Le Programme des Nations-unies pour l'environnement (PNUE) a mis en garde mardi à Doha contre la fonte des sous-sols arctiques gelés, le «permafrost», qui risque d'augmenter le réchauffement climatique. Dans un communiqué, le directeur général du Pnue, Achim Steiner a souligné que «le permafrost est l'une des clefs de l'avenir de notre planète», en déplorant que «son impact potentiel sur le climat, les écosystèmes et les infrastructures a été négligé pendant trop longtemps». Pour Kevin Schaefer, chercheur et auteur principal d'un rapport sur le sujet pour le Pnue, le permafrost «est déjà en train de fondre» à cause de la hausse rapide des températures dans les régions arctiques. Si cette matière organique gelée fond, elle relâche lentement tout le carbone qui y a été accumulé et ainsi «neutralisé» au fil des siècles. «Une fois que ça a commencé à fondre, le processus est irréversible», a prévenu M. Schaefer lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre de la 18è conférence de l'ONU sur le changement climatique qui se tient à Doha. Il a tenu à préciser qu'«il n'y aucun moyen d'y remettre le carbone» qui s'en est dégagé, ajoutant que «ce processus persiste durant des siècles» car la matière organique reste très froide et se décompose lentement. Or l'excès de CO2 rejeté dans l'atmosphère n'a jusqu'à présent pas été pris en compte dans les projections sur le réchauffement climatique qui font l'objet de négociations au niveau mondial. Le permafrost, également appelé «pergélisol», représente environ un quart de la surface des terres dans l'Hémisphère nord. Au niveau mondial, il renferme quelque 1.700 milliards de tonnes de carbone, soit environ le double du CO2 déjà présent dans l'atmosphère, a fait savoir le chercheur. La 18ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques s'est ouverte lundi à Doha, avec pour but de faire avancer les discussions sur la lutte contre le réchauffement et les objectifs de limitation et de réduction des gaz à effet de serre. Les travaux de cette conférence internationale se poursuivront jusqu'au 7 décembre avec la participation de quelque 190 pays, dont l'Algérie. Les participants examineront plusieurs questions déterminantes, notamment, celle liée au sort du protocole de Kyoto, dont la première période d'engagement arrivera à expiration le 31 décembre prochain. Les négociations sur un nouvel instrument juridique contraignant sur le climat à l'horizon 2015, devant entrer en vigueur en 2020, se poursuivront également à Doha.