La tripartite gouvernement-patronat – syndicat s'est ouverte jeudi sous la présidence de Abdelmalek Sellal. Ce quinzième conclave très attendu, revêtait un caractère particulier. Et pour cause ! les signaux d'alarme commençaient à être émis, non pas uniquement par les formations syndicales mais aussi par le gouvernement qui n'a cessé de rappeler la nécessité de « reprendre en main » l'économie nationale.. M. Sellal a relevé que lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l'Etat avait beaucoup insisté sur la mise en place des conditions de réussite de cette rencontre qui signera le début d'une «nouvelle phase» dans la mise en place d'une économie nationale «prospère et compétitive». S'adressant à l'assistance, il a indiqué que le président de la République l'avait chargé de leur transmettre un message selon lequel l'Etat, à travers la dépense publique, a doté le pays d'infrastructures «dignes des pays développés». «Des bases solides pour des industries de grandes dimensions sont là, qu'il s'agisse de routes et autoroutes, chemins de fer, ponts et aéroports, électricité, ressources naturelles, ressources humaines», a affirmé M. Sellal pour qui l'Algérie «dispose d'un potentiel d'investissement parmi les plus importants du pourtour euro-méditerranéen». Le Premier ministre a fait observer, en outre, que le gouvernement est «conscient» des «entraves et obstacles qui freinent les projets d'investissements», assurant que les efforts seront «intensifiés» pour «combattre la bureaucratie, les passe-droits et simplifier les procédures». «L'Etat a une mission vaste et complexe pour impulser un nouveau type de développement économique et social», a-t-il mentionné, considérant que la concertation avec l'ensemble des acteurs concernés demeure le «meilleur garant» pour une bonne gouvernance économique. De nouvelles missions pour l'ANDI «Nous avons déjà pris quelques dispositions à l'adresse de l'ANDI. Il y a un projet de statut qui est en cours de discussions pour permettre à ses cadres d'accomplir leur rôle au mieux», a affirmé M. Sellal. Cette agence, un établissement public administratif (EPA), devrait avoir dans le cadre de sa modernisation, le statut d'un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) ou autre, a expliqué le Premier ministre qui répondait à des propositions formulées par les organisations patronales. «Il est impératif de faire en sorte que l'ANDI soit un outil réel de développement» de l'investissement en Algérie, a encore indiqué M. Sellal, qui a ajouté qu'elle «ne doit pas se comporter comme un guichet bureaucratique». Evoquant, justement, le problème de bureaucratie dans l'administration, il a tenu à affirmer que cette pratique ouvre souvent la porte à la corruption. «Il faut qu'on se le dise, derrière tout acte bureaucratique, c'est une recherche de corruption. C'est un fonds de commerce de corruption qu'on veut créer», a dit le Premier ministre. Soulignant la volonté des pouvoirs publics pour mettre un terme à cette pratique préjudiciable à l'économie entre autres, M. Sellal a indiqué que la création, dans le cadre du remaniement ministériel de septembre, d'un ministère chargé de la réforme du service public obéit à cette volonté Le CREDOC ne sera pas remis en cause, mais allégé «On ne remettra jamais on cause le CREDOC, mais on l'allègera» en y apportant «plus de souplesse et on veillera à mieux contrôler nos importations», a affirmé M. Sellal. Pour le Premier ministre, «il n'est pas question d'importer n'importe quoi en Algérie ou que certains (opérateurs) trichent dans leurs opérations d'importation de biens». Le CREDOC sera donc maintenu pour un meilleur contrôle des importations de l'Algérie. «Nous n'interdirons rien aux Algériens, mais nous contrôlerons sévèrement nos importations», a-t-il insisté sur ce point. Evoquant la règle 51/49% relative aux investissements étrangers, M. Sellal a indiqué que cette règle, bien que contestée par certains opérateurs, «a protégé l'économie nationale et continuera à le faire». Il a cité, à cet effet, la reprise par l'Etat de 51% du capital du complexe sidérurgique d'El Hadjar «sans payer un dinar». «Le complexe d'El Hadjar risquait de disparaître définitivement si on n'avait pas agi ainsi», a-t-il dit, ajoutant que certaines unités de ce fleuron de l'industrie sidérurgique algérienne sont à l'arrêt à l'image du haut fourneau, qui ne pourrait pas reprendre service avant mi novembre en raison de l'absence d'investissements pour son entretien. Par ailleurs, le Premier ministre a appelé les entreprises publiques à «envisager des partenariats avec les entreprises leaders dans leur domaine», assurant la disponibilité de l'Etat pour les aider à concrétiser cet objectif et à élargir leur marge de manœuvre et autonomie avec une forte sécurisation des cadres. «Nous veillerons fortement à la sécurisation des cadres mais j'attends d'eux, dans un acte de confiance mutuelle, une plus grande implication et mobilisation» pour contribuer à la relance du secteur industriel national, a-t-il lancé. Faire de la réindustrialisation un moteur d'une croissance forte «La réindustrialisation de l'Algérie doit être obligatoirement le moteur d'une croissance forte et saine qui nous permettra de créer de la richesse et notamment de l'emploi durable et participer ainsi au PIB, au moins, à hauteur de 10%» » a déclaré Sellal à l'ouverture des travaux de la tripartite. Selon le chef de l'exécutif, cet objectif que s'est assigné le gouvernement constitue «la seule manière de valoriser le potentiel industriel du pays pour pouvoir créer la richesse et l'emploi durable qui sont les garants de la prospérité». Reconnaissant que cette mission dont l'ensemble des acteurs économiques sont investis est «difficile et complexe», le Premier ministre a estimé que «c'est à ce seul prix que nous pourrons effectivement sortir de ce cercle infernal de la dépendance des hydrocarbures». Tout en regrettant que l'Algérie, au jour d'aujourd'hui, «ne crée pas suffisamment de richesse et d'emplois» et que ceux existants «sont crées surtout par la dépense publique», M. Sellal a affirmé que «cela ne peut plus continuer». Le Premier ministre a, ainsi mis l'accent sur l'importance de «doter le pays d'une industrie moderne et compétitive pour une meilleure diversification des exportations et réduire les importations». Pour le chef de l'exécutif, l'enjeu majeur pour l'Algérie est de «disposer d'une économie nationale diversifiée qui répond à la demande intérieure et de s'insérer dans les échanges internationaux». Il a estimé qu'»'une économie autocentrée n'est pas du tout viable dans le contexte actuel», plaidant pour l'élaboration d'une nouvelle politique industrielle qui doit «obligatoirement rompre avec certains choix», notamment celui de «la focalisation sur le marché local, avec cette démarche de charger les entreprises publiques de l'essentiel de l'investissement industriel et de s'interdire de maintenir les entreprises sous l'emprise de l'administration». Le Premier ministre a préconisé une politique axée sur l'encouragement de l'émergence «de champions économiques», notamment dans certaines filières et qui constitueront les fers de lance des exportations algériennes pour pénétrer le marché international. Réitérant la volonté de l'Etat à soutenir les entreprises créatrices de richesses et d'emplois (publiques ou privées), M. Sellal a affirmé que le gouvernement est prêt à «multiplier par deux le taux des crédits à l'économie accordés aux entreprises privées».