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Une invitation au ministre des Finances à un débat télévisé
Publié dans Le Financier le 14 - 12 - 2009

Dr Abderrahmane Mebtoul / Expert International – Economiste
Le taux de croissance horshydrocarbures de 10% annoncé par le Ministre des Finances pour 2009 -est artificiel- et ne reflète pas la réalité économique de l'Algérie, induisant en erreur l'opinion publique algérienne et le président de la République.
Dans sa récente déclaration au Conseil de la Nation le 13 décembre 2009, lors de la présentation de la loi de finances 2010, le Ministre des Finances induit en erreur l'opinion algérienne qui a une faible culture économique, mais non les institutions internationales, les journalistes et les économistes algériens avertis en déclarant, je le cite : «la croissance hors-hydrocarbures du produit intérieur brut (PIB) est de 10%», mais sans expliquer les raisons de ce taux, et sans qu'aucun sénateur ne vienne lui apporter une contradiction sur le plan scientifique. D'ailleurs, ce dernier a un impact sur le plan opératoire ; c'est-à-dire l'analyse des objectifs stratégiques de l'actuelle politique socio-économique, sa cohérence et son impact. Je voudrai rappeler à Monsieur le Ministre des Finances, étant persuadé que nos objectifs sont du même ordre, privilégier les intérêts supérieurs du pays, quelques vérités économiques élémentaires, car il s'agit de dire la vérité, rien que la vérité, loin de tout dénigrement gratuit ou de toute autosatisfaction source de névrose collective.
1- Les économistes calculent le taux de croissance comme la somme des valeurs ajoutées des différentes branches par rapport à l'année qui précède. Outre qu'il faille savoir qu'un accroissement par rapport à un taux de croissance faible de l'année précédente donne toujours en valeur relative un taux de croissance faible, même si le taux est supérieur l'année qui suit. Par ailleurs, nous savons que le taux de croissance du PIB a été officiellement de 1,6% en 2006, moins de 2% en 2007, inférieur à 3% en 2008, et selon les prévisions d'octobre 2009 du FMI à 2,1% en 2009 et 3,5% selon les prévisions du Ministre des Finances, le 13 décembre 2009, alors qu'il déclarait il y a un mois à Istanbul 3,9% et 5/6% hors-hydrocarbures. Outre qu'il s'agit de raisonner à prix constants et non à prix courants ce qui n'a aucun sens, la technique connue des économistes - triangularisation du tableau d'échange interindustriel- permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l'ensemble de l'économie et le segment hors-hydrocarbures l'est à plus de 80%. Sur le total hors- hydrocarbures de taux de croissance de 8/9%, selon le Premier Ministre, de 10% selon le Ministre des Finances, déclarations contradictoires à quelques jours d'intervalle , restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 15% du total du produit intérieur brut ( PIB) entre 2004/2008 et 20% pour 2009 tenant compte de l'accroissement de la valeur ajoutée agricole en 2009, toujours selon des facteurs exogènes : (bonne pluviométrie et non d'une bonne gestion) . Pour l'Algérie, cette performance est dérisoire comparée à la dépense publique dont les prévisions officielles 2004/2009 sont passées successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 (inclus le Sud et les Hauts plateaux) puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui sera clôturée entre 204/2009 à 200 milliards de dollars. Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développant dépensant le 1/3 de l'Algérie ont des taux de croissance plus importants. L'économie algérienne enregistre, selon les rapports internationaux, un taux de croissance inférieur à la moyenne méditerranéenne pour la période 2004/2008. Face à cette situation, la structure productive actuelle rend la croissance volatile et soumise aux chocs externes, les variations du prix du pétrole restant fortes, le prix du gaz lui étant indexé, et rendant difficile une action contra-cyclique à long terme avec un montant de la fiscalité pétrolière ces dernières années qui dépasse 70% des recettes totales. Envisagée du point de vue des échanges de biens, la position extérieure de l'Algérie reste dominée par la faiblesse inhérente à sa spécialisation dans les hydrocarbures, l'Algérie n'ayant pas de prise sur ses propres comptes extérieurs, qui ne dépendent que des cours du pétrole et du taux de change du dollar. Le PIB par habitant évolue de manière chaotique, ce qui permet une amélioration non durable, accentuée par une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité rentière) dans la lutte contre la pauvreté ou contre l'illettrisme, dont le taux demeure, malgré d'importants efforts, encore élevé.
