L'affaire de la Coopérative agricole régionale spécialisée en culture industrielle (CARSCI) d'Annaba, revient à la surface. Selon le journal électronique TSA, depuis quelques jours, la justice a rouvert ce dossier. Cette affaire avait éclaté, rappelons-le, en septembre 2009, suite à une plainte déposée par le wali d'Annaba, Mohamed Ghazi, contre des membres de l'ancien conseil de gérance de cette coopérative. La direction des Services agricoles «DSA» de cette wilaya et les services des domaines ont suivi la même démarche. Ils ont déposé contre les membres de cette coopérative une plainte pour : «dilapidation, détournements et abus de biens sociaux». La DSA n'était pas à sa première plainte, selon la même source. Elle avait déposé des plaintes similaires en 2008. Mais elles sont restées sans suite. M. Ayat, directeur des Services agricoles de la wilaya d'Annaba, a déclaré à ce propos : «nous avons effectivement relevé de graves irrégularités dans la gestion de la CARSCI. D'un commun accord avec la wilaya et la direction des domaines, nous avons déposé une plainte. L'enquête est en cours. Je ne peux rien dire de plus». Cette affaire a connu un nouveau rebondissement en 2009, suite à l'élection d'un nouveau conseil de gérance dont les membres ont découvert que la presque totalité du patrimoine de la CARSI a été «dilapidé». Au début des années 1980, le patrimoine de la CARSCI a été estimé à plus de 20 milliards de dinars. Aujourd'hui, beaucoup de ces biens auraient été vendus, loués ou offerts sous forme de dons -dans des conditions douteuses- qui font l'objet d'enquêtes de la Gendarmerie nationale et la Brigade économique de la Sûreté nationale d'Annaba. Les deux dernières opérations en date, concernent la location de la conserverie de Bouteldja à des Turcs et la cession à un privé d'une villa, propriété des domaines, jouxtant le terminal des taxis inter-wilaya de Sidi Brahim (Annaba). L'absence de contrôle externe des activités de cette coopérative aurait facilité la cession ou la location, à des prix bradés, des terrains agricoles, du foncier, du bâti existant, engins agricoles et d'assainissement, équipements d'entretien et de maintenance. Cette coopérative est, précisons-le, la propriété de l'Etat. Elle a été attribuée en jouissance depuis des années au profit de 4.000 agriculteurs adhérents. Elle dispose d'un patrimoine très important, constitué notamment de milliers d'hectares de terres agricoles, d'un parc mobilier et immobilier, d'unités de production et transformation des produits agricoles, d'engins agricoles et de transport en commun, d'équipements d'entretien et de maintenance, d'usinage, de locaux commerciaux, villas et autres bâtiments de soins médicaux, de conservation et d'entreposage. La Tabacoop de Sidi Brahim (Annaba) avec ses 14 hectares, ses unités de transformation de tomate industrielle, oléicole, avicole, égraineuse de coton, ses hangars immenses, locaux commerciaux et administratifs, sa piscine, terrains de sport et de loisirs, fait partie de la coopérative qui dispose de biens à Annaba et El Tarf, hérités de la période coloniale. La mise à sac du patrimoine de cette coopérative a fait perdre de l'emploi à au moins 50.000 travailleurs entre 2001 à 2009. Après la «liquidation» de la CARSCI, les mêmes membres du conseil de gérance se sont retrouvés à la tête de la Coopérative agricole spécialisée en irrigation et en construction (CASIAC). Elle connaîtra le même sort. Le contenu du procès-verbal de réunion du conseil de gérance daté du 26 janvier 2002 portant décision de dissolution de la CASIAC, en est révélateur. Seul signataire de ce document qui ne précise pas la présence d'autres membres, le président est désigné liquidateur avec de larges prérogatives et honoraires loyaux.