Mme Saida Benhabiles, présidente de l'association nationale d'aide à la femme rurale, a déploré mercredi à Alger le silence des institutions nationales européennes des droits de l'homme sur des situations graves d'atteintes aux droits de l'homme de peuples arabes, notamment palestinien et sahraoui. Mme Benhabiles, qui participe à la septième rencontre du dialogue euro-arabe sur les droits de l'homme dont les travaux ont débuté mardi, a estimé que les intervenants ont «occulté les vrais questions des droits de l'homme» et se sont penchés sur des aspects «superficiels». Ces institutions européennes «s'occupent de certains aspects mais ignorent les situations extrêmement importantes des droits de l'homme bafoués sans inquiétude», a dit Mme Benhabiles qui a regretté que ces institutions «se taisent» sur la situation des droits de l'homme en Palestine et au Sahara occidental, par exemple. Elle a considéré que les institutions nationales européennes des droits de l'homme «ne pèsent pas de tout leur poids (...) et se contentent de parler de la liberté de presse, des droits de la femme et du droit de vote mais, ferment les yeux lorsqu'il s'agit des droits fondamentaux à la vie et à l'autodétermination, qui figurent pourtant dans la Déclaration universelle des droits de l'homme qu'ils disent être leur première référence». Pour Mme Benhabiles, ce qui intéresse réellement les pays européens dans le monde arabe c'est «le pétrole et sa position stratégique dans une logique de partage du monde». Mme Benhabiles a, toutefois, estimé que la rencontre sur les droits de l'homme est «utile dans la mesure ou elle permet de s'exprimer et faire passer des messages», tout en regrettant que «la majorité des intervenants aient fait du +printemps arabe+ une démarche civilisationnelle et pacifique alors que l'Otan a bombardé des pays, divisé des peuples, tué des innocents et plongé ces pays dans le chaos». Dans le cadre du dialogue euro-arabe sur les droits de l'homme, les droits de l'homme en Palestine, au Sahara Occidental et en Libye, sont des «sujets tabou». Des représentants d'institutions de droits de l'homme de neuf pays prennent part à la rencontre de trois jours sur le dialogue autour des droits de l'homme entre pays arabes et européens. Il s'agit de l'Algérie, du Maroc, de l'Egypte, la Palestine, la Mauritanie, la Grèce, le Danemark, l'Allemagne et la Norvège. Par ailleurs, Mme Benhabiles a estimé que les droits de l'homme «ne se décrètent pas», mais sont une «culture à inculquer» évoquant le rôle de la société civile qui est, selon elle, «sensée défendre ces droits et être l'écho de certaines franges de la population et joindre ses efforts à ceux des institutions concernées». «La société civile devrait être la conscience des institutions politiques et des pouvoirs publics, et son premier rôle est de tirer la sonnette d'alarme sur des situations d'atteintes aux droits de l'homme, de constituer une force de proposition, et si cela a n'aboutit pas, elle devient une force de pression», a indiqué l'ancienne ministre de la Solidarité nationale.