Dans l'édition 2010 du classement des entreprises africaines, 155 sociétés appartiennent à la locomotive économique du Sud du continent, contre 123 pour le Maghreb: le Maroc (75 entreprises), la Tunisie (26) et l'Algérie (22) avec le groupe Sonatrach classé première entreprise africaine, selon le classement des 500 entreprises africaines publié hier par Jeune Afrique. En 2008, en dépit de la chu-te des cours du pétrole, susceptible de la fragiliser, Sonatrach a enregistré un chiffre d'affaires de 71,4 milliards de dollars, en hausse de 5,5 % par rapport à l'exercice précédent. Le groupe public algérien est suivi par l'Angolais Sonangol (26,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires) et le Sud-africain Sasol (13,7 milliards). «L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 40 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année», avait déclaré, fin octobre, Mohamed Meziane, son PDG. Le groupe Sonatrach s'ouvre à l'international, où il veut réaliser 30 % de son chiffre d'affaires en 2015, et compte se lancer dans de nouveaux métiers en Algérie, tels que le transport aérien, les mines et les télécommunications entre autres. Le groupe algérien a «la mainmise» en tête du classement, note Jeune Afrique. Il est talonné par l'Office chérifien des phosphates (OCP), dirigé par Mustapha Terrab, qui passe de la 45ème à la 6ème place, indique la même source. Elle précise que le groupe marocain a profité de la flambée des cours du phosphate en 2007 et 2008, ce qui lui a permis de plus que doubler son chiffre d'affaires l'an passé (7,5 milliards de dollars). «L'OCP bat les groupes du Sud du continent sur leur propre terrain - le secteur minier-, où il devient le numéro un, talonné par quatre monstres sud-africains: la filiale diamantifère du holding De Beers (6,9 milliards de dollars de chiffre d'affaires), Anglo Platinum, Impala Platinum et AngloGold Ashanti», a précisé la même source. Elle s'interroge sur la résistance du groupe en 2010, malgré le repli des cours du phosphate. Le groupe OCP poursuit son programme d'investissement de 1,9 milliard de dollars sur la plate-forme mondiale, consacrée à la chimie des phosphates, de Jorf Lasfar, au Sud de Casablanca, a signalé la même source. Dans l'agroalimentaire, le groupe privé algérien Cevital d'Issad Rebrab, encadré par quatre sud-africains - Sab Miller, Tiger Brands, Pionner Foods Group et Afgri -, gagne deux places et devient ainsi le numéro un de l'agroalimentaire en Afrique, avec un chiffre d'affaires qui frôle les 1,8 milliard de dollars et vise les 2,5 milliards de dollars en 2009. Le groupe privé, né en 1998, est aussi présent dans la distribution automobile et alimentaire et possède des ambitions pour s'affirmer dans la pétrochimie, la sidérurgie, la construction automobile ou l'énergie solaire. En 2012, M. Rebrab ambitionne d'atteindre les 25.000 salariés et 5 milliards de dollars de chiffre d'affaires. À la 69ème place du Top 500 cette année, il se hisserait donc parmi les 20 premiers, à la hauteur de Vodacom South Africa, note Jeune Afrique. Le groupe Cevital est considéré par les économistes comme un modèle de réussite. Dans les télécommunications, l'Afrique du Sud domine avec cinq opérateurs aux sept premières places du secteur. Maroc Télécom gagne toutefois une place (6ème africain) et engrange les bénéfices de son développement au Sud du Sahara, à l'image de l'acquisition, en 2009, de la Sotelma au Mali pour 275 millions de dollars. Son concurrent national Méditel, lui, conserve sa position (19ème), devancé d'une courte tête par Tunisiana (17ème), indique la même source. En Algérie, Orascom Télécom Algérie, qui possédait 60% de parts de marché, ne progresse que d'une seule place (9ème). La filiale de l'égyptien Orascom Télécom paie au prix fort, avec des milliers de désabonnements, les fortes tensions entre l'Égypte et l'Algérie -suite au match de qualification- à la Coupe du monde 2010. Ainsi, l'opérateur historique Algérie Télécom (13ème) et à Wataniya Telecom Algérie, qui gagne quatre places (21ème) profiteront de cette aubaine. Dans le BTP (Bâtiment et travaux publics), l'ETRHB, premier groupe privé dans le secteur, dirigé par Ali Haddad, s'affirme comme leader. Le jeune patron de 43 ans a bâti un groupe de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. Il emploie 6.000 salariés depuis sa création, souligne Jeune Afrique, en s'appuyant sur ses deux partenaires étrangers en Algérie : Vinci et Alstom, en vue de se déployer à l'international. Autre cas similaire, sur le marché marocain de l'immobilier, Douja Promotion Groupe Addoha, numéro un du secteur, le groupe fondé par Anas Sefrioui, seconde fortune du pays, détenteur de 61 % des actions, a gagné 22 places dans le Top 500, selon le classement. À 624 millions de dollars en 2008, son chiffre d'affaires a fait un sursaut de 134 %. Au premier semestre 2009, le chiffre d'affaires libellé en dirhams a progressé de 107 % et le résultat net de près de 72 %. Le groupe marocain a bâti sa réussite sur le logement économique, pour passer ensuite dans la haute-gamme, malgré une conjoncture internationale défavorable pour le secteur. Le Groupe Addoha est coté en bourse. En Tunisie, Poulina Holding (159ème groupe africain), fondé par Abdelwahab Ben Ayed, a réalisé un chiffre d'affaires de 763 millions de dollars en 2009 pour 51 millions de bénéfice net. Depuis un an et demi, Poulina est le seul grand groupe privé tunisien coté en Bourse, selon Jeune Afrique. Une opération dont il a retiré 55 millions d'euros pour sa croissance dans la région. Si le groupe réalise toujours près de la moitié de son activité dans l'aviculture, il s'est diversifié en quarante ans. Il est actif dans l'agroalimentaire, l'industrie, la céramique, l'emballage et même l'immobilier. Outre la Tunisie, il opère en Libye, en Algérie et au Maroc, a précisé la même source. Toutefois, même si les tunisiens sont moins nombreux aux avant-postes du Top 500, ils «ont l'avantage d'avoir la fibre inter nationale bien plus développée que les marocains et, surtout, que les algériens», selon les spécialistes. Enfin, selon le périodique, le classement des 500 premières sociétés du continent, le Maghreb et l'Afrique du Sud se livrent un bras de fer pour s'assurer le leadership économique en Afrique. Les entreprises maghrébines cumulent des chiffres d'affaire par pays assez performants: Les algériennes représentent 15,5 % du chiffre d'affaires cumulé, pour 9,4 % pour les Marocaines et 2,5 % pour les Tunisiennes.