2- Or, tenant compte de la croissance de la population active( 3,4% par an minimum) avec un flux annuel de demandes d'emplois ( 400.0000/450.000/an) , une réduction du taux de chômage actuel implique un taux de croissance selon l'avis unanime des organismes internationaux entre 7/8% sur plusieurs années cumulées, mais induit par les entreprises créatrices de richesses et non les infrastructures qui ne sont qu'un moyen, taux d'ailleurs confirmé officiellement à maintes reprises par le gouvernement algérien, pour atténuer à terme les tensions sociales. Il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d'emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité. On ne crée pas des emplois par des lois et décrets : c'est l'entreprise qui crée l'emploi. Sonatrach ne créant pas d'emplois étant déjà en sureffectifs, avec les taux de croissance 2/3%, l'on pourrait créer moins de 50% du programme de trois millions d'emplois -à moins que le gouvernement ait des solutions innovatrices- loin des actions de distribution de salaires fictifs au nom de la solidarité ou des milliers de jeunes s'adonnent temporairement à désherber les routes ou à faire et refaire des trottoirs. Donc, le vrai enjeu entre 2010/2015, est comment passer d'une économie de rente à une économie productive repris par l'entreprise et son fondement - le savoir-, afin d'enclencher une production et exportation hors-hydrocarbures, passant nécessairement par une plus grande cohérence et visibilité dans la politique économique, éviter l'instabilité juridique et donc une gouvernance rénovée.
Le risque étant de se retrouver une situation comparable aux années passées (1986-1994-1997) en cas de chute brutale des cours de pétrole avec le danger de sur-fiscaliser les activités visibles par des recouvrements excessifs de la fiscalité ordinaire pour équilibrer le budget renforçant paradoxalement la sphère informelle.
Car le grand danger, à la lumière de l'analyse de la balance de paiement document beaucoup plus fiable que la balance commerciale est ce triplement entre 2006 et 2008 du poste services qui risque de prendre la relève de l'ancien service de la dette, dépendance beaucoup plus grave, réduit grâce aux remboursements de la dette par anticipation, atteignant 11 milliards de dollars en 2008, certainement une somme équivalente ou supérieure pour 2009, selon les informations du premier semestre 2009, traduisant ce paradoxe : paiement des compétences étrangères et exode de cerveaux algériens à l'étranger étant passé des usines clefs en main à des infrastructures clefs en main sans permettre l'accumulation du savoir faire technologique et organisationnel local qui est la base d'un développement durable hors hydrocarbures.
3-Certes, l'Algérie connaît un cadre macro-économique relativement stabilisé, mais éphémère sans de profondes réformes institutionnelles comme en témoigne le retour de l'inflation et la croissance faible malgré des dépenses monétaires sans précédent, que les recettes exceptionnelles d'hydrocarbures ont permis de réduire tant l'endettement interne qu'externe du pays mais sans toucher à l'essence du mal. Or, avoir des réserves de change qui n'est pas un signe de développement , cette situation financière ayant été permise grâce au cours élevé des hydrocarbures (en rappelant que l'Algérie a environ 1% des réserves mondiales de pétrole et 3% en gaz devant donc aller vers l'épuisement ) et non pas grâce à la gouvernance interne et donc à une politique socio-économique hors rente. Aussi.
