Le gouvernement algérien amplifie ses efforts pour stimuler l'activité commerciale et amener les commerçants non autorisés vers le circuit économique formel, grâce à une combinaison de changements législatifs et d'investissements dans l'infrastructure du commerce de détail. Ce changement participe à la volonté du pays de faire reculer le commerce de détail informel et de capter une part plus large de la consommation, celle-ci augmentant grâce à une décélération de l'inflation et à l'ouverture de nouveaux commerces. Un projet de révision de la loi de 2004 régissant le commerce de détail et connue sous le nom de Loi n°04-08, a été soumis fin juin à un examen parlementaire et propose des amendements destinés à faciliter le processus d'obtention d'une licence commerciale. Dans le cadre de ces propositions, les nouvelles sociétés seraient dispensées de déposer des comptes sociaux au Centre National du Registre Commercial la première année. De plus, les frais annuels liés au dépôt des comptes sociaux seraient déduits pour les deux premières années de leur activité. Les changements allègeraient également les restrictions qui concernent les entrepreneurs potentiels ayant un casier judiciaire, et qui souhaitent obtenir une licence commerciale. Les autorités présument que les jeunes entrepreneurs notamment, choisissent d'établir leur affaire dans le circuit informel, sachant que leur candidature serait refusée selon les lois en vigueur à l'heure actuelle, ceci à cause d'infractions passées mentionnées dans leur casier judiciaire. On s'attend à ce que les amendements proposés génèrent de nouveaux emplois, en particulier pour la jeunesse algérienne, en ramenant plus d'acteurs vers l'économie formelle. Les interdictions de licence resteront en place, en revanche, pour les violations du droit d'auteur, la contrefaçon et les transferts illégaux de capitaux internationaux. Le soutien de l'entreprenariat et des Petites et Moyennes Entreprises (PME) est partie intégrante de l'effort général de l'Etat pour réduire le taux de chômage, qui atteignait 9,7% fin 2012. Le gouvernement a également mis en place des centres de conseil aux entreprises, renforcé les garanties de crédit, et lancé des mécanismes de financement supplémentaires pour les petites entreprises. Les PME ont le potentiel de se développer dans les industries de services, et tout particulièrement dans le secteur du commerce de détail, où les établissements sans licence sont nombreux. Bien qu'il y ait peu de chiffres officiels, on estime que 40% de la population utilise le circuit informel, et plus encore en dehors des zones urbaines. D'après les médias locaux, le Ministère du Commerce a pour objectif de réduire le commerce informel de 80% en 2013. La répression a déjà conduit à 300 000 inspections de licences au premier trimestre 2013, avec une saisie de marchandises évaluée à 3 milliards de DA (29 millions d'euros). Parallèlement, l'Etat s'emploie à attirer les acteurs vers l'économie formelle en construisant 800 nouvelles installations de vente au détail à travers le pays. Il est prévu que la plupart soient des marchés de proximité qui proposeront des produits alimentaires et d'autres biens de consommation courante. Diminuer le volume des activités commerciales non autorisées pourrait aider à attirer plus d'investissement étranger dans le secteur. En 2009, le détaillant français Carrefour s'est retiré d'un projet de construction d'un centre commercial de 140 000 mètres carrés à Alger, invoquant comme raison de ce retrait le développement grandissant du commerce informel et des droit a l'importation élevés. Malgré ce revers, le partenaire local, Arcofina Holdings, a repris la construction du site, le Centre Commercial Ardis, qui a ouvert en juillet 2012. Alors que les promoteurs de centres commerciaux font face a différentes difficultés telles que les problèmes de disponibilité de terrains dans les zones urbaines ; d'autres projets sont en cours, comme la construction, menée par la Société de Centres Commerciaux d'Algérie, d'un centre commercial à Oran, coûtant 440 millions d'euros. La société immobilière, détenue à 46% par la société de gestion d'actifs suisse Valartis Group, a aussi dirigé récemment la construction du Bab Ezzouar à Alger, deuxième plus grand centre commercial du Maghreb après le Morocco Mall à Casablanca. Les efforts fournis pour enrayer le commerce de détail informel iront dans le sens des attentes des acteurs de l'industrie, même si les vendeurs non autorisés sont susceptibles de garder une emprise importante au niveau local. En outre, le gouvernement sera particulièrement attentif aux retombées auxquelles il pourrait faire face s'il supprime les revenus des vendeurs indépendants qui travaillent dans le circuit économique informel avec des moyens limités. En leur offrant l'opportunité de rejoindre le secteur formel, il compte parvenir à un équilibre qui sera bénéfique sur le long terme.