Yasmine Idjer La compagnie pétrolière nationale Sonatrach misait beaucoup sur les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) pour son développement. Beaucoup d'investissements ont été consentis mais les dividendes de ces projets risquent d'être contrariés par la crise économique internationale. Du moins c'est ce qui ressort de l'analyse d'un haut responsable du groupe espagnol Repsol YPF SA qui a estimé que les approvisionnements en GNL de pays comme l'Algérie, le Nigeria, la Guinée équatoriale ainsi que l'Egypte risque une baisse de plus de 70%, passant de 15 millions de mètres cubes en 2008 à 4 millions de mètres cubes l'année en cours. Au mieux, ces pays reviendront aux mêmes niveaux qu'en 2006 mais l'enlisement de la crise dans de nombreux pays industrialisés où les signes de reprise commencent à s'estomper, laisse envisager le pire. Selon ce même responsable, il va y avoir un surplus de production de GNL sur le marché mondial à court terme. La demande est en baisse. Les deux dragons asiatiques, à savoir le Japon et la Corée du Sud, ont, d'ores et déjà, réduit les achats. Résultat: les prix commencent à dégringoler. Les revenus de l'Algérie, engrangés grâce aux exportations de GNL, risque d'en pâtir. Elle occupe la quatrième position du classement des producteurs mondiaux de GNL, selon le magazine spécialisé bimensuel Pétrole et Gaz arabes. Elle est devancée par le Qatar, devenu, l'année dernière, le premier exportateur mondial de GNL avec 38,46 Gm3, suivi par la Malaisie et l'Indonésie. La rentabilité La même source précise dans sa dernière livraison que les fonds requis pour les investissements gaziers des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord seraient de 221 milliards de dollars au cours de la période 2008-2012, contre près de 200 milliards pour les projets pétroliers et 71 milliards pour les projets électriques. Sonatrach avait dépassé, l'année dernière, le seuil du milliard de mètres cubes de gaz naturel liquéfié produit depuis 1964. Le géant algérien espérait même «consolider sa position de leader dans le bassin méditerranéen et dans l'Europe, tout en renforçant sa présence sur d'autres marchés internationaux, notamment américain et asiatique». La première entreprise d'Afrique ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin et ambitionne d'avoir une part de marché conséquente mais cela sans compter sur la récession de l'économie mondiale qui s'est traduite par une décroissance substantielle de la demande. L'entreprise avait lancé un vaste programme de rénovation des quatre complexes. D'énormes investissements seront, par ailleurs, consentis dans le cadre d'un important programme de développement qui devrait se traduire, entre autres, par la réalisation de deux grands projets de production GNL. Il s'agit de deux méga-trains à Skikda et à Arzew, d'une capacité de production respectivement de 4,5 millions et de 4,7 millions de tonnes par an. La rentabilité de ces projets devient de plus en plus hypothétique du moins à moyen terme.