Sonatrach et Cevital figurent désormais parmi les meilleures entreprises africaines qui convoitent un positionnement dans le paysage économique mondial. Dans un rapport récent, le Boston Consulting Group (BCG), un cabinet international de conseil en management et le leader mondial du conseil en stratégie d'entreprise, identifie une quarantaine de challengers africains ayant une forte croissance et représentant 70% du PIB du continent. Les rédacteurs du rapport jugent que ces challengers symbolisent l'éveil économique de l'Afrique et s'apprêtent à entrer dans le paysage mondial. Avec une croissance moyenne de 5% par an, l'Afrique, un continent souvent sous-estimé, enregistre, depuis une dizaine d'années, selon le rapport, des résultats supérieurs à ceux de la croissance mondiale. « Bien que lui aussi touché par la crise, le continent a globalement mieux résisté et continué à croître en 2009 », peut-on lire dans le document analysant les performances des grands groupes économiques africains. Ces 40 challengers africains aspirent, selon le BCG, à renforcer leur leadership régional, mais surtout à imiter les New Global Challengers, ces entreprises chinoises, indiennes, brésiliennes ou russes, qui ont récemment profité de la globalisation pour s'imposer comme des leaders mondiaux dans leur secteur. Les challengers africains cités dans le rapport se trouvent principalement en Afrique du Sud (18 entreprises), l'Egypte (7 entreprises) et le Maroc (6 entreprises). Ils représentent également l'Algérie avec les entreprises Cevital et Sonatrach, l'Angola, le Nigeria, le Togo et la Tunisie. Si certains pays ont tiré partie de la hausse du prix des matières premières, la majorité des challengers identifiés a bénéficié d'une plus grande stabilité politique, de l'émergence du consommateur africain et du déploiement de politiques publiques encourageant l'investissement privé. « Entre 2003 et 2008, les revenus annuels de ce groupe d'entreprises ont augmenté de 24%, note le rapport dont les rédacteurs estiment qu'un investissement de 100 dollars en novembre 2000 dans un hypothétique indice des challengers africains aurait augmenté de 25% par an et valu plus de 900 dollars en novembre 2009, contre 303 dollars pour un investissement similaire dans l'indice MSCI des marchés émergents et 92 dollars pour un investissement dans l'indice boursier S&P 500 », souligne encore le BCG. Une meilleure intégration permettrait à ces challengers, estime encore le groupe, de bénéficier de l'émergence d'une nouvelle classe moyenne africaine qui, bien que se constituant plus ou moins vite selon les pays, est en train de transformer l'Afrique en l'un des marchés mondiaux les plus prometteurs. Les challengers africains devraient en tout cas commencer à intéresser les plus grandes entreprises mondiales, qu'elles soient concurrentes ou partenaires, estime encore le Boston Consulting Group. Il est à noter pour ce qui est de la méthodologie de l'étude, que BCG a examiné près de 600 entreprises dans tous les secteurs économiques. Tout d'abord, elles devaient atteindre le seuil minimal de 300 millions de dollars de revenus annuels pour les banques et 500 millions de revenus annuels pour les autres secteurs. Pour les entreprises dont le chiffre d'affaires était inférieur à un milliard de dollars, elles devaient afficher une croissance de leurs revenus à deux chiffres au cours des 5 dernières années. Environ 70 entreprises répondaient à ces critères et ont été examinées sur la base de leurs revenus, leur taux de croissance sur un an, sur 5 ans et sur 10 ans, leur cash-flow, leur ratio d'endettement et leur niveau d'internationalisation défini par les exportations, le nombre d'employés à l'étranger, les actifs étrangers et les acquisitions et partenariats internationaux. Les challengers ont été les entreprises qui démontraient la présence internationale la plus dynamique. Lorsque deux entreprises fortes d'un même pays coexistaient dans un même secteur, seul le leader était retenu, peut-on lire dans le rapport.