, espagnols, italiens, marocains et tunisiens, constitue, selon les organisateurs, un espace de réflexion, d'échanges d'expériences et de débats, entre experts, chercheurs, artisans et professionnels du bâtiment, autour de la problématique de sauvegarde du patrimoine bâti. Quatre ateliers consacrés à la mise en valeur du patrimoine bâti, aux techniques et au savoir-faire pour sa réhabilitation, aux politiques de protection et à l'approche sociale pour la revalorisation du patrimoine, ont été mis sur pied pour proposer des recommandations susceptibles d'approfondir la réflexion autour de ce thème et de suggérer des solutions.