L'ancien secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Abdelhamid Mehri, a estimé lundi que le système politique en place depuis l'indépendance en 1962 «n'est plus opérationnel». Intervenant sur les ondes de la radio nationale, M. Mehri précise : «Le problème est que le système de gouvernement, en vigueur depuis l'indépendance, n'est plus opérationnel car il ne peut plus répondre aux exigences du présent et de l'avenir». Il ajoute que ce système «bâti et construit par nous tous, y compris ceux qui se sont confinés dans le silence, doit changer avec l'implication de tout le monde». «Tout le monde est interpellé pour le changement du régime en faveur d'un autre système plus démocratique, plus opérationnel et plus efficace, capable de résoudre les problèmes de l'Algérie et de faire face aux défis d'avenir», a expliqué M. Mehri. L'ancien ministre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et diplomate a relevé, en outre, que «les problèmes sont personnalisés, en oubliant qu'il y a un système qui dépasse de loin les agissements et les responsabilités d'une personne». «Il faut dépersonnaliser les problèmes pour voir plus loin. On a beau changé les présidents mais si l'on maintient le même système (...) on aura mis de fausses solutions à de véritables problèmes», a-t-il dit. M. Mehri a réitéré, par ailleurs, l'importance d'organiser une conférence nationale, à laquelle, a-t-il insisté, seraient conviées «toutes les opinions qui peuvent se confronter et diverger, mais qui doivent aboutir à une démarche consensuelle pour construire et parfaire la construction de l'Etat algérien». Il a ensuite déploré certaines dérives en dépit de l'ouverture politique et médiathèque de 1989. «Sur le plan des textes, nous avons un régime des plus démocratique, mais la réalité est autre», a relevé cette personnalité tout en notant l'existence d'une «partie occulte, qui gère parfois le pays et qui est l'exact contraire des textes écrits», a-t-il dit. «Il faut d'abord régler ce problème de pratique occulte du pouvoir, contraire à l'esprit démocratique, avant de réviser les lois», a-t-il suggéré. Sur le rôle attendu de l'armée, M. Mehri a indiqué qu'il ne voyait «pas d'inconvénient» à une éventuelle participation de l'armée à un débat national regroupant toutes les composantes de la population. «Le débat doit impliquer tout le monde», a insisté l'ancien responsable politique. Il s'agit de construire «une maison commune qui est l'Etat algérien, où tous le citoyens trouveront leurs droits et leurs devoirs», a-t-il encore souligné. La Constituante A une année du cinquantenaire de l'indépendance, «il est temps qu'on travaille ensemble quelles que soient nos divergences, afin de présenter au peuple un autre visage de l'Etat algérien», a encore estimé M. Mehri. Evoquant la possibilité d'aller à une Constituante, il a affirmé que celle-ci «peut s'avérer nécessaire» et que «tout dépend de l'accord politique qui résulterait des consultations. «S'il s'avère qu'il faudra passer par une Constituante, ce ne sera pas la mer à boire», a-t-il dit, ajoutant que l'»essentiel est que tous les Algériens de toutes tendances et opinions y participent». M. Mehri a dénoncé, à cet égard, les «exclusions politiques» qu'aurait pratiqué le «régime» depuis l'indépendance, lorsque «de nombreux leaders politiques ayant eu un rôle important dans la Révolution, avaient été mis à l'écart», a-t-il dit en appelant à la rupture avec cette pratique. Dans ce sillage, l'ancien responsable a cité le secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS), M. Hocine Aït Ahmed, qui pour lui reste un «leader politique capable d'apporter beaucoup à l'Algérie». Il s'est dit «heureux» de travailler avec M. Aït Ahmed, lequel a adhéré au contenu de la lettre adressé au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en février dernier, pour «un changement pacifique de système politique». «Je suis heureux de travailler avec lui. Aït Ahmed et moi-même appelons à un dialogue entre tous les responsables politiques (...), nous devons au moins donner l'exemple que nous pouvons travailler ensemble même si nous avons des appréciations différentes, c'est l'essence même de la revendication démocratique», a-t-il fait valoir. Par ailleurs, abordant la question de la liberté d'expression, il a avancé: «l'information, comme le multipartisme et les élections, on a de beaux textes, de beaux titres mais la réalité est beaucoup moins brillante». A ce sujet, M. Mehri a rappelé que lorsqu'il était ministre de la Communication, il avait «plaidé pour la liberté totale de l'information», en faisant valoir l'idée que «lorsqu'une information est vérifiée, il faut la publier quelles qu'en soient les conséquences».