B. Mahmoud Internet est un outil exceptionnel de communication et d'échanges à travers le monde. Mais c'est aussi un facteur clé de croissance et de création d'emplois dans les pays en développement, selon un nouveau rapport du Groupe de la Banque mondiale. Pour l'Algérie, qui veut substituer son économie de rente avec une économie diversifiée, il est désormais vital de se mettre au diapason des nouvelles technologies. L'accès aux services internet et de téléphonie mobile de qualité et bon marché permet le développement des économies et des sociétés à tous les niveaux, soutient ce nouveau rapport publié par le Groupe de la Banque mondiale. Intitulé «Information and Communications for Development 2009: Extending Reach and Increasing Impact» (Information et communications au service du développement: Étendre leur rayon d'action et accroître leur impact), ce rapport examine de manière approfondie les divers impacts que les technologies de l'information et des communications (TIC) ont sur la croissance économique dans les pays en développement. Il conclut notamment qu'une hausse de 10 points de pourcentage du nombre de connexions internet à haut débit s'accompagne d'un surplus de croissance économique de 1,3 point de pourcentage. Il cite également la téléphonie mobile comme étant le moyen le plus déterminant qui soit pour atteindre, en vue de leur fournir des services publics et privés, des centaines de millions d'habitants de zones rurales et isolées dans l'ensemble du monde en développement. «Le nombre d'utilisateurs de l'internet a décuplé entre 2000 et 2007 dans les pays en développement, et on y compte aujourd'hui plus de 4 milliards d'abonnés au téléphone mobile», fait observer Mohsen Khalil, directeur du Département des technologies de l'information et des communications mondiales du Groupe de la Banque. «Ces technologies offrent d'énormes possibilités. Les gouvernements peuvent travailler au côté du secteur privé pour accélérer le déploiement des réseaux à large bande, et pour en étendre l'accès aux consommateurs à faibles revenus». Plus d'efficacité La technologie à large bande sert aussi de base pour les industries de services informatiques locales, ce qui crée des emplois pour les jeunes, renforce les niveaux de productivité et les exportations, et favorise l'intégration sociale. Il y a là une opportunité en grande partie inexploitée que les pays en développement devraient saisir, moins de 15 % du marché potentiel mondial des industries de services informatiques étant effectivement utilisé aujourd'hui. Et ce marché représentait près de 500 milliards de dollars en 2007. «C'est aux pays d'encourager de manière proactive le développement des industries de services informatiques locales au moyen de politiques et d'incitations destinées aux entrepreneurs et au secteur privé, et d'investissements en matière de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructure», souligne pour sa part Christine Zhen-Wei Qiang, directrice de la publication pour ce rapport et économiste à la Banque mondiale. L'ouvrage présente par ailleurs de nouvelles données empiriques réunies dans des pays comme le Brésil, le Ghana ou l'Inde et montrant que des États modernes et technologiquement au point peuvent devenir plus efficaces, transparents et aptes à répondre aux besoins. Une enquête réalisée dans plus de 30 pays révèle que la réussite des initiatives «e-gouvernement» passe par des changements, en termes d'organisation et de comportements, qui doivent être le fruit d'un engagement politique de haut niveau et d'une coordination effective. «L'accès à la technologie à large bande vient compléter les fondations en termes d'information pour une économie moderne, et il doit être un élément prioritaire des plans de développement à l'échelon national», explique Katherine Sierra, vice-présidente pour le développement durable à la Banque. «Les gouvernements peuvent jouer un rôle essentiel pour ce qui est d'élargir cet accès par le biais de politiques et d'incitations propres à encourager la concurrence et l'investissement privé.» L'Algérie consciente Ce rapport s'appuie sur l'expérience tirée par la Banque de sa profonde implication dans ce secteur. Le Groupe de la Banque est en effet le plus gros bailleur de fonds international dans le domaine des TIC pour le développement, les projets et activités qu'il finance à ce niveau dans plus de 100 pays représentant un portefeuille de plus de 3 milliards de dollars. En Algérie le nombre des internautes est en hausse constante ces dernières années, mais pour de nombreux observateurs cette croissance de l'accès à la Toile demeure encore faible et surtout fragile. Les pouvoirs publics semblent heureusement conscients des enjeux de la vulgarisation de ce moyen de communication en témoigne le projet du e-gouvernement qui vise la création d'un monde virtuel pour tous les institutions étatiques. Parmi les progrès enregistré par l'Algérie dans ce domaine, le lancement dès ce mois de juillet du paiement par Internet de transactions commerciales au moyen de la carte à puce interbancaire (CIB). Première du genre, «cette opération permettra d'introduire un nouveau mode de paiement en Algérie et de diversifier les moyens immatériels de règlement universels, sachant que le nombre d'internautes augmente de manière significative d'année en année et que l'Internet est devenu un canal incontournable pour les grandes enseignes et ce partout dans le monde.