La semaine dernière aura été incontestablement marquée par la poursuite de la hausse vertigineuse des cours du pétrole. En l'espace de quelques jours, le pétrole a dépassé les 126 dollars le baril. L'enchaînement des records s'annonce dans la durée. Jeudi dernier, les cours du pétrole brut avaient dépassé pour la première fois les 124 dollars à New York et les 123 dollars à Londres pour gagner 2 dollars de plus vendredi. Le seuil des 126 dollars a, en effet, été atteint à New York, quelques heures après avoir franchi celui de 125 dollars. En moins de dix jours, cette course effrénée s'est marquée par un bond de 14 dollars à New York et de 13 dollars à Londres, laissant les analystes du secteur perplexes devant cette flambée que rien ne semble pouvoir arrêter. En somme, la hausse des prix du pétrole n'a fait que s'accélérer au cours des quatre premiers mois de l'année : 100 dollars le 2 janvier, 105 dollars le 6 mars, 110 dollars le 13 mars, 120 dollars le 5 mai et plus de 126 dollars le 9 mai. Avec le calendrier, un dernier élément pourrait encore faire grimper les prix : la «driving season» -saison des grands déplacements automobiles aux Etats-Unis- approche, réclamant de plus grands volumes d'essence. En une année, les prix ont carrément doublé à New York et ont été multiplié spar 90% à Londres. A l'origine de cette ascension spectaculaire, on note de nombreux facteurs qui ne datent pas uniquement de cette année. Selon les experts, le principal ingrédient, présent dès 2002, est l'inquiétude suscitée par la croissance de la demande pétrolière dans les pays émergents, notamment en Chine, sachant que l'offre, elle, augmente moins vite : année après année, l'équilibre entre offre et demande se resserre. Il faut dire que la dernière flambée est intervenue au moment où l'on s'y attendait le moins. Et pour cause, reconstitution des stocks pétroliers américains, absence de nouvelles perturbations importantes dans de grands pays producteurs, rebond du dollar… tout, en cette fin de semaine, apparaissait plutôt de nature à faire refluer le marché de l'or noir. «C'est peut-être le sentiment que les risques subsistent, et aussi […] le sentiment que tout est possible en ce moment sur ce marché», a commenté, dubitatif, Michael Davis, de la maison de courtage Sucden. Toujours, de l'avis des spécialistes cités par les agences, ce dernier bond en avant des prix du pétrole paraît d'autant plus étonnant qu'il est déconnecté des mouvements du dollar. En effet, le billet vert, qui stagnait jeudi, avait repris nettement du terrain sur l'euro depuis quelques jours. Il évoluait à 1,5393 dollar pour un euro vers 20h15 GMT, à près de 4% du plancher historique de 1,6019 dollar pour un euro, atteint le 22 avril. Par ailleurs, «si les inquiétudes sur les approvisionnements de pétrole se sont un peu calmées, il reste encore de vives craintes de voir la production mondiale être perturbée» dans des zones importantes comme le Nigeria ou l'Iran, a ainsi pointé Bart Melek, de BMO Capital Markets. Aussi, devant une ascension si rapide des cours du pétrole, l'afflux de fonds spéculatifs, délaissant des marchés boursiers encore fragiles, était montré du doigt, un credo répété à l'envi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). «Il n'y a clairement pas de pénurie de pétrole sur le marché» et la «volatilité récente des prix est due aux événements sur les marchés financiers et à l'afflux d'argent spéculatif» vers le marché pétrolier, a réitéré Abdallah El-Baadri, secrétaire général de l'OPEP. S. I.