Le forum d'affaires algéro-turc, qui s'est tenu hier à l'hôtel Sheraton d'Alger, s'est transformé en plaidoyer pour un accord de libre-échange entre les deux pays. Un de plus ! C'est en présence du ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, que les intervenants turcs se sont donné le mot en se relayant à la tribune pour appeler au lancement des négociations autour d'un éventuel accord qui changerait la donne en terme d'échanges bilatéraux, arguent-ils. Selon le président de cette délégation, les hommes d'affaires turcs se sont déplacés en Algérie pour promouvoir les possibilités d'affaires vis-à-vis de leurs homologues algériens. Et ce n'est pas tout : «Nous sommes surtout venus pour présenter des propositions», a-t-il avoué. Selon les chiffres communiqués, le volume des échanges entre le pays d'Atatürk et le nôtre culmine actuellement à 5 milliards de dollars. Une somme qui place l'Algérie en tête des partenaires africains de la Turquie. Les domaines d'échanges sont aussi divers que variés, et les différents intervenants ont cité, entre autres secteurs d'activités, la pêche, la mécanique, la pétrochimie et la construction. Vint le moment des propositions lorsque les hommes d'affaires turcs ont clairement montré leur intention d'investir massivement dans notre pays avec un objectif affiché de 10 milliards de dollars d'échanges commerciaux d'ici 2012. Pour ce faire, les membres de la délégation turque ne se sont pas encombrés de sous-entendus ni d'autres approches allusives : «Nous appelons au lancement des négociations entre nos deux pays, pour l'avènement d'un accord de libre-échange». Un appel on ne peut plus clair en direction des autorités des deux pays. Par ailleurs, il a été question des difficultés que rencontrent les entrepreneurs turcs en Algérie. D'après eux, et malgré les facilitations que leur font miroiter leurs partenaires locaux, il y a toujours des lenteurs dans la délivrance de visas et de permis de travail pour les expatriés turcs. Le président de la délégation turque a également révélé que les banques algériennes refusaient de reconnaître les cautions bancaires de la part d'établissements financiers turcs. Résultat des courses : les entreprises turques sont obligées de recourir à des banques intermédiaires, notamment européennes. Un fait contraignant que les nombreux intervenants n'ont pas manqué de dénoncer. Les conditions de contrôle des produits en provenance de Turquie a fait, lui aussi, réagir les hommes d'affaires turcs qui, eux, estiment que leurs produits seraient trop sévèrement contrôlés par rapport aux mêmes produits importés d'autres provenances. Pour sa part, le ministre du Commerce s'est voulu rassurant en se déclarant à l'écoute des doléances des invités de l'Algérie. Il a, d'autre part, abordé la question des accords bilatéraux en «s'excusant de manière fraternelle auprès des amis turcs». Selon le ministre algérien, toutes les requêtes seront étudiées en tant voulu, c'est-à-dire en fonction du calendrier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Déroulant leurs argumentaires, les hommes d'affaires turcs en faveur d'un accord de libre-échange entre les deux pays, l'exemple de l'Egypte cité par les businessmans en étonnera plus d'un. En effet, l'expérience turque en Egypte sera présentée à plusieurs reprises comme un modèle de réussite, une redondance qui ne passera pas inaperçue pour les présents algériens. En effet, en cette période de pré-match de qualification à la Coupe du monde de football où les deux nations vont être en prises le 14 novembre prochain «cet exemple n'a sûrement pas été choisi par hasard, même si les Turcs n'auront cessé de mettre en avant le rapprochement géographique et culturel entre les deux pays» nous a indiqué dans les coulisses un invité algérien habitué à travailler avec les opérateurs turcs. Quoi qu'il en soit, l'accord en vigueur et qui officie actuellement entre les deux pays, aurait permis aux deux parties de multiplier leurs volumes d'échanges commerciaux. Une expérience qu'ils souhaitent rééditer avec l'Algérie, notant au passage que le volume des échanges est bien supérieur et beaucoup plus attrayant. A noter enfin que la délégation turque compte plus de 80 entreprises dont la majorité est spécialisée dans le BTP.