L'envolée spectaculaire des prix de produits de large consommation a poussé finalement le gouvernement à réagir. Un nouveau dispositif de régulation sera mis en place avant l'avènement du mois de Ramadan prévu cette année pour le début du mois d'août 2010. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a révélé hier que le gouvernement envisage d'élaborer une corbeille de 15 produits de large consommation soumise à un plafonnement des prix. «Mon grand souhait est d'avoir une corbeille de 15 produits de large consommation qui intéressent les ménages. Nous fixerons des prix plafonnes de ces produits au-delà duquel le gouvernement devra agir. Si les hausses sont justifiées, nous allons procéder à la suppression des droits de douanes et de la TVA. Si au contraire ces hausses sont une conséquence de la spéculation, nous allons recourir à la force de la loi pour réguler les prix», a affirmé hier matin El Hachemi Djaâboub sur les ondes de la chaîne III. Cette corbeille des produits de large consommation concerne, selon le ministre, les légumes secs, la semoule, le pain, le lait, le sucre, le café et le thé. L'Etat va plafonner les prix de ces produits de large consommation en fixant un «juste prix» qui ne doit pas être dépassé par les commerçants. «Nous avons constaté que les gens abusent. Nous n'allons pas fixer les prix de façon arbitraire, mais avec la concertation des différents intervenants du secteur», précise-t-il. Le ministre regrette le «profitage» de quelques agents du secteur qui usent de moyens détournés pour enflammer les prix de produits de large consommation causant ainsi une saignée du pouvoir d'achat des citoyens. Pour le ministre, cette intervention du gouvernement n'est pas un retour vers le socialisme, mais tout simplement une initiative pour mieux lutter contre la spéculation. Le dispositif de régulation des prix repose sur deux projets de lois endossés la semaine dernière par le conseil des ministres. Il s'agit de la loi sur la concurrence et celle de la pratique commerciale élaborées par le gouvernement sur instruction faite le 26 août dernier du président de la République. Le dispositif pour la régulation des prix repose sur trois principaux instruments où il s'agira de plafonner, de fixer ou d'homologuer les prix de certains produits de première nécessité. L'article 5 de la loi sur la concurrence en vigueur stipule que les prix et les marges sont libres et déterminés par la libre concurrence. Le gouvernement peut toutefois intervenir pour fixer les prix de certains produits de large consommation. Le texte amendé retient le principe des prix libres, mais tout en attribuant à l'Etat le droit d'élargir son champ d'intervention à d'autres produits, dont la hausse des prix est injustifiée. Outre le plafonnement des prix des produits de large consommation, l'Etat pourra recourir à d'autres leviers pour maintenir ces prix au seuil fixé, notamment en procédant à l'importation, ou encore à la suppression des droits de douanes et de la TVA. Et pour consolider ces mesures, le gouvernement va procéder à l'amendement de la loi relative aux pratiques commerciales. Les amendements portent sur l'aggravation des sanctions contre les commerçants enfreignant les dispositions de la loi sur la concurrence. Cette dernière prévoit des amendes allant jusqu'à dix millions de dinars et le retrait du registre du commerce en cas de récidive. En outre, elle stipule que le commerçant sera mis dans l'obligation de répercuter la baisse des cours mondiaux d'un produit sur le prix de cession au consommateur. Elle sera suivie d'une autre mesure devant permettre de répercuter la suppression des droits de douanes sur les prix de vente. L'Etat pourra également intervenir sur certains produits en homologuant leurs prix, comme pour ceux du médicament, et cela à travers la réglementation des marges des grossistes, des distributeurs ainsi que des détaillants. Revenant sur l'envolée du prix du sucre, le ministre estime que prix pratiqué actuellement qui tourne autour de 95 et 100 dinars est un «prix justifié» par la hausse spectaculaire de ce produit sur le marché international. Le prix du sucre a connu une augmentation de 118% à la bourse de Londres. Le prix d'acquisition du sucre sur le marché mondial a influé sur celui du marché local. L'Algérie importe annuellement 1,2 million de tonnes de sucre pour une facture de 520 millions de dollars. «Il n'y pas actuellement d'abus pour le prix du sucre, mais si cette tendance haussière se poursuit, le gouvernement va intervenir pour réguler le prix du sucre», soutient-t-il. Interrogé sur la chute libre des exportations algériennes durant l'année 2009, le ministre incombe cette situation à la suspension «provisoire» de l'exportation des pâtes alimentaires et des déchets ferreux et non-ferreux. Les exportations hors-hydrocarbures ont ainsi chuté de moitié durant la seule année 2009. Le manque à gagner est estimé à un milliard de dinars.