Ça flambe de partout… Le dollar canadien grimpe. Le prix du pétrole s'envole. L'or brille de plus en plus. Mais, en parallèle, on pense déjà à 2011, année qui connaîtra «très certainement», semble-t-il, une «grave pénurie des matières premières». Et dans tout cela, c'est New York qui continue à vivre les multiples soubresauts. Mais quand les États-Unis éternuent, le reste du monde s'enrhume. Poussé par la faiblesse de la monnaie américaine et la bonne performance de l'économie canadienne, le huard a gagné encore plus de trois cents la semaine dernière et un autre cent en début de semaine, aggravant les craintes, déjà nombreuses et multiples, pour les exportations, dont les États-Unis sont de loin le principal destinataire. En fin de séance, mardi, le dollar a clôturé à 96,48 cents US. C'est dire que le Canada ne se frotte pas les mains de joie. Au contraire, le pays le plus proche de l'Alaska a plutôt tendance à grogner car cela risque de freiner, ou tout au moins de ralentir, les échanges avec les Etats-Unis. Les cours du pétrole ont encore progressé en ce début de semaine à New York, à plus de 74 dollars pour le baril de référence, accentués et favorisés non seulement par le recul du dollar américain, mais aussi par des prévisions optimistes pour la demande future d'or noir. Mais cela ameute déjà le gouvernement canadien de Stephen Harper et provoque des inquiétudes un peu partout, sauf dans les pays membres de l'OPEP qui voient là une aubaine certaine. Le marché, qui oscille depuis plusieurs mois entre 65 et 75 dollars, avait déjà vainement tenté de passer le seuil psychologique des 75 dollars en août. Les prix, arrivés dans la limite supérieure des marges restreintes dans lesquelles ils évoluent depuis plusieurs mois, ont profité d'un «élan continu, et de meilleures perspectives pour la demande l'année prochaine, notamment celles de l'Opep», affirment les analystes financiers. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a, en effet, relevé ses prévisions sur la consommation mondiale de pétrole, avec une conscience de plus en plus mûre que les réserves pourraient diminuer rapidement face à la reprise économique». Cette pression est venue s'ajouter à celle causée par la chute du dollar américain, qui pousse les investisseurs à se protéger contre l'inflation en achetant des actifs tangibles. De son côté, le cours de l'or a dépassé les 1.000 dollars l'once à New York, mardi, pour la première fois depuis six mois alors que le prix de l'argent pour le contrat à même échéance est monté au plus haut depuis plus d'un an, à 16,86 dollars avant de terminer à 16,51 dollars. Et c'est surtout la faiblesse –encore une fois- de l'US dollar qui a aidé à faire grimper l'or dont le prix reste néanmoins assez loin de son dernier record enregistré en mars 2008 alors qu'il avait atteint 1034 dollars. Et d'ores et déjà, la crise financière d'aujourd'hui laisse entrevoir une «crise des matières premières», selon des spécialistes qui soulignent que «sa crise ne résultera pas d'un déséquilibre entre l'offre et la demande de matières premières, mais d'un déséquilibre dans l'offre et la demande de capitaux nécessaires pour produire les matières premières» en raison surtout des politiques protectionnistes prônées par de nombreux pays producteurs qui ne semblent pas être acquis à une coopération tous azimuts. Cette «crise des matières premières» pourrait se produire dès 2011 et se manifester à la fois par une pénurie et par une envolée des prix de l'énergie» précise-t-on. Dans cette saga des prix marquée par un jeu de yoyo par excellence, ce sont encore une fois les pays pauvres qui risquent de s'appauvrir davantage. De New York, Abdelkader DJEBBAR