Se pose donc cette question : les grands groupes industriels que le gouvernement veut créer, après avoir assaini les entreprises publiques d'environ 40 milliards de dollars soit 3.000 milliards de dinars et encore 5 milliards de dollars entre 2009/2010 (352 milliards de dinars au cours actuel de décembre 2009 ) seront-ils compétitifs dans le cadre des valeurs internationales (coût/et surtout qualité), renvoyant à des normes de gestion modernes(combien d'entreprises privées et publiques ont-elles la comptabilité analytique ?) lorsque le dégrèvement tarifaire tendra vers zéro( 0) horizon 2014/2015, ne pouvant interdire l'importation, et actuellement l'Algérie n'exportant presque rien hormis les hydrocarbures à l'état brut ou semi-brut , les 50% de l'insignifiant 3 % d'exportation hors hydrocarbures étant constituées de déchets ferreux et semi ferreux .
Comme il y a lieu de signaler que certains « exportateurs algériens » notamment dans l'agro-alimentaire bénéficient d'une double subvention comme le blé à la fois des pays producteurs (USA- Canada- Europe) et de l'Etat algérien donc de rentes : dans ce cas l'exportation devrait être autorisée qu'en cas d'alignement des prix des matières premières sur le prix réel du marché, donc corrigés de la valeur des subventions, pour déterminer leur véritable compétitivité .
4-Aussi, Monsieur le Ministre des Finances devrait nuancer ses propos et les situer dans le véritable contexte de l'Algérie afin d'éviter à l'avenir des erreurs de politique économique dont les pertes peuvent se chiffrer en milliards de dollars US, l'objectif stratégique étant à l'avenir de s'adapter aux nouvelles mutations mondiales tenant compte à la fois du défi écologique et du nouveau modèle de consommation énergétique qui se mettra en place entre 2015/2025. Car, le taux de croissance hors-hydrocarbures annoncé par le Ministre des Finances pour 2009 est biaisé ce taux étant largement irrigué par les hydrocarbures et non par les entreprises créatrices de richesses. Par ailleurs, pour les observateurs, une question se pose : comment est-on passé soudainement et par une baguette magique de 5% à 10% en 10 mois alors que les fondamentaux de la structure économique de l'économie algérienne, l'agriculture n'expliquant pas tout, n'ayant pas fondamentalement changé, ce taux étant contredit par les tests de cohérence. Certes, l'année 20O9 a été caractérisée par une pluviométrie exceptionnelle, mais cela n'a d'ailleurs pas empêché et ce malgré la déflation au niveau mondial ( baisse des prix) une importation qui approchera à quelques 2 milliards près le montant de l'année 2008 qui s'est soldé par 40 milliards de dollars, du fait de l'ampleur de la dépense publique , les exportations hors-hydrocarbures restent plafonnées à moins de 3% du total, le taux de chômage réel n'a pas sensiblement diminué par la création d'emplois productifs et le pouvoir d'achat des algériens n'a pas augmenté.
Car avec un taux de 10% il fallait augmenter le Smig au minimum de 10.000 dinars par mois. J'invite Monsieur le Ministre à lire ou à relire avec attention les œuvres d'un des fondateur de la statistique moderne et de la théorie des jeux, l'autrichien Oskar Morgenstern , avec le célèbre économiste mathématicien John Von Neumann, qui a mis en relief cinq facteurs source de désinformation : erreurs de mesure (à la saisie, etc.), les mensonges/omissions (conventionnelles, tactiques, stratégiques, etc.), la perte d'information par agrégation et enfin les économies souterraines (activités non-déclarées, illégales ou non).
Le rôle de l'intellectuel ou du journaliste n'étant pas de produire des louanges par la soumission contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d'une distribution de la rente, mais d'émettre des idées constructives , selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société, le monologue étant suicidaire pour le pays et le dialogue permanent un outil privilégié d'une bonne gouvernance, j'invite par la même occasion Monsieur le Ministre à un débat ouvert à la télévision algérienne afin d'éclairer l'opinion publique algérienne qui a le droit d'être informée objectivement de la situation socio- économique du pays.


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