«Tout travail de promotion du patrimoine bâti, ne peut être mené isolément par des experts du secteur», dixit Ahmed Bedjaoui Le rôle de la communication dans la préservation et la perpétuation du patri-moine culturel a été mis en exergue dans une communication donnée lundi par l'universitaire Ahmed Bedjaoui au Centre national de recherches en préhistoire, anthropologie et histoire (Cnrpah, Alger), à l'occasion de la célébration du Mois du patrimoine. «Tout travail de promotion, à des fins culturelles et non commerciales, du patrimoine bâti, ne peut être mené isolément par des experts du secteur. Seuls des réseaux comprenant les professionnels, la société civile et des journalistes engagés dans la préservation de ce patrimoine peuvent constituer une base efficace pour une communication efficace», indiquera l'intervenant, tout en ajoutant que le «patrimoine, héritage commun à un groupe social ou à une collectivité et qui est transmis de génération en génération, peut revêtir des formes très diverses: culture, histoire, langue, système de valeurs, monuments et oeuvres artistiques». «Si toutes les formes du patrimoine sont précieuses et fragiles, les expressions immatérielles qui habitent le coeur et l'esprit des hommes le sont tout particulièrement», fera souligner M.Bedjaoui, relevant que le patrimoine culturel immatériel «représente aujourd'hui un enjeu majeur dans les nouvelles façons de concevoir et de pratiquer ce qui est appelé les nouvelles muséologies». L'utilisation des nouvelles technologies est censée rendre les collections et les expositions plus interactives et plus accessibles au large public, a affirmé l'universitaire, mettant en exergue l'importance des nouvelles technologiques numériques qui, a-t-il dit, «offrent à cet égard des possibilités illimitées de captation, de conservation et de communication du patrimoine tant matériel qu'immatériel. Elles permettent à présent de fondre l'immatériel dans un matériel virtuel, d'enregistrer des savoir-faire par la vidéo numérique, de rendre les éléments intangibles visibles et de faire de la visite muséale une expérience multimédia et sensorielle», a relevé l'universitaire, citant comme exemple l'exposition consacrée, lors du 2e Festival culturel panafricain d'Alger, aux 11 chefs-d'oeuvre africains du patrimoine culturel immatériel. «La communication appliquée au patrimoine pourra aider à répondre à une question essentielle: comment mutualiser les efforts de tous pour viser un progrès humain durable qui ne soit pas instrumentalisé à des fins de développement limité au profit», a indiqué le conférencier qui a aussi évoqué l'apport de la photographie, «cet objet anthropologiquement nouveau» qui allait révolutionner notre relation «présentielle au monument». «La photographie a profondément modifié notre relation au patrimoine culturel. A partir de la fin du XXe siècle, l'image cinématographique, relayée plus tard par les vidéogrammes, a largement contribué à changer notre vision iconographique du monde», a relevé le conférencier, estimant que l'accumulation d'oeuvres filmiques ou télévisuelles «a atteint un tel niveau que le patrimoine audiovisuel est devenu un enjeu majeur de notre mémoire collective». «On peut affirmer que la notion de patrimoine culturel a vu son champ s'élargir considérablement au point d'englober les outils eux-mêmes dont la photographie, l'audiovisuel et bientôt les nouvelles technologies de la communication», a conclu M.Bedjaoui.