Une affaire de vol de cheptel était, en fin de semaine écoulée, au menu de la Cour d'appel d'Oran. Après un périple à travers la mécanique judiciaire, ce dossier a atterri à nouveau sur cette juridiction de 2ème degré, suite à l'opposition formée par la partie accusée, quatre membres d'une même famille et trois présumés complices. Les faits remontent au 22 avril 2008 dernier. Une ferme à Oued Tlélat fut le théâtre d'un vol de 193 têtes de moutons. Le propriétaire déposa une plainte auprès de la Gendarmerie nationale. Investigations. Entre autres éléments d'information pris en considération : le chien de garde de l'étable fut tué la veille du forfait, le troupeau pris ; 90 moutons et 103 brebis, porte une marque distinctive : un signe de badigeonnage rouge. Eleveur et «consorts» se lancèrent sur les traces de leurs bêtes. Deux mois plus tard, le 9 juin, ces derniers «identifièrent» 14 têtes, présumées appartenir à leur troupeau volé, alors celles-ci étaient mises en vente dans le marché à bétail jouxtant les abattoirs municipaux d'Oran. Les maquignons, un père, ses deux fils et ses deux neveux, furent interpellés. Une perquisition fut alors opérée dans le hangar de cette famille, situé à Sfisef (Sidi Bel-Abbès). Et là, 120 autres têtes, faisant partie du butin, selon la victime, furent découvertes. Entre temps, 33 têtes ovines du même cheptel volé furent repérées, «fortuitement», sur la route entre Oued Tlélat et Arzew. Jugé en première instance par le tribunal de Oued Tlélat, le procès a donné lieu à la relaxe de tous les prévenus. Verdict contesté et par la partie civile et par le parquet, un double appel ayant été interjeté. Rejugés, par défaut, quatre accusés furent condamnés à 2 ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs et vol» et trois autres à 1 an d'emprisonnement pour «recel». Hier, ces derniers ont nié les faits. En revanche, les victimes ont réaffirmé que les moutons trouvés chez les accusés «sont bien les nôtres». Le juge, devenu, grand clerc en la matière, assènera les accusés de questions pointues : «Pourquoi avez-vous badigeonné ces moutons d'une tache bleue sur fond d'une marque rouge?», «Pourquoi vous n'avez pas tondu la laine durant la saison de tonte, la saison du printemps?», «comment expliquez-vous le bas prix, 6.100 DA la tête, par rapport aux cours du marché, avec lequel vous dites avoir acheté cette marchandise?»… Il faut dire que ce procès, qui sort de l'ordinaire, a été plusieurs fois entrecoupé d'éclats de rire ; le jargon et la gesticulation et l'accoutrement des maquignons contrastaient drôlement avec le décor d'audience. Le représentant du ministère public a requis la confirmation de la précédente sentence de la Cour d'appel, à savoir entre 2 et 1 an de prison ferme. Le verdict a été mis en délibéré.