Malgré une récolte exceptionnelle de blé cette année, l'Algérie continue à importer de grandes quantités de blé. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), qui a pour mission de réguler les stocks des céréales, profite ainsi de la baisse considérable des cours du blé enregistrée sur les marchés mondiaux pour renflouer ses stocks à bas prix. Dans cette position favorable de disponibilité des stocks, l'office algérien négocie en position de force et ne veut pas acheter du blé à n'importe quel prix. Cet organisme vient, en effet, de déclarer infructueux son appel d'offres pour l'achat d'au-moins 50.000 tonnes de blé meunier d'origine optionnelle pour embarquement en novembre, lancé la semaine dernière. L'Office algérien des céréales n'a, en effet, donné aucune suite aux offres des exportateurs dans le cadre de cet appel d'offres, rapportent de traders européens. Il faut dire que les prix ont flambé et que les pays fournisseurs calculent bien ces opérations. Pour cette opération, les meilleures soumissions s'élevaient à hauteur de 213-215 dollars/tonne, coût et fret inclus, émanant principalement de la France et de l'Allemagne. La différence est de taille lorsque on sait que le dernier achat connu de l'Algérie date du mois septembre dernier et avait porté sur 300.000 tonnes de blé meunier acheté à raison de 192-192,50 dollars/tonne coût et fret. Les retards de la récolte américaine ont grandement favorisé le renchérissement sur le marché mondial, quoique, les prix restent très loin en deçà des records enregistrés en 2007 où ils ont plafonné à 800 dollars la tonne. Les prévisions d'une récolte exceptionnelle aux USA pourraient ramener les prix à leur niveau du mois de septembre 2009. Cependant, les retards dans la récolte américaine ne sont pas seuls responsables de cette hausse. Des analystes boursiers estiment que cette hausse considérable est due, aussi, à la faiblesse actuelle du dollar face à la monnaie européenne. En effet, le billet vert subit une véritable débâcle sur les marchés financiers. Depuis mars dernier, il a perdu 15% de sa valeur en taux de change effectif. Il a atteint, hier, les profondeurs avec 1,49 dollar pour un euro. Une autre variante intervient dans les coûts des exportations vers l'Algérie et non des moindres, à savoir les frais de débarquement des navires. Les craintes nourries par les armateurs et exportateurs vers l'Algérie à l'endroit des cadences de déchargement des navires vient d'être exacerbée par l'actualité du secteur portuaire dont les tares viennent d'être mises à nu conséquemment à la décision du conseil interministériel tenu le 28 juin dernier décidant le désengorgement du port d'Alger. De nouveaux appels d'offres devraient être lancés par l'OAIC qui devrait revenir aux achats dès la semaine prochaine, selon certaines sources. Les grosses récoltes américaine et canadienne, prévue à la mi-octobre, devraient favoriser une accalmie, voire une chute des prix des céréales, notamment, le maïs, le soja et le blé.