Mounir A.Y. Hormis quelques cadres dirigeants de la SNTF qui étaient, hier, en poste, les quelque 1.000 cheminots, tous services confondus, ont observé, hier, une journée de protestation à l'appel de leur fédération. A la gare d'Oran, tous les départs ont été annulés, à l'exception de celui de 6h40mn dans le sens Oran-Alger, grève qui a été jumelée à celui de 7h45. C'est ce que nous a appris Djamal Bechikhi, membre du bureau fédéral des cheminots qui explique qu'en raison de la fermeture des guichets, presque la moitié des voyageurs ont pris place sans billets. Notre interlocuteur estime que cette action de protestation est un premier avertissement aussi bien pour la direction générale de l'entreprise que les pouvoirs publics, d'où la nécessité d'ouvrir un débat sérieux sur les perspectives du secteur du transport ferroviaire en Algérie, d'autant que toute éventualité de privatisation a été officiellement écartée. Selon B. Bechikhi, cette question ne concerne pas seulement l'employeur, mais les pouvoirs publics qui, mettant en place un plan de développement d'envergure avec, notamment, la modernisation du réseau et l'acquisition de nouveaux trains, n'ont rien fait en matière de ressources humaines. «Sinon, comment expliquer que les effectifs, estimés au début des années 90 à quelque 18.000 agents, ne sont actuellement que 10.000. En plus en matière de recrutement, rien n'a été presque fait en ce sens», devait expliquer le syndicaliste. Concernant la décision prise pour la tenue de ce débrayage d'une journée, M. Bechikhi estime que «c'est la seule voie pour interpeller les responsables du secteur à entrevoir des solutions pour redresser une situation qui ne cesse de se dégrader, notamment les conditions de travail du personnel». Pourtant, et aux dires de ce responsable syndical, la SNTF a confié à un bureau d'étude INDEFOC une étude portant sur un plan de redressement, notamment en matière de ressources humaines, et s'articulant sur une nouvelle classification des postes de travail qui viendrait remplacer celle du statut général du travailleur (SGT), une revalorisation du poste de travail, la gestion des carrières avec des chances de promotion aussi bien en amont qu'en aval. L'étude Cette étude a conclu que pour motiver le personnel, une revalorisation salariale de 53% s'impose. Toutefois, le partenaire social n'a revendiqué, tout au long des rounds de négociations, que 25%, un niveau refusé par l'employeur et qui se limite à 12. Notre interlocuteur ira même jusqu'à dire qu'il existe un paradoxe entre le plan de développement et de modernisation du rail avec une enveloppe financière de plus de 500 milliards de dinars et la gestion des ressources humaines de la SNTF, une entreprise qui, par ses salaires, n'est plus attractive. «Peut-on intéresser un jeune ingénieur avec une rémunération de 18.000 dinars au moment où certains secteurs proposent 4 ou 5 fois plus? Comment expliquer également qu'un cadre perçoit, après 25 ans de service, un salaire de 30 à 35.000 dinars?», devait ajouter notre vis-à-vis. Par ailleurs, le syndicaliste s'élève contre le fait que la DG de la SNTF a fait volte-face concernant certaines décisions prises en commun accord telles que la mise en place d'une commission chargée de réactualiser l'étude INDEFOC avec comme objectif de mette en œuvre une nouvelle cotation des postes de travail avant la fin du mois de juin 2009 ainsi que la révision de la convention collective de la SNTF. Des perturbations Selon M. Bechikhi, «le manque manifeste de volonté affiché par la tutelle lors de la réunion tenue avec le partenaire social a été le détonateur de cette action de protestation et qui pourrait être suivie par d'autres jusqu'à ce que la DG de l'entreprise et les responsables centraux du secteur optent pour un dialogue ouvert et franc sur le devenir de ce secteur en pleine déperdition». Notre interlocuteur a précisé que le service minimum n'est pas assuré et que même les trains qui ont pris le départ tôt le matin seront immobilisés en cours de trajet comme celui devant assurer la liaison Alger-Oran qui a été bloqué à El Harrach alors que celui assurant le sens inverse a été immobilisé une première fois à Sig et serait éventuellement bloqué à Chlef où le personnel occupe la voie ferrée.