A quelques jours de la grande conférence sur le climat de l'ONU à Doha, un nouveau rapport donne l'alerte: les efforts de la communauté internationale sont encore plus loin du compte qu'on ne le pensait pour contenir le réchauffement à 2°C et éviter un scénario catastrophe. C'est un message de grande inquiétude que nous lançons, a déclaré le secrétaire exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) Achim Steiner, lors d'une conférence de presse à Londres pour la présentation du rapport 2012. Un message relayé immédiatement par la commissaire européenne chargée du climat, Connie Hedegaard. Il est simplement incroyable de voir les risques que trop de gens sont prêts à faire peser sur les futures générations, a-t-elle souligné dans un communiqué. Selon le Pnue, si aucune mesure d'urgence n'est prise, la hausse de la température moyenne de la planète au cours du siècle sera de 3 à 5°C. L'objectif de 2° que s'est fixé la communauté internationale est le seuil au-delà duquel, selon les scientifiques, le système climatique risquerait de s'emballer avec des effets qui accélèreraient encore fortement le réchauffement. Il faudrait n'émettre plus que 44 gigatonnes (Gt) équivalent CO2 en 2020 dans l'atmosphère, contre environ 50 Gt par an aujourd'hui, pour espérer parvenir à cet objectif, rappelle le Pnue. Or même si les promesses les plus ambitieuses formulées par les différents Etats sont tenues, il y aura 8 Gt de trop, soit deux Gt de plus qu'estimé dans le précédent rapport du Pnue en 2011. La nouvelle évaluation s'explique en partie par le fait que les pays ont apporté des clarifications sur leurs promesses, comment elles doivent être interprétées en pratique, ce qui a permis d'actualiser notre évaluation, a expliqué Joeri Rogelj, l'un des auteurs du rapport. Par ailleurs, pour la première fois, le Pnue a vraiment pris en compte le problème de la double comptabilité des réductions de GES, c'est-à-dire quand deux pays incluent dans leur calcul une seule et même réduction d'émissions, par le biais de mécanismes complexes. En début de semaine, c'est la Banque Mondiale qui a commencé à sonner le tocsin, en mettant en garde contre le scénario noir d'un réchauffement de 4°C dès 2060 et la cascade de cataclysmes qui frapperaient alors les pays pauvres. Avant-hier, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) annonçait que la teneur de l'atmosphère en GES avait atteint un nouveau pic en 2011. De combien d'avertissements, verbaux et concrets, aurons-nous besoin avant d'agir?, demandait ,hier, Greenpeace. Le Pnue a tenu à souligner que l'objectif de 2°C restait atteignable, à condition de prendre des mesures rapides. Pour l'heure, le seul accord légalement contraignant est le Protocole de Kyoto, traité qui n'engage que les pays industrialisés à réduire leurs émissions de GES et dont l'acte II, devant s'appliquer dès 2013, doit être finalisé à Doha. Or ce traité ne concerne qu'un tiers des émissions globales de GES: les Etats-Unis ne l'ont jamais ratifié, des pays comme le Japon et le Canada ont décidé de ne pas s'engager pour une seconde période, et enfin, il ne s'applique pas aux grands pays émergents dont la Chine qui est devenue le premier émetteur de CO2 au monde.