Quelles actions l'Etat doit-il prioritairement engager pour insuffler une nouvelle dynamique à la PME Algérienne ? Comment faire face à leur mortalité ? Comment améliorer leur compétitivité et leur expansion ? Comment créer tout simplement des dizaines de milliers de PME créatrices de richesses et d'emplois, innovantes et en phase avec les logiques structurantes de la nouvelle économie fondée sur la connaissance et les réseaux de savoir ? C'est sur ces questions d'une brûlante actualité que le Conseil national économique et social (CNES) et le Conseil national consultatif pour la promotion des PME (CNC/PME) vont se plancher les prochaines semaines. Il est vrai que les différentes politiques mises en œuvre depuis quelques années ont permis, jusque-là, l'émergence d'un tissu de PME particulièrement dense au niveau de plusieurs régions du pays (Alger, Oran, Bejaia –Sétif..). Mais si l'on part de l'idée fondamentale que la PME peut être véritablement un acteur essentiel du redéploiement ou du renouveau de notre économie nationale, la consolidation de ce tissu, en vue de sa pérennité nécessite, de l'avis des experts des deux institutions, un engagement accru de la part des pouvoirs publics. Partant du principe de la «préférence nationale» consacré depuis l'avènement du gouvernement Ouyahia III, les modifications attendues devraient faciliter, notamment, l'accès des PME aux marchés publics et leur assurer un cadre juridique et économique plus protecteur. Il faut dire que cette sollicitude nouvelle des pouvoirs publics à l'égard de la PME tranche singulièrement avec les postures adoptées auparavant. La question du développement du tissu de PME est devenu, en effet, un impératif national et devait être, bien évidemment, traité comme tel. L'ultralibéralisme étant passé par là, le culte du tout marché a eu, comme tous les intégrismes, ses effets dévastateurs. Ce discours a, comme chacun sait, livré les agents économiques à des forces centrifuges qui ont toujours privilégié les activités spéculatives au détriment de la production et de la création de richesses. L'ouverture débridée de l'économie nationale et le développement effrayant de l'informel ont induit des situations qui remettent même en cause les valeurs qui fondent une économie de marché forte et compétitive. Le programme extrêmement ambitieux de relance économique et de soutien à la croissance et notamment les programmes de réalisation d'infrastructures, n'a pas bénéficié ou alors si peu aux PME nationales qui auraient pu trouver là une sérieuse opportunité d'engager un processus réel de modernisation et d'extension de leurs capacités de production. La démarche adoptée à présent se fonde, semble-t-il, sur un choix clairement assumé en faveur des industries à haute charge en matière grise et sur une insertion active de l'économie algérienne (à travers ses entreprises) dans la mondialisation. Dorénavant, l'Algérie ne veut plus postuler à être simple plate-forme de délocalisation où ses seuls avantages comparatifs seraient la matière première ou encore le coût de la force de travail. Il s'agit, dans le cas d'espèce, d'imaginer les systèmes propres à enclencher un cercle vertueux où les entreprises, les universités et les collectivités locales, dans une dynamique de complémentarité, fondent leurs logiques opérationnelles sur des processus innovants. Dans ce sens, le savoir doit être placé au cœur des stratégies comme le rappellent souvent les experts CNES ou du CNC/PME. Quoiqu'il en soit, l'expérience mondiale démontre, si besoin est, que c'est bien le dynamisme du tissu de PME qui oriente la place d'un pays émergent dans la spécialisation et dans la division internationale du travail. Il s'agit, convenons-en, d'un travail de longue haleine qui ne peut, bien évidemment, se contenter de simples discours. L'Algérie dispose, à cet effet, assez d'atouts pour faire passer à la PME algérienne ce nouveau cap qualitatif.